Les travaux d'aménagement de la piste reliant Timri Moussa à Béni Ksila ont débuté La population pourra désormais retourner au village de ses aïeux après 58 ans d'absence. Timri Moussa, ou ce qu'il en reste, est une tadart perchée à un millier de mètres d'altitude, un nid d'aigle, le point culminant de la région. Ce hameau se trouve, administrativement, dans la commune de Béni Ksila, à 60 km du chef-lieu de la wilaya, Béjaïa, à cheval entre les deux wilayas Bejaïa et Tizi Ouzou. Une commune abandonnée, sans ressources. Et pourtant, elle recèle d'énormes potentialités pour un essor important avec un minimum de volonté: la mer, le port, la route, la forêt, la situation géographique, un territoire encore vierge... et une population juvénile au chômage. Mais... ce n'est pas notre propos ici. Timri Moussa est un lieu historique où avaient vécu les «aigles» qui se sacrifièrent pour que leur tadart finisse oubliée, effacée presque de la carte, un village qui fut le fief de la Révolution algérienne, de l'historique Wilaya III et de son icône, le colonel Amirouche. Les anciens combattants pour la liberté en savent quelque chose et peuvent encore en témoigner... El Djamaâ Oussoumeth, symbole du village, servait de poste d'observation aux moudjahidine. La maison du grand-père de celui qui commet ce papier, Hadj El Hocine Mellal, servait de refuge, de poste de commandement et de tribunal au colonel Amirouche. Des personnes sont encore en vie et en témoignent. Timri Moussa fut bombardé et brûlé par l'armée coloniale un certain 25 août 1956. Timri Moussa est un village chargé d'Histoire mais à l'abandon... Quelques-uns y retournèrent après 1962. La décennie noire finit par venir à bout des irréductibles. Depuis, tout est en ruine, ni maison, ni tala (point d'eau), rien, c'est la désolation. il n'y a plus âme qui vive... Pire encore: il n'y a pas d'accès carrossable. Nous, ses enfants, voulons retourner sur les terres de nos ancêtres, alma parens. Il nous faut un chemin praticable. L'espoir renaît. En 2012, les enfants de ce village se sont constitués en association. Les actions tous azimuts et sans relâche de l'association «Agdud n Timri Musa» ont abouti à se faire entendre par l'administration. Ainsi, ce mardi 08 avril 2014, 58 ans après son évacuation, 52 ans après l'indépendance et pour la première fois, les autorités ont emprunté le chemin cahoteux qui va de Béni Ksila à Timri Moussa. Evènement historique qui sera marqué d'une pierre blanche. Oui, c'en est vraiment un. Timri Moussa a donc reçu cette visite inespérée, voulue par un homme, un commis de l'Etat qui tient parole: M. Rachid Ourabah, directeur des travaux publics de la wilaya de Béjaïa, accompagné de son chef de service, M. Salah Ourabah, responsable des travaux publics de la daïra d'Adekar, de M. Rachid Hanoun, P/APC de Béni Ksila, d'une délégation représentant M. Mohamed Mokhtari, responsable des services des forêts d'Adekar et des représentants de la population des villages inaccessibles sis sur l'axe Béni Ksila-Timri Moussa et qui sont: Béni Ksila, Iguer Amar, Iguer Ouzemour, Sidi Abbou, Ighil Khelil, Athrouche, Abdelmoumen, Thimesiet, Ahanou et enfin Timri Moussa. Pour rappel, c'est à la suite de la diffusion d'un reportage sur les ondes de la Chaîne II le vendredi 28/03/2014, que M. Ourabah, sensible aux appels de la population livrée à elle-même, a tenu à lui redonner espoir en se déplaçant sur les lieux, afin de voir de près l'état de ce chemin qui fait couler beaucoup d'encre et de salive. Les travaux d'aménagement de la piste reliant Timri Moussa à Béni Ksila ont débuté ce lundi 12.05.2014 à partir du village Athrouche par les services des forêts d'Adekar. Cette information est confirmée par M. Mohamed Mokhtari, premier responsable de ces services. La population pourra désormais retourner au village de ses aïeux après 58 ans d'absence. Un rendez-vous est déjà pris avec tous les enfants de Timri Moussa pour le 23 mai 2014 pour un volontariat: dégager les pistes à l'intérieur de Tadart et entamer les travaux d'une nouvelle mosquée. Le P/APC de Béni Ksila est sollicité pour une aide matérielle: un engin des travaux publics. Ce chemin, une fois ouvert, reliera Timri Moussa à l'Algérie.