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"On a déboursé 30 milliards de dollars pour l'eau"
HOCINE NECIB, MINISTRE DES RESSOURCES EN EAU, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 19 - 03 - 2014

Nos barrages sont remplis à 80%, de bon augure pour l'Algérie
Hocine Necib a un débit lent. Mais ce ne sont pas des flots de paroles qui sont demandés au ministre des Ressources en eau. C'est plutôt la politique adoptée et les moyens mis en place pour mobiliser cette ressource en eau. Sur tous ces aspects, M.Necib nous inonde de détails et de précisions.
L'Expression: La raréfaction des ressources hydriques inquiète et fait débat. De nombreux spécialistes prédisent que les futures guerres seront celles de l'eau. Où se situe l'Algérie sur cet échiquier?
Hocine Necib: Ce que vous dites est juste. J'ai eu à assister à une rencontre de haut niveau au Tadjikistan, organisée sous l'égide de l'ONU sur la coopération internationale dans le domaine de l'eau et j'ai participé personnellement à l'atelier ayant porté sur les eaux transfrontalières et c'est là que j'ai découvert l'ampleur du problème. En effet, les grands conflits du troisième millénaire porteront sur la problématique de l'eau.
En Algérie, Dieu merci, nous n'avons pas ce problème parce que les eaux partagées avec nos voisins, la Libye et la Tunisie (nous partageons le système aquifère du Sahara septentrional appelé le SAS,) sont composées de deux grands systèmes aquifères: le complexe terminal et le terminal intercalaire qu'on appelle communément l'Albien. Nous avons mis sous l'égide de l'OSS (Observatoire du Sahara et du Sahel) un cadre de concertation qui n'est pas le seul dans la région mais qui fonctionne le mieux de l'avis aussi bien des pays africains que des pays européens. Ce cadre a permis au fil des ans de développer un modèle mathématique et la création d'une grande base de données dans le souci de rationaliser l'exploitation et surtout veiller à la protection de cet aquifère. Lequel aquifère se situe à plus de 70% sur le territoire algérien et le reste est partagé entre la Libye et la Tunisie.
Ce modèle nous a affecté en termes de consommation annuelle 5 milliards de mètres cubes d'eau. En réalité, nous ne consommons que la moitié, soit environ 2,5 milliards de mètres cubes et l'autre moitié qui reste c'est de l'épargne pour les générations futures. J'insiste encore pour dire que ce cadre de concertation fonctionne très bien. Très souvent nous avons tendance à faire une confusion consistant à faire croire que le grand transfert en Libye est pris à partir de l'Albien. C'est faux, car en réalité, la Libye a réalisé ce transfert du Sud vers Tripoli à partir d'un autre aquifère qu'elle partage avec l'Egypte et, je crois, le Tchad. C'est pour vous dire encore une fois que ce cadre de concertation est cité comme modèle à travers le monde pour les autres systèmes de concertation. Je fais tous les rappels pour rassurer que nous n'avons pas ce genre de problème où à travers le monde les conflits se font à cause de l'eau.
Le cas le plus inhumain c'est celui de Ghaza où Israël a pompé une grande partie des eaux souterraines au point de provoquer un grave phénomène qui est l'intrusion marine: quand on assèche la nappe, on ouvre le passage à l'eau de mer. Ce qui fait que le peu d'eau qui existe aujourd'hui à Ghaza est salée.
Depuis 2000, l'année de la grande sécheresse, quand l'Algérie avait pensé importer de l'eau, on a déboursé des sommes colossales pour mobiliser les ressources hydriques. A combien sont estimés ces montants?
On a connu pratiquement deux décennies successives de sécheresse. Le summum a été atteint en 2002 quand, effectivement, on était sur le point d'importer de l'eau. On a même commencé à faire des aménagements dans le port d'Alger et le port d'Oran pour accueillir les grands navires. Ceci a poussé l'Etat à mettre en place une stratégie qui ressemble à un plan d'urgence. Evidemment, ce programme a bénéficié de toute la volonté politique du président de la République. C'est sous son impulsion personnelle que toutes ces décisions ont été mises en place. Depuis cette date-là, jusqu'à aujourd'hui, l'Etat a investi plus de 32.000 milliards de dinars (on n'est pas loin de 40 milliards de dollars). Ces investissements ont porté sur la réalisation des barrages, des transferts régionaux, des interconnexions entre barrages et l'option que je qualifie de salutaire qui est celle d'avoir décidé d'aller vers le dessalement.
Dans un souci de préserver la ressource en eau, cet effort est accompagné en aval d'un grand programme d'infrastructures de distribution et aussi un mégaprogramme d'assainissement portant sur l'extension du réseau d'assainissement et la réalisation d'un grand nombre de stations d'épuration. Parallèlement, ces investissements ont été accompagnés par des réformes institutionnelles importantes, notamment la création de nouveaux établissement pour l'eau potable et l'assainissement, l'ADE et l'ONA, dans le but de professionnaliser les services publics. Tout cet édifice de réformes est soutenu par la promulgation d'une loi sur l'eau en 2005. A cela s'ajoute la formation des ressources humaines qui n'a pas été négligée. Tout ceci a permis à nos indicateurs d'évoluer d'une manière substantielle. A telle enseigne que cette expérience a été citée plusieurs fois comme exemple dans les différents forums internationaux traitant des questions de l'eau.
En termes de dotation en eau potable, nous sommes passés de 120 litres/jour/habitant à 175 litres à partir de 2013. Le taux de raccordement en eau potable est passé de 78% au début des années 2000 à 96% à partir de 2013 et on pense atteindre les 98% d'ici la fin 2014. Le réseau d'eau potable a pratiquement doublé pour passer à plus de 110.000 km aujourd'hui. Dans le domaine de l'assainissement, le réseau a aussi nettement évolué, il est aujourd'hui à plus de 45.000 km et le taux de raccordement a atteint 88%. Les stations d'épuration qui étaient presque inexistantes durant des années et le peu de stations qui existait, était mal géré et souvent à l'arrêt en raison de l'absence d'une stratégie managériale efficace. Nous sommes aujourd'hui à 150 stations d'épuration en service toutes gérées par des cadres algériens et elles sont pratiquement toutes certifiées ISO. A la fin de la mise en oeuvre du programme quinquennal 2010-2014 nous allons disposer d'environ 180 stations d'épuration avec une capacité 1 milliard 200 millions de mètre cubes d'épuration par an.
Peut-on affirmer aujourd'hui en 2014 que tous les Algériens ont accès à l'eau potable?
Aujourd'hui, 75% des Algériens disposent de l'eau au quotidien, sur ces 75%, nous avons 45% qui reçoivent de l'eau en H24. 16% qui en reçoivent un jour sur deux et 9% un jour sur trois et plus. Il est tout à fait clair qu'on ne va pas s'arrêter à ce niveau. Juste à titre d'exemple, nous sommes en train de faire un transfert du nord vers le centre de Timiaouine (frontière malienne) et d'ici le mois de juin cette région aura de l'eau à profusion.
Malgré tous ces efforts, il subsiste cependant un problème qui est celui des pertes estimées à plus de 50%, dont les fuites, les piquages illicites, les factures impayées etc...
Effectivement, le chiffre de 50% est exact, mais je précise que dans les 50% il y a des pertes physiques et des pertes commerciales. Ces dernières sont les factures impayées où parfois il n' y a même pas de compteurs. Quant aux pertes physiques, elles sont de deux natures: il y a les vols d'eau sur réseau qu'on retrouve chez certains citoyens; il y a des vols sur les grandes adductions, en général des éleveurs ou des agriculteurs, parfois même des gens qui ont de petites fabriques industrielles. Pour cela, nous avons engagé un megaprogramme d'abord, de diagnostic sur une quarantaine de villes et les travaux ont débuté dans 17 de ces villes. Notre objectif est la réhabilitation et l'extension du réseau d'eau potable, sur 3000 km. Si les finances suivent on ira avec une cadence de 5000 km/ an, on pourra donc boucler cette opération d'ici 2019 et on aura mis à niveau une très grande partie du réseau.
A combien estimez-vous les créances et quels sont les mauvais payeurs, les citoyens ou les institutions?
A ce niveau il y a deux problèmes qui menacent l'équilibre financier: les créances et le forfait. Pour les créances j'ai donné des instructions fermes et nous commençons à avoir des résultats. Je vais bientôt réunir tous les directeurs du ministère et les directeurs de zones de l'ADE sous ma présidence pour leur faire signer des contrats de performance dans lesquels je fixe les objectifs dont le taux de recouvrement et la réduction du taux du forfait. Dans le souci d'améliorer le service public avec l'ADE et les sociétés par actions, nous sommes en phase d'acquisition d'un nombre important d'équipements de fabrication national: ce sont des contrats que j'ai passé de gré à gré et nous avons commandé près de 600.000 compteurs. Avec le ministère du Travail nous avons convenu d'impliquer les jeunes entrepreneurs en vue d'effectuer tous ces travaux, ce qui est une valeur ajoutée dans le service public.
Le projet de l'oued El Harrach dont les travaux doivent se terminer en 2016 suscite déjà des jalousies. Y a-t-il des projets similaires dans d'autres villes concernant l'oued Soummam à Béjaïa, le Chélif à Chlef, la Seybouse à Annaba...?
L'oued El Harrach est un projet unique en son genre. C'est une fierté pour l'Algérie et plus les gens découvrent ce projet, plus ils rêvent d'en avoir un similaire dans leur ville ce qui est tout à fait légitime. Il y a quelques wilayas où l'idée de faire la même chose est en train de faire son chemin, je cite l'oued sybousse, Soummam, l'oued Aïn Sefra à Mostaganem...
Nous sommes le plus grand pays d'Afrique en termes de superficie mais nous n'avons pas d'autosuffisance alimentaire. Evidemment, c'est la responsabilité du ministère de l'Agriculture mais votre département est aussi concerné, notamment par l'hydraulique agricole...
Entre grands périmètres irrigués et petits périmètres irrigués nous sommes aujourd'hui à environ 1 million 1.00.000 hectares.
Et notre objectif est d'atteindre au moins 1,600.000 hectares durant le prochain quinquennal.
Aujourd'hui, avec le dessalement de l'eau de mer on va pouvoir dédier les eaux des barrages et les eaux souterraines en grande partie à l'agriculture, ce qui va augmenter les surfaces irriguées car nous considérons que c'est un enjeu stratégique. Je signale par ailleurs, que les secteurs des ressources en eau et celui de l'agriculture travaillent en parfaite collaboration.
Pour terminer, qu'en est-il de la gestion des barrages?
Nous allons rester sur la même dynamique de réalisation, de plus, nous allons peser lourdement sur l'amélioration et la modernisationdes services publics en plus des questions environnementales qui seront au centre de notre stratégie. Le programme 2015- 2019 se distinguera aussi par la formation, la «mise à niveau et l'introduction des nouvelles technologies, la généralisation des systèmes d'information de télégestion, l'introduction dans la gestion des barrages des système de téléinformation. Ce projet des nouvelles technologies sera réalisé dans le cadre de la coopération avec la Corée du Sud pour développer des systèmes d'information avec la réalisation dans le siège de l'Anbt d'un bâtiment intelligent pour disposer des informations en temps réel. Cette volonté a déjà commencé au niveau du barrage de Beni Haroune où existe un système d'occultation dont les informations sont envoyées automatiquement par GPS, son état de santé est géré par satellite: on a des centaines d'informations recueillies au quotidien et en temps réel.


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