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Entre passion et massacre
PÊCHE EN EAU DOUCE À BOUIRA
Publié dans L'Expression le 30 - 07 - 2011

L'opportunité est aussi saisie par certains commerçants qui se sont vite spécialisés dans la vente du matériel.
La réalisation de trois barrages dans la wilaya de Bouira est à l'origine de l'émergence d'une activité et d'un loisir celui de la pêche. Jusqu'à, il y a quelques années, les mordus de ce sport aquatique se rendaient à Aïn Zada, wilaya de Sétif, à El Oumaria, wilaya de Médéa, au port de Zemmouri ou au barrage de Draâ El Mizan... en quête d'une prise. L'opportunité est aussi saisie par certains commerçants qui se sont vite spécialisés dans la vente du matériel. Fini l'époque d'une canne en roseau munie d'un bout de fil. L'ère est aux moulinets, aux cannes télescopiques, aux cannes pleines. Il s'agit de tout une arsenal qui est proposé au pêcheur. Même si les espèces introduites dans ces espaces restent très limitées, carpe, gardon, anguille, barbeau... sur 46 espèces de poissons d'eau douce, il existe une vraie opportunité pour dynamiser une activité sportive et de loisir.
Les objectifs diffèrent, mais la passion est la même
Organisés en équipes souvent basées sur des affinités mais toutes éprises de cette passion, les jeunes montent la pression en annonçant ça et là des prises record. L'adage qui dit que le pêcheur et le chasseur sont les plus grands menteurs est confirmé même si certains tentent de prouver l'exploit avec des photos prises avec les portables. Si pour les passionnés comme Hamid, Malik qui, chaque année rentrent au pays pour pêcher, pour Rabah... l'essentiel demeure l'ambiance qui entoure les déplacements et les longues journées passées sur les bords des barrages ou de la mer, pour d'autres, la pêche reste une ressource pour gagner quelques sous. Des groupes venant de Sidi Aïssa par exemple ont campé des mois sur les rives du barrage Lakhal à Aïn Bessem pour s'adonner à un véritable massacre d'une espèce «la carpe argentée» plus communément appelée par les profanes «grande bouche».
Un autre groupe originaire de Lakhdaria ira jusqu'à utiliser les filets pour exterminer ce poisson qu'on revend sur les étals moyennant 200 à 300 DA la pièce.
Rabah «Chengata», Malik «Sarko»... la pêche dans le sang
Ni la chaleur ni le soleil n'arrivent à décourager les plus téméraires.
La décision est prise et c'est le barrage de Oued Lakhal qui est choisi. Pour la circonstance et eu égard à la diversité des espèces qui vivent dans ce barrage, l'équipe a prévu des hameçons voleurs.
La pêche à la traîne consiste à placer en bout de ligne trois grands hameçons soudés en triangle. Le pêcheur lance sa ligne au milieu d'un banc et donne des coups brusques pour ferrer le poisson. Sur place, un membre, à l'aide de jumelles ausculte le plan d'eau pour repérer la bande.
A la différence des autres techniques, la traîne amène le pêcheur à sillonner le barrage et à se déplacer d'un lieu à un autre.
L'attente peut durer des heures et les passionnés peuvent retourner bredouilles. Quand un poisson est ferré, la bataille dure plusieurs minutes et c'est là le vrai plaisir.
La concurrence est à son comble surtout que Hamid «Lekbaïli» connu pour son humour, vient de ferrer une pièce d'une dizaine de kilos.
A côté de lui, Rachid «La poisse», Rabah «Chengata», Malik «Sarko», prient le ciel pour qu'il la perde. Dans ce groupe, chacun a un surnom. Devant le succès de Hamid «Le petit», c'est l'humiliation pour Rachid qui laisse ses moulinets et va chercher une pastèque dans le champ qui surplombe le barrage. Malik court vers sa canne plantée sur le bord, il a une touche, la clochette fixée sur la canne s'emballe; calmement pour ne pas attirer l'attention de ses comparses, il ferre. Après quelques minutes il tire un petit gardon de quelques grammes. Quand il le remet à l'eau, Hamid fait son commentaire:
«Ouach rana fi Chasse et pêche sur TF1?». L'heure de rentrer approche et ni Rachid ni Rabah n'ont encore rien attrapé. Hamid saisit une nouvelle fois l'occasion pour les ridiculiser avec ses remarques et surtout les taquiner.
Le prochain déplacement aura pour destination le barrage Tilesdit à l'est du chef-lieu de wilaya, le lieu de pêche s'appelle El Ach Ou Falcou. Des informations annoncent des prises d'anguilles de 2 à 4 kilos. La pêche au coup est sans aucun doute la technique la plus pratiquée, surtout à la belle saison. C'est par cette technique que beaucoup de pêcheurs, parfois très jeunes, ont débuté leur apprentissage. Cette pêche est statique, pratiquée sur une zone préparée par un amorçage préalable afin de regrouper les poissons sur le coup.
Le surf casting, appellation anglaise de la technique, consiste à envoyer une ligne de fond, lestée par un plomb de 50 à 200 g puis à attendre la touche. Sur ce site de la commune de Bechloul, c'est l'anguille qui est recherchée. Le matin, notre groupe ira déterrer des vers de terre.
La carpe, cyprinus carpiode de la famille des cyprinidés, se pêche avec une canne à anneaux de 3,60 m ou 3,90 m. De nombreuses techniques sont utilisées, mais la plus fréquente est sans doute la pêche sur le fond (là précisément où la carpe se nourrit). Maïs, pain, vers, boulettes sont appréciés par ce poisson méfiant.
Les lignes de fond et les moulinets fixes sont préparés. Ahmed «Fergou», lui, préfère la canne munie d'un bouchon. La pêche à la ligne de fond est plus reposante. Les pêcheurs lancent les lignes et attendent parfois des heures durant. L'inconvénient, c'est le petit poisson qui ne cesse de toucher et de perturber la quiétude du groupe. Les moustiques en abondance se mêlent à l'histoire et finissent par énerver «Chengata» qui allume un feu pour attirer les bestioles et avoir un moment de repos.
Le massacre de la carpe argentée
La carpe argentée a été introduite dans le barrage de Aïn Bessem pour le nettoyer et oxygéner l'eau. Elle vit en groupe et se déplace en bande. L'unique technique de sa pêche reste la traîne. En laissant faire certains braconniers, l'administration du barrage a participé à un réel massacre. L'utilisation d'un filet à petites mailles dans un espace aussi restreint s'apparente à une volonté d'exterminer cette espèce. En un été le nombre s'est réduit de façon considérable.
L'année dernière et cette année le poisson s'est raréfié au grand dam des passionnés qui n'ont plus l'occasion de combattre des spécimens qui atteignent parfois plus de 6 kilos.
En autorisant l'utilisation des filets, les responsables ont participé à une destruction sans précédent de tout un écosystème. Quand on sait que les eaux du barrage Lakhal alimentent la ville de Aïn Bessem, on confirme la mauvaise foi de certains qui, pour de l'argent, on anéanti une espèce utile. Ce massacre est accéléré par l'inexistence d'une quelconque réglementation semblable à celle qui prévaut dans les pays développés.
La pêche qui reste un sport et un loisir mérite qu'on pose des bases et des lois qui préserveraient et le poisson et les passionnés.
La disponibilité du matériel, la multiplication des sites avec la réalisation des barrages sont deux facteurs qui peuvent développer une activité qui, il y a quelques années, intéressait les vieux mais qui attire aujourd'hui de plus en plus les jeunes.
La wilaya de Bouira qui compte trois grands barrages ne compte aucune association en mesure d'organiser la chasse et la pêche. Si pour la première passion, l'argument sécuritaire reste un frein, rien n'interdit l'émergence d'associations pour préserver la nature tout en satisfaisant une passion qu'est la pêche.


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