«Il y a une possibilité de se libérer de cette dépendance et de ce diktat imposé par les armateurs étrangers. Les opérateurs économiques privés comptent investir dans le transport maritime des marchandises, mais appellent les pouvoirs publics à revoir le dispositif juridique actuel leur permettant d'exercer dans ce créneau stratégique. «Les hommes d'affaires algériens ont une grande volonté d'oeuvrer au développement de cette activité, mais les lois qui la régissent sont contraignantes, empêchant toute initiative dans ce sens», a affirmé, hier M.Abdelhamid Bouarroudj, expert et ancien cadre dirigeant de la Cnan. Les textes réglementaires régissant le transport maritime des marchandises exigent de toute personne désirant investir dans cette activité la possession d'au moins un navire, une condition jugée «dissuasive» par les concernés. «Les bateaux coûtent trop cher pour les opérateurs privés. Il faut adopter des lois permettant à ces derniers de créer des groupements d'activité, avec d'autres motivations sur le plan fiscal pour donner un nouveau souffle à ce créneau», a suggéré M.Bouarroudj, lors d'une journée d'étude organisée par le Forum des chefs d'entreprise (FCE). La concession des navires du secteur public pour les privés peut aussi constituer une solution pour le développement de l'activité, a-t-il estimé, appelant les autorités concernées à prendre des mesures incitatives à cet effet. Pour sa part, M.Abdelhamid Berchiche, spécialiste en droit maritime et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, a insisté sur la nécessité de «revoir complètement» le Code maritime algérien afin de «libérer les initiatives et donner une chance au transport de marchandises d'atteindre le niveau de croissance escompté». «L'ensemble des lois adoptées en 2008 et 2009 mettent l'accent sur la libéralisation de l'activité maritime, mais la condition préalable de possession de navire doit être supprimée. Les mesures relatives au développement de l'investissement doivent aussi intégrer le transport maritime», a-t-il insisté. Selon des chiffres fournis lors de cette rencontre, le pavillon national n'assure actuellement que 3% du volume du commerce extérieur, ce qui fait que l'écrasante majorité des marchandises importées ou exportées sont assurées par des transporteurs étrangers. «Il y a une possibilité de se libérer de cette dépendance et ce diktat imposé par les armateurs étrangers. Il suffit d'adopter des facilités et des mesures de soutien au profit des hommes d'affaires algériens», a encore souligné M.Berchiche.