L'autorité militaire se dote d'une force aérienne dissuasive et s'inscrit dans une nouvelle approche dans les enjeux stratégiques de l'heure. En foulant le tarmac de l'aéroport militaire de Biskra, la majorité des journalistes s'est ruée vers les Ecureuil, ces hélicos de combat qui ne le sont plus. Non armés, ces avions servent au transport des VIP, à la reconnaissance et aux missions humanitaires de sauvetage et de secours. Qu'importe, le ciel de Biskra était, avant-hier, taché de points qui grossissaient au fur et à mesure qu'ils s'approchaient du sol. Ce sont les MI-24V, les MI-17, tous deux armés, qui font la parade à l'occasion du 9e anniversaire du 1er Régiment d'hélicoptère de combat (RHC). Créé le 1er mars 1994 par décret présidentiel, le 1er RHC s'est doté aujourd'hui d'un arsenal de guerre dissuasif et de moyens technologiques de très haute qualité. Constitué, à l'origine, d'escadrons réunis des quelques régions militaires qui en disposaient, le 1er RHC se trouve aujourd'hui avec une flotte aérienne dont les MI-24, MI-25 et MI-17, constituent le fer de lance. Dans son ordre du jour, lu par le commandant de base de Biskra, le commandant des forces aériennes, le général-major Mohamed Benslimani, a insisté sur l'impératif de «se doter d'un système d'avions de combat de grande performance, allié à un système d'hommes performants». Les responsables militaires ont insisté, tout au long de cette journée commémorative et qui se voulait aussi un moyen de passer des messages clairs, sur le caractère dissuasif de la flotte aérienne algérienne. Selon eux, les missions dévolues à ces hélicos sont l'appui (aux opérations terrestres), la lutte antichar, la reconnaissance et les manoeuvres. Les missions humanitaires (sauvetage et secours) sont aussi des rôles qui incombent au 1er RHC, qui agit dans une vaste zone aride qui s'étend jusqu'en Afrique subsaharienne. Tout au long de leur communication, il a été question de la nécessité de «faire évoluer les hélicoptères de combat algériens, afin de réduire au minimum la faiblesse des opérations nocturnes et de maîtriser au maximum le rendement tactique des hélicos». Toute cette stratégie procède du souci «d'améliorer les unités de combat algériennes et d'en accroître les capacités organisationnelles». Après les visites effectuées à Bousfer, Beni Mered et Boufarik, celle de Biskra consacre l'avancée du «marketing militaire» dont les messages ne visent pas uniquement l'opinion nationale, via la presse, mais aussi et surtout, les grandes institutions politiques et militaires africaines et internationales, telles que l'UA et l'Otan ou encore l'ONU. Le temps semble révolu où l'ANP jouait la défensive contre des petites ONG qui la harcelaient de toutes parts. A la faveur d'une embellie sécuritaire, qui s'est peu à peu installée dans les grandes villes, l'ANP démontre, aujourd'hui, ses capacités de combat, de dissuasion et d'aide humanitaire et semble faire un clin d'oeil à l'Otan. C'est ce qui se détache avec le plus d'évidence des propos des responsables militaires, qui ont, durant ces dernières années, insisté sur le rôle qui pourrait être dévolu à l'Algérie, et qu'elle peut elle-même tenir «dans le cadre du maintien de la paix, soit au niveau régional, soit au niveau de pays étrangers, en s'insérant des forces combinées d'autres pays». Etre une force régionale crédible et performante, voilà un quitus pour avoir les faveurs des grandes institutions politiques et militaires internationales. Car, derrière, du moins jusqu'à un certain point, il n'existe pas encore une force qui pourrait constituer un pôle géostratégique de la trempe de celui auquel l'Algérie tend.