Il écrit depuis plusieurs années, mais il n'a cessé de peaufiner ses écrits pour les rendre plus proches possibles de la perfection. Yahia Yanès vient d'éditer aux éditions Richa Elsam, de Drâa Ben Khedda, son premier livre. Il s'agit d'un recueil de contes intitulés Timucuha n temnadt n Leqbayel ou Contes berbères de Kabylie. Il a fallu plusieurs années pour que Yahia Yanès partage enfin ses expériences dans l'écriture mais aussi dans la recherche dans le domaine amazigh. Yahia Yanès a opté pour la patience car tout ce qui est fait avec passion ne doit pas être otage de la précipitation. Il écrit depuis plusieurs années, mais n'a cessé de peaufiner ses écrits pour les rendre plus proches possibles de la perfection. Surtout en ce qui concerne le travail de transcription de tamazight qui a souvent posé problème quand il s'agit du livre amazigh. Dans le cas de Yahia Yanès, fort heureusement, le travail de transcription a été bien mené. Ce qui explique d'ailleurs que les élèves et les enseignants de tamazight n'ont pas hésité à s'en servir en guise d'outil pour les cours. Le livre que propose Yahia Yanès au lecteur est constitué de trente-six contes, tous recueillis dans la région de Kabylie. Il s'agit de textes débordant de sagesse et d'enseignements qui ont le mérite d'avoir résisté à la tornade de la technologie et de la mondialisation. Le mérite, c'est aussi celui de Yahia Yanès qui a eu le réflexe de travailler sur un aspect des plus vivants de la culture kabyle ancienne grâce auquel la langue amazighe a pu survivre. Mais aussi la culture véhiculée par cette langue faite de spiritualité et d'enseignements sur la vie qui auront du mal à résister au monde matérialiste et d'apparence dans lequel nous vivons aujourd'hui. Yahia Yanes, qui évolue dans le monde de la culture amazighe depuis toujours, a dédié son livre à trois hommes de culture. Le premier est l'historien grec Hérodote, surnommé le père de l'Histoire. L'auteur souligne que d'après Mouloud Mammeri, cet historien a été le premier à avoir écrit l'histoire des Berbères. Vingt siècles après, Ibn Khaldoun lui emboîte le pas. C'est d'ailleurs le deuxième historien auquel le livre est dédié. Puis, vient Mouloud Mammeri. Citer ces trois auteurs n'est pas un hasard pour lui. Ce dernier a appris énormément sur ses origines en lisant leurs ouvrages. Et son livre de contes kabyles est né sans doute, en partie, grâce à la prise de conscience provoquée par ces lectures. Pas moins de sept poèmes écrits en tamazight sont contenus dans le livre en question, où l'auteur évoque ces trois piliers de la culture. Yahia Yanès reprend même des citations empreintes de sagesse de l'historien Hérodote, telles que: «Mieux vaut subir la moitié des maux auquels on s'attend que de rester dans l'apathie par crainte de ce qui pourrait advenir». Ou encore: «Donnez tout pouvoir à l'homme le plus vertueux qui soit, vous le verrez bientôt changer d'attitude.» L'objectif de Yahia Yanès en surfant sur les citations de Hérodote est de faire découvrir ce dernier aux Berbères d'Algérie qui le méconnaissent. Yahia Yanès a activé dans plusieurs associations culturelles berbères. Il a été parmi les premiers enseignants de tamazight après son introduction dans le système éducatif en 1995, suite à l'année du boycott scolaire et universitaire de 1994-1995. Son amour indéfectible pour la langue amazighe et pour le livre font qu'il ne rate aucun rendez-vous culturel amazigh ou inhérent au livre depuis des années. Il publiera dans les semaines à venir deux autres livres.