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Une préservation par le développement durable
LES BIENS COMMUNS
Publié dans L'Expression le 28 - 10 - 2013

L'Algérie tout en préservant le bien commun des citoyens, en ne le bradant pas en pompant d'une façon frénétique ce bien commun qui appartient aussi aux générations futures
«Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est négociable» Devise attribuée à Joseph Staline
Mon attention a été attirée par un article percutant de Ugo Mattei professeur de droit international comparé au Hastings College of the Law de l'Université de Californie et auteur de Beni comuni. Un manifesto, Laterza. Le professeur s'interrogeait sur les manoeuvres de l'Etat visant à transférer au privé les biens communs des citoyens à «l'insu de leur plein gré» du fait qu'ils ont voté pour les bradeurs en question. En fait, tout est parti de l'acceptation de cette machine du diable qu'est la mondialisation et de son avatar le néolibéralisme prédateur, véritable laminoir des peuples. Souvenons-nous dans les pays de la vieille Europe et pendant très longtemps l'Etat régalien jouait un rôle de stratège arbitrant entre la sphère publique et la sphère privée. Il est vrai qu'avec Reagan aux Etats-Unis et son clone Margareth en Europe, la machine néolibérale s'est mise en branle et son crédo «moins d'Etat», voire pas du tout d'Etat, donnait le signal de la curée. Le problème disait Reagan, c'est l'Etat en écho à Thatcher qui disait qu'elle ne connaissait pas le citoyen mais le consommateur. Bref ce fut la liberté du renard dans le poulailler.
Le professeur Ugo Mattei s'interroge justement sur ce bradage et sur les moyens de le contrer en protégeant les biens communs». Ecoutons-le: «Comment protéger la propriété collective lorsque, pour «équilibrer» leur budget, des gouvernements bradent les services publics ou dilapident les ressources naturelles? (...) Lorsqu'un Etat privatise une voie ferrée, une ligne de transport aérien ou un hôpital, qu'il cède la distribution d'eau potable ou vend des universités, il exproprie la communauté d'une partie de ses biens; une expropriation symétrique à celle qu'il réalise sur la propriété privée lorsqu'il souhaite construire une route ou tout autre ouvrage public. Dans un processus de privatisation, le gouvernement vend quelque chose qui n'est pas à lui, mais qui appartient proportionnellement à chacun des membres de la communauté, de la même manière que, lorsqu'il saisit un champ pour construire une autoroute, il acquiert par la coercition une propriété qui n'est pas la sienne.
Cela revient à dire que toute privatisation décidée par l'autorité publique - représentée par le gouvernement du moment - prive chaque citoyen de sa quote-part du bien commun, comme dans le cas d'une saisine de bien privé. Mais avec une différence de taille: la tradition constitutionnelle libérale protège le propriétaire privé de l'Etat bâtisseur, en instituant l'indemnisation pour expropriation, alors qu'aucune disposition juridique, et encore moins constitutionnelle, ne protège de l'Etat néolibéral lorsqu'il transfère au privé des biens appartenant à la collectivité. (...) Elle nous fait oublier que les pouvoirs politiques devraient se placer au service du peuple souverain, et non l'inverse. (...) Certes, le «servant» (le gouvernement) doit pouvoir disposer des biens de ses mandataires (les citoyens) pour accomplir correctement son service; mais son rôle est celui d'un administrateur de confiance, pas d'un propriétaire libre d'abuser de son patrimoine. (1)
Pour le professeur Ugo Mattei il faut tenir en respect l'Etat néolibéral: «Il importe donc de développer une élaboration théorique, accompagnée d'une défense militante, traitant les biens communs comme une catégorie dotée d'une autonomie juridique constituant une solution de rechange aussi bien à la propriété privée qu'à la propriété publique (2). Cette tâche s'avère d'autant plus nécessaire que le servant est aujourd'hui atteint du vice mortel du jeu (le crédit plutôt que l'impôt pour financer ses activités), ce qui l'a fait tomber entre les mains d'usuriers à l'évidence plus forts que lui.
«Dans bien des cas, poursuit le professeur Ugo Mattei les véritables ennemis sont justement ces Etats qui devraient en être les gardiens fidèles. Ainsi l'expropriation des biens communs en faveur des intérêts privés - des multinationales, par exemple - est-elle souvent le fait de gouvernements placés dans une dépendance croissante (et donc en position de faiblesse) à l'égard des entreprises qui leur dictent des politiques de privatisation, de «consommation» du territoire et d'exploitation. Les situations grecque et irlandaise sont de ce point de vue particulièrement emblématiques.
Le professeur en appelle à une prise de conscience contre le saccage: «La conscience politique de l'expropriation ou du saccage des biens communs dans le cadre des luttes en cours (pour l'eau, pour l'université publique, pour l'alimentation, contre les grands travaux qui dégradent les territoires) émerge souvent de manière diffuse, sans pour autant déboucher sur l'élaboration de nouveaux outils théoriques capables de la représenter et d'indiquer une direction commune à ces mobilisations. La catégorie des biens communs est appelée à remplir cette nouvelle fonction constitutionnelle de protection du public face à l'Etat néolibéral et au pouvoir privé.» (1)
II n'est pas étonnant qu'aux Etats-Unis se soit organisée la parade pour dépouiller les citoyens de leur bien commun. Le professeur décortique le mécanisme: «(...) Théorisée par le biologiste américain Garrett Hardin, la «tragédie des biens communs»- l'idée selon laquelle le libre accès des individus aux ressources partagées entraîne leur surexploitation et menace leur existence - avait amené le courant universitaire dominant à considérer le «commun» comme le lieu du non-droit par excellence.(...) Dans la mentalité moderne, exploiter des biens communs - par une consommation aboutissant inévitablement à leur privatisation en faveur de ceux qui réussissent à en jouir et à en tirer profit le plus efficacement - passe pour naturel.» (1) On le voit tout est fait pour favoriser la marchandisation des biens au profit d'une oligarchie prédatrice.
Ce processus d'accumulation écrit le professeur Ugo Mattei, «appelle la marchandisation, dont les présupposés sont la monnaie, la propriété privée du sol et le travail salarié, inventions humaines qui détournent à des fins commerciales des valeurs qualitatives uniques en elles-mêmes et non reproductibles, comme la terre, le temps de vie et l'échange qualitatif. (...) Il s'agit donc de dévoiler, de dénoncer et de dépasser le paradoxe hérité de la tradition constitutionnelle libérale: celui d'une propriété privée davantage protégée que la propriété collective.» (1)
La vulgate planétaire imposée au monde
A côté des biens communs matériels, il est un bien d'une nature différente. Au nom de la vulgate planétaire selon le bon mot de Bourdieu, on impose aux peuples de penser anglais. Benjamin R. Barber nous parle de ce qu'il appelle la Culture McWorld contre démocratie: «La culture mondiale américaine - la culture McWorld - est moins hostile qu'indifférente à la démocratie: son objectif est une société universelle de consommation qui ne serait composée ni de tribus ni de citoyens, tous mauvais clients potentiels, mais seulement de cette nouvelle race d'hommes et de femmes que sont les consommateurs. Cette nouvelle culture globalisante met hors jeu non seulement ceux qui la critiquent d'un point de vue réactionnaire, mais également ses concurrents démocratiques, qui rêvent d'une société civile internationale constituée de citoyens libres issus des cultures les plus variées (2).»
Comment en est-on arrivé à cette ébriété sans fin?
Il est un domaine où la boulimie prend tout son sens, celui de l'énergie. Dans une contribution parue sur Agoravox, il est écrit: «Quand on voit le gâchis qui nous entoure, on peut comprendre les partisans de la décroissance. Si l'activité économique débridée nous amène à produire toujours plus dans une ronde frénétique qui ne fait que tuer notre planète, alors vive la décroissance! Je crois pourtant qu'il est possible de vivre dans de bonnes conditions, de ne pas se priver de tout sans commettre l'irréparable. La technologie nous y aide aujourd'hui et sera notre bouée de sauvetage si nous prenons la peine de l'utiliser à bon escient. Aujourd'hui, tout dépend de l'énergie. Elle est devenue l'alpha et l'oméga de notre mode de vie. Pétrole, nucléaire, charbon, énergies renouvelables... tout est bon à prendre du moment que cela nous permet d'étancher notre soif inextinguible d'énergie. (...) En quelques décennies, le monde est devenu addict au pétrole et se shoote à coups de millions de barils chaque jour (...) La course au tout énergie n'est plus viable. Les solutions d'avenir sont à notre portée et il est impératif de s'en saisir au plus vite. (...) L'ère du gaspillage doit cesser!» (3)
Faut-il continuer en définitive, à amasser de l'éphémère coûteux et générateur de déchets dont la durée de vie est limitée, voire même dont «l'obsolescence est programmée» par les entreprises qui y trouvent leur compte ou dire stop. Donnons une seconde vie aux choses? Martin Denoun et Geoffroy Valadon nous en parlent: «Dans le nouveau monde qui se dessine caractérisé par une pénurie inexorable d'énergie, des changements climatiques de plus en plus récurrents et catastrophiques, faut-il continuer au nom de la boulimie du consommer éphémère, voire inutile? La solution ne passe-t-elle pas par le partage et surtout l'impérieuse nécessité de donner du temps aux choses? Et si l'usage ne correspondait pas nécessairement à la propriété? Soucieuses d'en finir avec l'hyperconsommation d'objets qui ne servent que très rarement, confrontées à un pouvoir d'achat en berne, de nombreuses personnes s'organisent pour partager et troquer. Comment mieux utiliser et partager ce qui existe plutôt que posséder davantage? Tendre vers une société durable et sans déchet, telle devrait être le crédo qui permettrait de consommer moins en consommant mieux en faisant du bien commun de chacun un bien commun pour tous au vu de la durée de vie que l'on peut espérer en donnant une seconde vie aux choses. (4)
L'Algérie, le mauvais exemple
Les Algériens ont perdu le sens de l'économie, la disponibilité excessive de tout, stérilise toute recherche tendant à éviter le gaspillage; l'Algérien de 2013 pense que tout lui est dû. Il est vrai que les scandales en tout genre qui portent sur des sommes colossales lui donnent la conviction que tout est pourri, que c'est le sauve-qui-peut, qu'il faut revendiquer «sa part de la rente», au besoin, de façon brutale. Nous avons perdu le sens de l'économie et de la durabilité des choses. Nos greniers périclitent d'équipements inutilisés qui peuvent avoir une seconde vie si cette philosophie du partage que nous nous vantons d'avoir de par notre culture et notre religion existait réellement. Nous ne savons pas ce que sont les économies du fait d'une consommation débridée où les utilités sont gratuites. Il nous faut compter le moindre centime et rompre avec le gaspillage. Nous «produisons», 12 millions de tonnes de décharges. Les décharges sont des trésors si on sait y faire!
A titre d'exemple et sans jouer les pythies, le manque de pluie commence à se faire sentir, c'est peut être le prélude des changements climatiques inéluctables. Il en est de même justement de la récupération de l'eau de pluie. Nos aînés récupéraient l'eau de pluie au nom de l'autosuffisance... Une émission écoutée samedi matin l'a fait comprendre avec l'interview de khalti Doudja, une vaillante mère de l'Algérie profonde qui, avec son accent rocailleux, racontait posément comment elle a construit sa maison en tob, comment elle faisait les provisions de bois pour l'hiver, comment elle arrivait à être autonome en tout. Elle parle avec des mots simples comment elle recyclait les choses en appelant justement à la préservation de ce bien commun de l'identité perpétué par l'artisanat traditionnel.
C'est un fait, nous vivons au-dessus de nos moyens. L'alternative est dans la sobriété, ne pas faire dans le mimétisme ravageur de l'Occident; rouler en 4x4, un portable vissé à l'oreille, se chausser de Nike, ce n'est pas cela le développement. Avec des convictions, de l'inventivité et de la persévérance, nous pouvons faire des choses formidables. L'écocitoyenneté est un combat qui commence à l'école et se poursuit par la suite dans la vie de tous les jours de chacun d'entre nous. Nous n'avons pas le choix.
Les défis du pays sont immenses et appellent au savoir de l'université. Les plus grands défis à l'horizon 2030 sont connus; il y aura pénurie d'énergie, il y aura pénurie d'eau, les changements climatiques sont un autre défi et notre pays ne sera pas épargné. C'est autant de guerres potentielles dont il faudra que l'Algérie en sorte vainqueur. Il y aura aussi, et c'est capital, une guerre pour la nourriture. L'Algérie tout en préservant le bien commun des citoyens, en ne le bradant pas en pompant d'une façon frénétique ce bien commun qui appartient aussi aux générations futures, doit rapidement changer de cap.
Elle se doit de définir les grands chantiers dans le cadre d'une stratégie d'ensemble et donner du grain à moudre à l'université et aux dizaines de milliers d'enseignants et de chercheurs pour prendre en charge ses préoccupations réelles du pays et mettre réellement en place le développement durable respectueux de la nature et laissant un viatique, un bien commun aux générations futures Le moment est venu à l'orée du 1er Novembre de militer plus que jamais pour une vision nouvelle, celle d'un jihad scientifique Un nouveau 1er Novembre à la veille du 60e de celui de la glorieuse révolution de novembre 1954 C'est cela la fidélité à l'esprit de nos aînés.
1.Ugo Mattei: Rendre inaliénables lesbienscommunshttp://www.monde-diplomatique.fr/2011/12/MATTEI/47058
2. Culture McWorld contre démocratie http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/BARBER/10836
3. Quentin: La fin de la beuverie énergétique Agoravox 26 octobre 2013
4.Chems Eddine Chitour: http://www.notre-planete.info/actualites/3838-economie-circulaire-energie-partage


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