Algérie United! Rim-K et ses amis du groupe 113 étaient les invités de Khaïmetkoum, chez Djezzy, la semaine dernière où ils ont enflammé le public avec leurs morceaux tantôt entraînants tantôt revendicatifs, entre rap, musique kabyle ou raï fusion. Retour sur une carrière en dents de scie et confessions intimes d'un enfant du bled en visite chez ses tontons... L'Expression: Rim-K, cela fait quoi de se produire la veille de l'Aïd en Algérie devant votre public algérien, à chaud comme ça? Rim-K:Ce sera que des souvenirs magnifiques que je vais retenir. De toute façon, le public algérien m'a toujours fait un super accueil. Nous, on venait dans une période où il n' y avait pas beaucoup de concerts en Algérie. On venait dans les années 2000. On sortait de la crise algérienne que l'on connaît. Les artistes avaient peur de venir et nous, malgré tout, on venait et on a toujours eu un super accueil. C'est mon pays, donc je suis doublement fier. Vous êtes de Béjaïa je crois Oui, exactement... D'où le fait peut-être que vous ayez mis beaucoup de musique kabyle ce soir, notamment Allaoua qui est sur votre dernier album.. Bien sûr, parce que je sais qu'il y a beaucoup d'habitants de la communauté kabyle qui sont présents à Alger. Et c'est aussi pour leur rendre hommage parce que je sais qu'ils sont nombreux à Alger et puis les Kabyles c'est un peu la minorité de l'Algérie et moi j'essaye de les représenter un petit peu. Même si on est nombreux, on n'est pas représenté comme il le faut. Vous venez de sortir cette année un nouvel album qui s'appelle Maghreb United. J'étais étonné de ne pas vous entendre clamer ce slogan qui vous est pourtant cher en France. A la place, vous avez dit plusieurs fois, Algérie United. Parcequ'on est en Algérie. En France, on vit dans la mixité, dans le mélange. Quand on arrive en France tu n'es pas Algérien, tunisien ou marocain, tu es considéré comme un Arabe. Donc en France, on a appris à s 'unir entre nous, à effacer nos différences. C'est pour cela que je fais des projets comme Maghreb United. Même dans ces pays respectifs, il y a des divisons parce que l'autre est Chleuh, l'autre est Sétifien, un autre est Oranais... c'est pour cela que ce soir j'ai dit beaucoup Algérie United. Pour leur dire qu'on est tous des frères.. On a vu que ce slogan ne date pas de cet album mais on le retrouve aussi dans le morceau Partir loin, chanté avec Reda Taliani. C'est aussi une notion très chère à Jamel Debbouze. Oui, bien sûr, oui comme je vous le disais, nous en France, il n' y a pas de différence. Il n' y a pas tu es algérien et l'autre marocain, pour eux, on est des Arabes. Forcément. Qui s'assemble se ressemble. Donc nous, on ne fait pas de différence, on suit. Les Marocains respectent beaucoup l'Algérie et les Tunisiens également parce qu'ils savent que nous avons une histoire difficile aussi parce qu'on n'est pas un pays quelconque. Dans votre album Maghreb United vous avez enregistré pas mal de duos avec des raïmans, notamment Reda Taliani ou Kader Japonais, a contrario de vos précédents albums où le rap était plus harcorde. Pourquoi ce changement? Parce que la musique de chez nous est magnifique déjà. Et c'est la musique de mon enfance. J'ai envie d'expérimenter de nouvelles choses, de changer un peu ma musique. J'ai 15 ans de carrière. J'ai commencé très jeune. En France, tout ce qu'on a voulu faire on l'a fait el- hamdoulilah. On a eu des récompenses, des Victoires de la musique, des Disques d'or. Aujourd'hui, mon combat principal est de représenter les miens et la musique de chez moi. Vous avez bien dit, tout à l'heure, que votre morceau qui représente bien votre état d'esprit et celui du groupe est Prince de la ville. Pourriez-vous nous expliquer cela? C'est donc votre message? Oui, bien sûr. C'est le message qui me tient à coeur. Moi je viens d'une famille de 15 personnes.. On a dormi à cinq, six personnes dans une seule pièce. Je viens des quartiers difficiles de France et malgré tout j'ai réussi à m'en sortir et c'est ce que j'explique aux jeunes d'aujourd'hui. Si les gens comme moi ont réussi, n'importe qui d'entre nous le peut aussi. Si tu veux être le prince de ta ville, faut juste le vouloir. Même si on n'a pas les moyens. Vous dites «faut être puissant, malin, ambitieux, parfois vicieux...» de quelle façon? Faut pas se laisser avoir. Car souvent on nous fait croire que c'est pas possible. Quand tu dis Inchallah, tout est possible. Il y a un très bon titre dans votre album avec un rappeur algérien, hélas, méconnu. Il s'agit de Médine... C'est un jeune qui a une plus courte carrière que moi mais qui représente beaucoup l'Algérie et qui a des messages de revendications. On collabore ensemble. J'apprécie son travail et il me respecte beaucoup. C'est un frère. Un mot pour les Algériens à l'occasion de l'Aïd Déjà, je souhaite une très bonne fête de l'Aïd à tout le monde. Petits et grands et beaucoup d'ambition. On voit bien que l'Algérie se redresse petit à petit. Inchallah notre pays se développera encore plus. Je compte sur les Algériens pour améliorer la mentalité. Qu'est-ce qui vous motive pour continuer dans la musique? Qu'avez -vous encore à donner dans ce sens? La musique, je ne sais faire que ça, sinon voler un peu, je faisais ça quand j'étais petit, (rire franc, Ndlr). Je rigole, mais la musique c'est ma vie. Je mange en musique et je dors en musique. Même si demain je ne ferai pas de disque grand public, je continuerai à faire de la musique. J'ai des projets humanitaires qui serviront à aider les jeunes du monde entier. Surtout dans le domaine de l'éducation car je pense, c'est la base, c'est là où tout démarre. Un jeune, faut lui remplir la tête de bonnes choses quand il est petit. C'est important. Donc on va essayer de démarcher des choses, récolter des fonds. Construire des écoles peut-être à l'instar de Magyc System? Par exemple,. c'est une bonne idée. Commencer par des écoles et après, plus, des concerts, des événements. Aider les jeunes des banlieues, du bled ou de France, c'est pareil.
