Les grossistes imputent leur acte aux importateurs, ces derniers ne sont visibles que lorsqu'ils revendiquent les allègements fiscaux au détriment du Trésor public. «Ce qui vient de se réaliser est terrible, à quelques heures du mois de piété, les commerçants sont devenus comme des fauves sans pitié», a déploré Abderrahmane Benabid, ajoutant que «la frénésie de la hausse des prix a gagné tous les marchés d'Oran». Que ce soit à El Hamri, Maraval, Gambetta ou encore à la Bastille et Mdina Jedida, les marchands de produits alimentaires et ceux des fruits et légumes sont passés à l'acte tandis que les bouchers ont affûté leurs armes bien avant. Où sont donc passés les services devant juguler la spéculation? A Oran, tous les coups sont permis. En effet, en l'espace d'un temps très court, les prix de plusieurs produits alimentaires ont connu une hausse vertigineuse. Les légumes ont été les premiers à connaître la flambée. Le prix de la pomme de terre est affiché à 50 DA le kilo, alors que dans un passé récent, elle était cédée à 35 DA/kg. Idem pour les carottes qui ont grimpé à 70 dinars alors qu'elles étaient à 40 DA/kg la semaine dernière. L'ail est fixé à 280 DA le kilogramme tandis que la salade verte est cédée à 80 DA/kg. Le prix des pois chiches s'est envolé à 170 DA tandis que celui des lentilles, varie entre 130 et 150 DA/kg. L'huile alimentaire a atteint 100 DA/litre que l'Etat avait fixé son prix à 90 DA/litre. Autant de questions posées et peu de réponses apportées. Selon les détaillants, l'augmentation des prix a été décidée par les grossistes. Ces derniers s'en lavent les mains en imputant leur décision aux importateurs. Ces derniers ne sont visibles et joignables que lorsqu'ils revendiquent les allègements fiscaux au détriment du Trésor public. Les viandes de toutes nature ont changé de tarif. Le kilogramme de viande rouge cédé récemment à 700 DA est passé à 1000 dinars. Le poulet a repris ses plumes en s'affichant à 800 DA dans les rôtisseries chics de Maraval contre 700 DA chez les rôtisseurs de la Bastille. Le poisson du pauvre, la sardine, a été vendue hier à 200 DA/kg après qu'elle eut coûté pendant plusieurs jours 100 DA. Les associations de protection du consommateur observent un silence total tandis que les petits ménages continuent à subir les sévices des commerçants de la conjoncture. «À peine sortis de la douche froide de la saison estivale et de ses exigences, nous voilà obligés de subir un autre déluge, le moins que l'on puisse dire, glacial», a regretté, d'un ton amer, Mohamed Bendehache. Et ce dernier d'ajouter: «Nous ne pouvons plus assumer toutes ces charges vu toutes ces hausses.» Sur sa lancée, il s'est demandé, d'un ton amer si «le ministre du Commerce sera heureux de nous voir observer, pendant de longues heures, d'infernales queues devant les restos du coeur subventionnés par son camarade de la Solidarité.» Dans les bureaux de la direction du commerce, les règles du jeu reviennent comme un leitmotiv tandis que les petites décisions pouvant rassurer les consommateurs sont renvoyées à une date ultérieure. Le peu d'explications qui glissent sont focalisées autour de la mission principale des services du contrôle, laquelle est limitée à suivre de près les produits soutenus par l'Etat comme la semoule, la farine, l'huile, le sucre, le lait et le pain. «Le marché est libre et indépendant comme dans la jungle». «Les prix sont fixés par l'équation de l'offre et de la demande», se contente-t-on de dire sans plus de détails, bien que plusieurs milliers d'employés de la Fonction publique soient, eux aussi, concernés et sévèrement touchés par les dernières augmentations.