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Une vie debout
ROGER GARAUDY
Publié dans L'Expression le 18 - 06 - 2012

[«L'homme du dialogue des civilisations»]«L'homme du dialogue des civilisations»
«Le règne de Faust a pris fin en mai 1968: l'homme croit de moins en moins que le bonheur s'identifie avec la puissance et la possession. Son projet de bonheur est de moins en moins lié à la promesse de Descartes d'une «science qui nous rend maîtres et possesseurs de la nature». Ses rêves ou ses projets de bonheur sont de plus en plus liés à un art de vivre de nouveaux rapports avec la nature, avec les autres hommes, avec l'avenir et le transcendant.» Le bonheur selon Garaudy
Roger Garaudy est mort le 14 juin 2012. Militant infatigable, chef de file des intellectuels communistes français, puis converti à l'Islam, Roger Garaudy est décédé à l'âge de 98 ans. De stature imposante, lunettes épaisses, regard droit, élégant et fier d'un accent méridional, il fut considéré comme «l'homme du dialogue des civilisations». Il se définissait comme un «Don Quichotte» luttant contre les «moulins à vent» capitalistes. Mais il fut aussi un homme d'appareil. Au sein du Parti communiste auquel il adhéra à 20 ans, et dont il fut exclu en 1970.
Au bureau politique, il était surnommé «le Cardinal» à la fois pour son sens de l'autorité et son attirance pour l'Eglise. Il fut, des décennies durant, prisé des milieux intellectuels et des médias français pour son oeuvre philosophique et son courage politique. En 1982, il s'est converti à l'Islam sous le prénom de «Raja'a» (l'Espérance). Son livre, «Les Mythes fondateurs de la politique israélienne», fit de lui un paria dans le monde politico-médiatique.. Dans ce livre, il évoquait «le mythe des six millions de juifs exterminés, devenu un dogme justifiant toutes les exactions de l'Etat d'Israël en Palestine». Un sujet tabou en France. Il est interné trente mois de 1940 à 1943, dans le camp de concentration vichyste de Djelfa, en Algérie. Il échappe à la faim, à la typhoïde et à l'exécution, sauvé in extremis par des musulmans ibadites. (1)
La diabolisation pour avoir dénoncé le sionisme
A partir de 1996, Roger Garaudy fait parler de lui par des prises de position qualifiées de «négationnistes» par ses détracteurs. «Les Mythes fondateurs de la politique israélienne,» qui est publié en 1995, Roger Garaudy fait un distinguo net entre le judaïsme respectable et le sionisme et une idéologie, le sionisme. Il fut l'objet d'un véritable lynchage. Il fut diabolisé, mis à l'index, notamment après la loi Gayssot sur les peines encourues pour ceux qui doutent des crimes de masse des juifs appelés Shoah. En 1998, au terme de cinq arrêts distincts, la Cour d'appel de Paris le condamna pour contestation de crimes contre l'humanité, et provocation à la haine raciale, à 9 mois d'emprisonnement avec sursis et une forte amende.
L'abbé Pierre eut le courage de porter témoignage en sa faveur. Nous lisons sa lettre: «(...) Ton livre le plus récent m'est parvenu alors que j'étais vraiment à bout de forces pour d'autres tâches pressantes. (...) De ton nouveau livre, il m'est impossible de parler avec tous les soins que réclament, non seulement son sujet fondamental, mais aussi l'étonnante et éclatante érudition, scrupuleuse, sur laquelle chaque propos se fonde, comme j'ai pu le constater en le parcourant. Autour de moi, quelques personnes dont les exigences et la compétence sont grandes et qui l'ont entièrement lu me disaient l'importance de ce qu'elles en ont reçu. Il faut tout faire, et je m'y emploie, pour que bientôt des historiens vrais, de la même passion du vrai qui est la tienne, s'attachent à en débattre avec toi. Les insultes contre toi que j'ai pu connaître (jusque dans un quotidien que j'estime le plus pour son habituelle objectivité), qui t'ont accablé de toutes parts sont déshonorantes pour ceux qui, comme à la légère, t'en accablent.» (2)
Poursuivant plus loin, l'abbé Pierre décrit son effroi à la lecture du Livre de Josué: «(...) Sur toi et ta vie, peu de mots suffisent. Tu es un de ces hommes qui ne cessera jamais, jusqu'au face-à-face avec l'Infini Amour, d'être tourmenté d'une dévorante faim d'Absolu. (...) Tout a commencé, pour moi, dans le choc horrible qui m'a saisi lorsqu'après des années d'études théologiques, reprenant pour mon compte un peu d'études bibliques, j'ai découvert le livre de Josué. Déjà un trouble très grave m'avait saisi en voyant, peu avant, Moïse apportant des «Tables de la loi» qui enfin disaient: «Tu ne tueras pas, voyant le Veau d'or, ordonner le massacre de 3 000 gens de son peuple. Mais avec Josué je découvrais (certes contés des siècles après l'événement), comment se réalisa une véritable «Shoah» sur toute vie existant sur la «Terre promise». La violence ne détruit-elle pas tout fondement de la Promesse? (...) Mais cette Alliance porte-t-elle encore sur ce coin du monde seulement (que l'on peut et doit encore appeler, non «terre promise», mais «terre sainte», couverte de crimes mais aussi de saints prophètes? (...) Je t'en prie, retiens de ces lignes presque illisibles que nous lirons ensemble au téléphone, la force et la fidélité de mon affectueuse estime et de mon respect pour l'énorme travail de ton nouveau livre. Le confondre avec ce qui fut appelé «révisionnisme» est une imposture et véritable calomnie d'inconscients. Ton frère, abbé Pierre» (2)
Roger Garaudy l'humaniste, le penseur et le croyant
Chantal Dupille avec un zèle de bénédictin a compilé les contributions nombreuses variées et éclectiques de Roger Garaudy. Nous allons en citer quelques-unes: «J'aime la mort, écrit Garaudy, du même amour que la vie. Parce qu'elles ne font qu'un. La mort - j'entends la mort naturelle, après une longue vie de travail et d'amour - n'est pas une limite, une négation de la vie. Elle donne, au contraire, à la vie sa signification la plus haute. Ma propre mort est un rappel constant que mon projet n'est pas un projet individuel. Je ne suis un homme que si je participe à un projet qui me dépasse... Tout ce que j'ai pu créer, par mon travail, ma pensée, mon amour, s'est inscrit et pour toujours dans la création continuée de l'homme par l'homme. A partir du moment où cette participation à la création est brisée, j'ai cessé d'être un vivant, même si une technique médicale absurdement devenue une fin en soi me maintient pour un temps encore dans un état végétatif.» (3)(4)
A l'échelle du monde...
Les désastres du néolibéralisme
Il y a trente ans déjà, Garaudy nous mettait en garde contre les lois du marché «Au lieu de considérer l'actuelle logique économique de Maastricht, de l'Euro, et de l'économie de marché, comme un destin, il s'agit de rompre avec cette logique, c'est-à-dire passer de la logique de la spéculation à la logique de la production et de la création humaines à l'échelle du monde total et non d'une Europe, hier coloniale et aujourd'hui vassale, mais toujours usurière par son exploitation des dettes d'un monde qu'elle a sous-développé au profit de son propre développement déshumanisé.» (3)(5)
«De nouveaux rapports avec la nature qui ne soient plus des rapports de conquérants mais d'amoureux (..) Pour que se produise enfin, sur notre planète en péril, un changement radical d'orientation de nos sociétés, il ne suffit pas de réformes économiques et sociales, ni même de révolutions et de transferts de pouvoir. Pour opérer une radicale mutation, il faut un véritable soulèvement spirituel, un réveil global de conscience...
L'éducation, de ce point de vue, a pour fin première la libération et la culture de l'imagination. Il n'est pas d'éducation plus révolutionnaire que celle qui tend à faire prendre conscience à l'enfant que le monde n'est pas une réalité donnée, toute faite, mais une oeuvre à créer, comme une oeuvre d'art.» (3) (6) «Nous souffrons, écrit Garaudy, de vivre dans un monde sans but Ce qu'on appelle la politique de croissance est une politique pour laquelle le fonctionnement de la machine est le but. Même si c'est une machine inutile, nuisible, ou mortelle. (...) Il ne s'agit pas d'arrêter la croissance mais de l'orienter pour qu'elle serve non l'abaissement de l'homme mais son épanouissement. Le marché capitaliste a recréé la jungle animale. Dans cette nouvelle jungle, les forts dévorent les faibles: les grandes entreprises écrasent les petites, les sans-propriété sont à la merci des possédants. (...) Dans les pays capitalistes, l'homme est mutilé par cette triple aliénation de l'avoir, du pouvoir et du savoir. Les pays dits «socialistes» (à l'exception de la Chine) ont adopté le même modèle de croissance, la même coupure individualiste de l'homme, la même coupure entre dirigeants et dirigés.
La prétendue «aide au Tiers-Monde», au lieu d'instituer un véritable «dialogue des civilisations» pour définir ensemble les orientations de l'avenir, tend à intégrer les pays autrefois colonisés au modèle occidental de croissance aveugle qui maintient et aggrave le inégalités entre les classes comme entre les nations.» (3)
Les sens de la vie et le rejet de tous les intégrismes
«Nous voulons que notre vie ait un sens, écrit encore Garaudy dans sa vision oecuménique des religions, notre histoire un but. Nous voulons que chacun de nous participe à la découverte de ce sens, à la réalisation de ce but. Il n'est pas possible d'amender le système par des réformes partielles. Il faut en changer radicalement les principes et les structures.
Abolir le capitalisme en son principe même, c'est combattre l'économie de marché, c'est-à-dire une économie fondée sur le profit de quelques-uns, l'exploitation des multitudes, le massacre de la nature considérée comme un réservoir et un dépotoir, la dégradation de l'homme, exploité comme travailleur, manipulé comme consommateur. En finir avec toutes les survivances du colonialisme c'est engager avec les non-Occidentaux un véritable dialogue des civilisations pour apprendre de leur culture d'autres rapports avec la nature qui ne soient plus seulement techniques mais vitaux, d'autres rapports sociaux qui ne soient ni totalitaires ni individualistes mais communautaires.» (3)(7)(8)
«Dans son dernier livre, écrit Michel Grodent, le philosophe s'en prend à tous les intégrismes. A quatre-vingt-deux ans, Roger Garaudy n'a rien perdu de sa combativité. Il n'a renoncé ni à Marx - ni à l'islam - à ne pas confondre avec l'islamisme. Son dernier livre a des accents prophétiques. Garaudy constate la décadence dans laquelle nous sommes: (...) Le responsable a pour nom «monothéisme de marché». (..) Il ne faut pas se tromper de cible, prévient-il. Quand leurs intérêts financiers ou pétroliers ne sont pas en jeu, beaucoup d'Etat occidentaux acceptent, au nom de la sacro-sainte raison d'Etat, de traiter avec des régimes musulmans non démocratiques. Au besoin, ils les aideront même à mater des rébellions, comme on l'a vu en 1979. (..) Le fondamentalisme est une réponse, incorrecte, dommageable, à un autre fondamentalisme qui est celui du colonialisme occidental. Et Garaudy de mettre en balance deux prétentions, intégristes, à posséder la vérité et à l'imposer à la terre entière. La version occidentale est économiste et abrutissante. Elle a pour véhicule favori la «télévision-poubelle», manipulatrice des opinions publiques.


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