Le Parti socialiste a enjoint mercredi la députée de Marseille Sylvie Andrieux de se mettre provisoirement en congé du parti après sa condamnation mercredi à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour détournements de fonds publics. Le tribunal correctionnel de Marseille a également infligé à l'élue PS, qui a fait appel, une amende de 100.000 euros et cinq ans d'inéligibilité. Elle a été reconnue coupable d'avoir fait verser environ 740.000 euros d'argent public à des associations fictives de sa circonscription pour obtenir les voix d'électeurs entre 2005 et 2008, lorsqu'elle était vice-présidente du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Harlem Désir, Premier secrétaire du PS, lui a aussitôt demandé de se mettre "en congé du parti le temps de la procédure en appel." "Si elle ne le faisait pas, je proposerais au Bureau national sa suspension, le temps de la procédure d'appel, comme le prévoit la charte éthique adoptée au congrès du PS de Toulouse en cas de condamnation en première instance pour des faits aussi graves", a-t-il dit à la presse. Mais pour la présidente du Front national, Marine Le Pen, Sylvie Andrieux doit aussi avoir "la décence minimum de démissionner de son mandat de députée". Le procureur avait requis deux ans de prison avec sursis, 50.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité à l'encontre de l'élue PS. "DECISION INJUSTE", DIT ANDRIEUX Dans un communiqué, Sylvie Andrieux qualifie de "décision injuste" le jugement du tribunal et annonce qu'elle fait appel. "Je n'ai commis aucun des faits qui me sont reprochés et je vais consacrer toute mon énergie à en faire la démonstration devant la cour d'appel", déclare-t-elle. Des peines allant de 30 mois de prison ferme à six mois avec sursis ont été prononcées à l'encontre des 21 autres prévenus qui ont comparu à ses côtés au mois de mars. "Cette décision est une reconnaissance des faits. Elle montre que la région a été escroquée, c'est une décision satisfaisante", a estimé Gilles Gauer, l'avocat du conseil régional. La cour a également accordé à l'institution 716.593 euros de dommages, que les prévenus devront solidairement verser en réparation du préjudice subi. Durant les trois semaines d'audience, Sylvie Andrieux s'est défendue d'avoir tiré profit des subventions accordées par la collectivité. Fidèle à son système de défense depuis le début de l'instruction, elle s'est tout au long du procès défaussée sur l'action des fonctionnaires et a minimisé son pouvoir réel face à la puissance administrative. La condamnation de Sylvie Andrieux fait suite à celle, mardi, à 30.000 euros d'amende pour abus de bien social de l'ancien député socialiste et maire de Liévin (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Kucheida. Lundi, s'ouvrira devant le tribunal correctionnel de Béthune (Pas-de-Calais) le procès de Gérard Dalongeville, ancien maire PS d'Hénin-Beaumont, fief de Marine Le Pen, pour faux, usage de faux, détournements de fonds et fausses factures. Pour la dirigeante du FN, qui entend placer "le grand ménage des subventions publiques" au centre de sa campagne des municipales de 2014, le PS est "embourbé ici et là dans une multitude d'affaires qui mettent en cause la moralité de nombre de ses élus et responsables locaux".