Kinshasa, capitale du Congo démocratique, accueillait hier le sommet de la Francophonie Une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement participent à ce sommet qui va célébrer, durant deux jours, l'apport essentiel de l'Afrique à la Francophonie. La Francophonie était réunie hier à Kinshasa pour un sommet dominé par deux crises majeures, le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et l'occupation du Nord-Mali par des groupes islamistes, alors que le pouvoir congolais reste très critiqué pour sa gestion des droits de l'homme. Le chef de l'Etat congolais, dont le régime a été violemment critiqué sur la question des droits de l'homme mais aussi pour son incapacité à enrayer la crise dans l'est, devait prononcer le discours d'ouverture. Une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement participent à ce sommet qui va célébrer, durant deux jours, l'apport essentiel de l'Afrique à la Francophonie. Selon les projections de l'organisation, les Africains pourraient représenter, en 2050, 85% des 715 millions de francophones dans le monde. Kinshasa, ville tentaculaire où la majorité des habitants survit dans une pauvreté extrême, était quadrillée hier par la police qui n'entend tolérer aucun regroupement de l'opposition. Le calme régnait cependant dans la capitale, où de petits groupes d'opposants ont été dispersés par la police hier matin tout comme dans la deuxième ville du pays, Lubumbashi (sud-est). Le sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a pour thème: «Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la bonne gouvernance». Mais deux sujets devraient dominer, hier, les débats à huis clos: le conflit qui oppose l'armée congolaise à des rebelles dans l'Est de la RDC et l'occupation du Nord du Mali par des groupes islamistes armés. Malgré les critiques après son élection controversée en 2011, Joseph Kabila a toutefois réussi à obtenir la présence du président français François Hollande, arrivé hier à Kinshasa pour participer aux travaux du sommet. Les deux hommes se sont entretenus en tête à tête avant l'ouverture de la réunion. Avant même son arrivée hier, le président français François Hollande avait affirmé que la situation était «tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l'opposition» en RDC et qu'il comptait en parler au chef de l'Etat congolais. Kinshasa avait aussitôt répondu que ce jugement ne correspondait «à aucune réalité». De son côté, la Belgique - ancienne puissance coloniale - a envoyé son chef de la diplomatie, le Premier ministre ayant décliné. Le Premier ministre du Québec, Pauline Marois, qui a tenu à faire le déplacement à Kinshasa pour soutenir la francophonie a toutefois déclaré ne pas vouloir rencontrer M. Kabila, notamment pour dénoncer «les malversations qui se sont passées autour de l'élection de 2011». La situation dans l'est de la RDC et dans le Nord-mali sera au coeur des échanges lors du sommet: la région des Grands Lacs peine à trouver une issue au conflit opposant l'armée congolaise aux rebelles du M23 (mouvement composé de mutins) dans l'Est congolais frontalier du Rwanda - riche en minerais comme le coltan et l'étain. «Il ne faut pas laisser l'impunité régner à l'égard de ces dirigeants du M23, mais aussi condamner tout soutien extérieur» à cette rébellion, a déclaré vendredi à Kinshasa le vice-Premier ministre belge en charge des Affaires étrangères, Didier Reynders, alors que le Rwanda est accusé par l'ONU de soutenir militairement les rebelles. Le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, a tenté jusqu'au bout de convaincre le président rwandais Paul Kagamé de venir à Kinshasa, mais ce dernier a décliné et il est finalement représenté par sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. Le sommet de Kinshasa doit aussi être l'occasion d'adopter une résolution sur le Nord-Mali, contrôlé depuis six mois par des groupes islamistes armés. Appuyant le projet d'une intervention panafricaine, Abdou Diouf, prône «une solution militaire bien préparée». L'ONU vient d'adopter une résolution, proposée notamment par la France, préparant le déploiement d'une force internationale dans le nord du Mali, qui donne 45 jours aux pays ouest-africains pour préciser leurs plans.