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Salut au grand poète oublié puis retrouvé
HOMMAGE AU POÈTE M'HAMED AOUNE AU FESTIVAL D'AUZIA-SOÛR EL GHOUZLÂNE 2012
Publié dans L'Expression le 10 - 10 - 2012

De gauche à adroite: A. Chenane, O. Boudjerda, le poète M'hamed Aoune, l'écrivain Kaddour M'Hamsadji et M. Habiche
Quelle espérance, sans cesse renaissante, enfin conclue au-dedans de l'homme vivant, enfin une étincelle de joie pour apaiser l'âme du poète à la muse rebelle!...
Et ce jeudi 27 septembre 2012, nous sommes dans la joie autour de M'hamed Aoune, en son domicile de retraite à Médéa, du nom romain de la fabuleuse Labdia qui a donné Lemdiyya. En ce jour anniversaire de ses 85 ans, M'hamed est encore un «gamin» à l'esprit lumineux et intrépide face à la vie versatile et indomptable qui donne et retire ses bienfaits. Il a toujours écrit, m'a-t-il confié quelque part, autrefois, «Oui, écrire pour l'avenir!». Ce poète, d'une modestie charmante et déconcertante tout à la fois, écrit encore aujourd'hui de sa main décharnée mais tenace. Il surveille et relit sa vive pensée transcrite en mots flamboyants et houleux, toute vouée à l'histoire de l'Algérie qu'il a déchiffrée et à la vie algérienne qu'il a vécue et qu'il accompagne, l'une et l'autre, avec celle à laquelle il se mesure courageusement en ce moment comme un enfant qui naît chaque jour pour laisser aux enfants futurs les secrets de la destinée nationale algérienne. M'hamed Aoune est un poète profond, passionné de son pays et de son peuple, et davantage vivant au dernier tournant de la vie que tous les artistes utiles et fiers consciencieusement ayant son âge, s'imaginent en être les héros naturels.
Ahl Soûr El Ghouzlâne
Des membres du groupe organisateur du Festival d'Auzia-Soûr El Ghouzlâne (3-5 septembre 2012) se sont déplacés à Médéa pour honorer le poète qui, ayant assisté à l'ouverture officielle, n'a pu, en raison de son âge, se rendre de nouveau à Soûr El Ghouzlâne pour recevoir, à la clôture, les marques de reconnaissance qui lui étaient destinées. «Le Festival» a décidé d'aller au poète où qu'il se trouve, et de préférence à la date de son anniversaire, - ce qui a été fait...
Chez lui dans une émouvante intimité familiale, sous l'oeil vigilant de son aimable fils aîné Hamid et de son petit-fils, dernier-né, prénommé M'hamed comme son grand-père, de ses proches et de quelques amis, le poète nous a accueillis, avec son air jovial que je lui connais, en voyant tant de personnes venues le saluer. Quelle est-elle cette surprenante visite? Qui sont-ils ces gens de coeur et de responsabilité qui ont si fraternellement ouvert une porte longtemps fermée sur lui? On lui apprend que des représentants des associations culturelles et de Ahl Soûr El Ghouzlâne sont venus lui témoigner la reconnaissance qu'il mérite pour son oeuvre et sa personne en se jetant eux et lui dans les bras de la même affection et lui offrir des présents. Ahl Soûr El Ghouzlâne sont capables de tous les prodiges pour honorer ceux qu'ils aiment et ceux qui les aiment. M'hamed demande leur nom pour mieux les situer, peut-être pour en former des strophes à inclure dans ses poèmes futurs; et ce sont: Omar Boudjerda, poète populaire reconnu et membre dirigeant de la Ligue nationale de la poésie populaire algérienne dont Toufik Ouamen, poète de Biskra, est président, Abdallah Chenane, professeur d'histoire et président d'une association de tourisme culturel, Mohammed Habiche, poète et président de l'association «El Izdihâr» et Ali Zareb, président de l'association «Amel Auzia». Une riche causerie est vite engagée entre, maintenant, l'invité M'hamed Aoune dans sa propre maison et les généreux visiteurs...
On comprendra mieux cette intention volontaire et émouvante si l'on se pénètre aussi de la sensibilité et de la conscience de notre poète oublié, M'hamed Aoune, né le 27 septembre 1927 à Aïn-Bessem (wilaya de Bouïra) et ayant vécu dès sa prime enfance à Soûr El Ghouzlâne. Très tôt, dès l'adolescence il est saisi d'un formidable sentiment nationaliste qui lui fera refuser de travailler dans aucune administration coloniale. À l'heure de la Révolution, il est moudjahid, et à l'indépendance journaliste à El Djeich. Il a été membre de la toute première Union des Ecrivains Algériens (28 octobre 1963). Que l'on me pardonne de prendre la liberté de redire quelques mots inspirés de la présentation que j'ai faite de lui dans Le Temps de lire (Lire L'Expression du mercredi 30 septembre 2009, p. 21).
Belles-Lettres
M'hamed Aoune exprime sa nostalgie émue de ce qu'il a aimé, Aïn Bessem, sa ville natale qu'il a quittée encore enfant, après le décès de son père, et spécialement Soûr El Ghouzlâne qui l'a accueilli jusqu'à son exil en France. Voilà un gamin de 85 ans pour lequel l'écriture est toujours «magique»; elle a occupé sa vie entière d'homme et ne cesse de le préoccuper. De son âme fière de son pays et de son peuple, il tire la sève de ses poèmes fulgurants. De fait, il est lui-même «poème» depuis sa plus tendre enfance, mais parce que trop sensible, trop modeste, trop discret, son existence est tombée dans l'oubli sinon dans l'ignorance. Hélas! la mémoire est courte, celle des hommes, des amis, des camarades, ceux qui lui avaient serré chaleureusement la main, celle des anciens qui l'avaient lu, qui l'avaient publié, comme un service rendu, ici et là avec quand même une incroyable économie dans quelque coin perdu d'une revue, d'un journal, d'une anthologie (souvent trop partiale), et celle de ceux qui lui avaient fait tant de promesses rarement tenues!... Et peut-être suis-je moi-même de ceux-là, mais quelle oreille de responsable avais-je dans la presse, la radio ou la télévision pour aider, présenter, recommander un poète aussi infatigable et prolixe, reconnu comme «un beau poème» par tout le monde, mais que seuls les initiés au charme de la poésie passionnée ont su lire et comprendre? M'hamed Aoune a pourtant côtoyé les plus grands de la littérature algérienne contemporaine, - ce qui lui faisait présager un avenir radieux parmi nos Belles-Lettres. Et puis, dans les premières années de l'indépendance, il y avait déjà tant de plumes brillantes, souveraines qui avaient pu faire éditer au moins une de leurs oeuvres: Flici, Toumi, Tidafi, Zérari, Farès, Djabali, Moknachi, Azzegagh, Guendouz,... et tant de jeunes plumes exquises, frétillantes d'espérance devant la porte entrouverte d'une chance capricieuse et terriblement exclusive!... Or, à ce jour, aucune des oeuvres de M'hamed Aoune, qui s'est donné à l'Algérie de la Révolution et à une poésie révolutionnaire, n'a eu les faveurs d'une maison d'édition algérienne. Et je dois dire aussi qu'il n'est pas le seul. Car certains s'érigeant, hélas, en essayistes de «la littérature algérienne à travers les siècles» produisent des études superficielles. Ils ajoutent leur ignorance des auteurs à celle de leurs prédécesseurs. Ils se consacrent alors à des noms et à des textes déjà ressassés par ailleurs ou peu significatifs dans la littérature algérienne. Ils se contentent du système «coco» (copié-collé), comblant ainsi inintelligiblement leurs propres lacunes dommageables à nos étudiants et masquant leurs propres inepties, en l'annonçant sans même rougir, puisque l'un d'eux a osé écrire: «Ceux que je n'ai pas pu mentionner ici, ne les connaissant pas encore, me pardonneront, j'en suis persuadé.» Quelle époque contraire! L'auteur doit se faire connaître au chercheur, s'il en est!...
Aussi, me plaît-il de reproduire une biographie de «ce gamin de 85ans» par Achour Cheurfi, in Ecrivains algériens, Casbah-Editions, Alger, 2003, et que j'approuve: «Très tôt orphelin de père, sa vie de poète va être une suite d'expériences douloureuses et enrichissantes. Le régime colonial heurte sa sensibilité d'adolescent. Il choisit son camp. [Après le certificat d'études, il étudie l'arabe à Tunis [c'est moi qui note]. Fréquente la Zitouna. En 1951, il débarque à Paris où il travaille dur et suit parallèlement des cours de langues orientales et de journalisme qui lui serviront lorsque, après l'indépendance, il sera pendant plusieurs années journaliste à El Djeich.
Ne pas oublier les siens
À partir de 1954, il se jette corps et âme dans l'action nationaliste et devient un torrent de lyrisme combattif, un chantre de la célébration des «Noces lumineuses»: l'homme et la nature, la dignité et l'histoire. En 1961, Aoune détruit ses poèmes. De rares survivances, à cet autodafé obligé par l'inquisition policière, seront réunies plus tard dans «Houles de liberté», plaquette maigre et intense et toujours inédite. La publication de son oeuvre s'est faite de manière parcellaire dans des revues. Des poèmes ont paru dans El Djeich, Le Peuple, Révolution Africaine, Affrontements (revue française de gauche, 1958), etc. Quelques-uns de ses poèmes ont figuré dans des anthologies ou ensembles Espoir et parole (Anthologie de la poésie de combat réunie par Denise Barrat), Pour l'Algérie et Eclater l'aube. M'hamed Aoune est un touche-à-tout intellectuel, un poète errant.»
Afin de compléter ces brèves informations, je crois utile d'ajouter d'une part, que M'hamed Aoune est parmi les personnages centraux évoqués longuement dans Le petit café de mon père, récits au passé, de Kaddour M'Hamsadji, éd. OPU, Aller, 2011, et d'autre part son fils Hamid a réuni, sous la direction vigilante de M'hamed Aoune lui-même, des poèmes plus ou moins récents sous le titre «Avant et Après». À bon éditeur, salut! Bon anniversaire M'hamed Aoune, félicitations pour l'hommage au poète portant l'écharpe de la Reconnaissance reçue au Festival d'Auzia-Soûr El Ghouzlâne, et merci à Ahl es-Soûr de ne pas oublier les siens.


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