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Transe et défouloir!
DJEMAWI AFRICA À LA SALLE IBN KHALDOUN
Publié dans L'Expression le 06 - 08 - 2013


Une maturité évidente
«On ne change pas de mode opératoire, c'est vraiment de l'éclectisme et on se laisse emporter par la musique qui vient à nous, qui se veut plus épurée et des titres qui respirent la personnalité de tout un chacun...», confie Abdou.
Avancez l'arrière! est le titre du nouvel album du groupe Djimawi Africa qui connaît aujourd'hui une ascension évidente et un capital de fans indéniable qui le suit partout. D'ailleurs, infatigable groupe a bouclé son quatrième concert rien que pour ce mois de Ramadhan, dans le cadre de sa tournée nationale qui a compris un foisonnement de dates avant de se reposer durant un mois et puis repartir encore plus frais se produire en Europe, en Italie notamment.
Avant-hier, c'est plus déjanté que jamais et à l'aise sur scène, tout sourire dehors, que se sont produits les sept artistes du groupe composé d'un bassiste, un saxophoniste, un batteur (Nazim Ziad), un percussionniste, un trompettiste, un guitariste (Abdou El Ksouri), un violoniste, au mandole également et à la kora et enfin Djamil, le chanteur interprète à la guitare et au gumbri. 23h30 dans cette rutilante salle qui sent le bois, le public est timidement assis attendant l'heure fatidique du début du concert.. Le groupe Djemawi Africa monte sur scène sous les cris des fans tout excités. Djamil, queue de cheval et seroual loubia chante en intro Ahalil du patrimoine. Ce morceau est extrait du nouvel album. Sa mélodie évoque une procession d'une caravane en plein milieu du désert.
Djamil entonne Bismillah Moulana qui cadre bien en introduction avec l'esprit de la veillée du 27e jour du Ramadhan. Mais il ne faut pas se fier aux apparences acoustiques, du moins pas trop longtemps, car avec Djemawi Africa les sonorités se suivent et se ne ressemblent pas, mais l'ensemble crée des mélanges de sons insoupçonnées des plus audacieuses et savoureuses. Un dosage bien harmonieux d'une cuisine que le groupe parvient à maîtriser de plus en plus avec les années. Ahalil est rehaussé du son reggae et matinée du jeu de la percussion et de l'effervescence malade de la guitare pour se finir en douceur avec la flûte. Le morceau qui suit est un titre dans la pure tradition gnawa. Hamdouchia et tout part en délire! Dix minutes après l'entame du concert et voilà qu'on se lève au quart de tour pour occuper la piste dans une ambiance survoltée. Le rythme ira crescendo. Tzigane par moment, souvent même. L'on se croirait par endroits dans les films d'Emir Kusturika. La salle Ibn Khaldoun se transforme en un lieu de hadra où se mêlent transe et défouloir. Le refrain Lala Aïcha dawini nebra semble faire de l'effet sur nos jeunes. Malayou qui va suivre est du même niveau survolté, mais revisité façon live. Ce morceau est un hommage, nous dira Abdou, après le concert «aux grandes figures africaines qu'on aime et admire la position politique tels que Lumumba, Mandela, mais aussi nos héros algériens tel que Abane Ramdane et Boudiaf...»
En effet, l'on peut aisément discerner à travers cette chanson les noms de Soudani, Tambouctou, et cette vénération de «chachia timabambara» qui revient souvent dans le patrimoine diwan. Derdba est un morceau pour sa part teinté d'un élan berbéro-celtique avec flûte et bendir, saupoudré de quelques notes de malouf que transpire le violon. Un morceau qui finit encore en apothéose. Avancez l'arrière est le titre éponyme de l'album. «Imaginez que ce bus est l'Algérie, à l'intérieur duquel on trouve des Algériens et ce bus est conduit par un chauffeur malade...» indique Djamil.Libre à chacun de faire son interprétation. Un superbe morceau rehaussé du son de la kora. Un pur délice. Le son dans la salle est décidément un peu trop fort. Enfin c'est mieux que le contraire. Le morceau qui suivra est inspiré du vécu amoureux de Djamil. Ce dernier raconte la genèse de ce titre avec une naïveté attachante. Le public applaudit et rigole.
Après l'humour, place à un titre plus engagé chanté en français. La main froide dit ceci: «Qu'est-ce que tu tiens? Tu le sais. Qu'est-ce que tu retiens? Tu le sens et qu'est ce qui nous tue? C'est l'autorité!» cela se passe de commentaire car clair comme l'eau de roche. Sur un air chaâbi et derbouka fait place le morceau qui a fait fureur lors de sa sortie. Il s'agit de Hchich et pois chiche dédié à la jeunesse algérienne qui peine à trouver chaussure à son pied à cause du marasme social et la misère... dès la fin du morceau, le public la réclame de nouveau, preuve de son aura triomphal. Manweliche a été écrite par Mehdi Kerbal, un ancien du groupe fait-on savoir sur scène. Triste chanson sur le phénomène d'ellarga en Algérie que le groupe comprend, mais tient à dénoncer surtout cette manière de faire pour partir qui conduit forcément à la mort. La chanson se termine d'ailleurs sur une note sordide malgré son air de fête. Le corps du héros dont il est question dans ce morceau, finit par être emporté par les vagues... Si la musique est savamment bien dosée et oscille entre douceur de la kora, folie de la guitare, le scintillement de la batterie et la tendresse rêche d'un violon, les textes de cet album corrosif - à consommer sans modération- sont à méditer. Drôle mais cynique le nouvel album dresse en effet le portrait sarcastique d'une Algérie telle que nous la voyons, vivons et ressentons au quotidien. D'ailleurs dans le morceau Bezaf, il est question d'un état des lieux de ce pays qui se caractérise par un trop plein de chômage, de corruption, de bureaucratie etc.. Qui a dit que nos jeunes ne s'intéressent pas à leur pays? «C'est normal car dans le premier album on avait effectivement critiqué sur la légèreté des textes mais on avait 22, 23 ans aujourd'hui on a 30 ans, donc c'est devenu tout seul. Donc il y a une reprise de position de chaque membre du groupe. Une chanson comme Bezaf, on n'y va pas de main morte. C'est un texte très direct. Même sur scène c'est presque du hard rock. Sur scène, c'est un vrai cri de colère.»
Hagrouni Sadiqui phrase que tous les jeunes connaissent, finit ce morceau en beauté avant que la tempête raï/bedoui, alawi ne déferle sur la salle Ibn Khadoun. Encore deux morceaux et on arrive à une heure du matin passée. Berani ghrib sonne comme un hommage au chaâbi d'antant où l'on distingue bien les noms de Amar Zahi et El Badji, mais vite Lala Mira Elgnawia est invoquée, pour finir la soirée jusqu'au bout de la transe et ce clin d'oeil au début du groupe qui s'était produit en 2006 dans cette salle avant sa fermeture. Il s'agit du morceau Zman bien sûr que tous les amateurs de Djimawi Africa connaissent par coeur.


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