L'esplanade de la Concorde civile qui, l'année passée, a accueilli des troupes participant au Festival africain d'Alger, est cette année déserte Les nuits ramadhanesques se suivent et se ressemblent à Bouira. En effet et depuis le premier jour de ce mois sacré, les habitants de Bouira déambulent à travers les artères de la ville à la recherche d'un soupçon de fraîcheur et de repos après de longues journées de jeûne et de canicule. L'esplanade de la Concorde civile qui, l'année passée, a accueilli des troupes participantes au Festival africain d'Alger est cette année déserte. Comme pour chasser les gens, même l'éclairage public de cette placette est éteint, tout comme celui de la Maison de la culture qui le jouxte. Les quelques familles qui continuent à sortir se dirigent vers le boulevard de la wilaya. Les crémeries et les rôtisseries, récemment mises en service, ne désemplissent pas. Des jeunes se sont accrochés à l'opportunité d'aménager des tables et vendre des friandises, du thé et bien sûr des cigarettes. Aucun mal à ça sauf le nombre de jeunes qui rallient ces lieux juste après le ftour! Venant des villages alentour, souvent à bord de motos ou par bus loués, ces jeunes squattent les boulevard et dérangent les familles. La présence policière est certes dissuasive, mais elle reste insuffisante puisque le nombre de familles qui empruntent cet axe diminue chaque nuit. Le square, qui est de l'autre côté du siège de la wilaya, connaît aussi le même engouement. Les jeunes dictent leur loi en occupant les sièges laissant des mères de famille debout... «Oui, ces comportements relèvent de l'éducation de ces jeunes. La faute n'incombe pas aux familles qui restent les seules victimes de cette façon de faire», s'inquiète un père de famille sorti faire un tour avec ses filles. En ce mois de Ramadhan, la direction de la culture de Bouira avait pourtant l'habitude d'organiser des activités pour attirer ces jeunes et leur donner une occasion de se défouler et de laisser les autres espaces aux familles. La direction de la culture actuelle et, au risque de le répéter, n'est pas à la hauteur des espoirs de toute une population. Au sixième jour les structures de ce département restent étrangement fermées tout comme celles de la direction des établissements de la jeunesse à travers la wilaya. Même le festival de Tikjda qui, pour sa première édition, avait semé un grand espoir, est passé inaperçu, dans une organisation chaotique et avec un plateau très réduit. Quand on sait les impacts de la réussite des éditions expérimentales et de la première, on devine à qui profite cette situation. Comme nous l'avions rapporté dans une précédente édition, la culture à Bouira est un enjeu édicté par la multitude ethnique qui domine dans cette wilaya. Certains ont voulu toujours laisser Bouira dépendante de la wilaya mère, qui croit avoir l'exclusivité sur l'identité culturelle. Ce sont ces manipulateurs qui sont derrière le limogeage de l'ancien directeur de la culture qui les a défiés sur leur terrain, Tikjda, le Djurdjura. La situation que connaît Bouira cette année est une copie conforme de Béjaïa l'année dernière. La capitale des Hammadites connaît un Ramadhan des plus actifs, les articles de notre ami Arezki Slimani en sont une preuve. Les Bouiris continueront à jeûner la journée, à s'enfermer la nuit.