27 candidats à la présidence de la Tunisie seront départagés dimanche par 7 millions d'électeurs Béji Caïd Essebsi a réussi le pari, au départ, de créer un parti politique capable de rivaliser avec le mastodonte Ennahda qui pèse de tout son poids sur la scène politique nationale. Deux ans ont suffi à «Bejbouj, comme l'appellent tendrement ses sympathisants, pour gagner ce pari et remporter ce challenge, lors des dernières législatives dont Nidaa Tounès est sorti vainqueur. Véritable bête politique, Béji Caïd Essebsi a séduit un électorat tunisien grâce à son charisme et surtout son programme fédérateur qui bannit l'exclusion quelle qu'elle soit. Il a surtout su exploiter à très bon escient la ligne bourguibienne. Les législatives en poche, BCE s'attaque aujourd'hui à la présidentielle. S'accaparer l'investiture suprême du pays, est un rêve caressé depuis longtemps par ce vieux briscard de la politique qui ambitionne d'achever, cette fois-ci, l'oeuvre bourguibienne en apothéose. En cela, il part largement avec les faveurs des pronostics même si, d'un côté, il est contesté par une certaine frange et, de l'autre, certains candidats dont, notamment, le président sortant Marzouki et à un degré moindre, Ahmed Nejib Chebbi (parti El Joumhouri), Hechemi Hamedi (Mouvement de l'amour) essaient par tous les moyens de lui barrer la route et de convaincre les électeurs. D'éviter à tout prix de voter pour BCE au prétendu motif qu'il y a risque qu'un seul parti déploie son hégémonie sur les trois présidences, à savoir, le Parlement, le Premier ministère et la présidence de la République. Rend-il gain de cause? Rien n'est moins sûr. De nombreux Tunisiens pensent que le fait d'agiter le spectre de l'hégémonie et d'un retour probable de l'omnipotence d'un parti unique, est un faux problème et, du coup, un prétexte fallacieux. Pour une raison bien simple, c'est que ni la nouvelle Constitution ni le score obtenu par Nidaa Tounès aux législatives ne lui permettent de mener la barque à sa guise. Le parti de BCE sera obligé de sceller des alliances avec d'autres partis dont, notamment, Afek Tounès et le Front populaire s'il espère obtenir une majorité confortable dans le futur Parlement. A la veille des élections de dimanche, l'ambiance chauffe. La plupart des candidats se voient déjà au 2e tour et tous déclarent qu'ils ont une chance de battre Béji Caïd Essebsi au 2e tour. En clair, BCE est, pour leur majorité, le candidat à abattre, politiquement s'entend, leur réaction et leur ambition, assez désamorcées, parfois, reflète leur crainte face au rouleau compresseur de Nidaa Tounès qui a fait, rappelons-le, le week-end dernier une démonstration de force à toute épreuve au coeur de la capitale. Plusieurs milliers de sympathisants de BCE ont envahi la Coupole d'El Menzeh, le temps, d'un meeting qui a accaparé les feux de l'actualité nationale et démontré, encore une fois, tout le crédit dont jouit BCE auprès d'une large frange de la population tunisienne. Dimanche prochain, la Tunisie sera fixée définitivement sur celui qui va occuper le poste tant convoité de chef de l'Etat pour un mandat de cinq ans dans une épreuve décisive qui s'annonce assez disputée entre, au moins, deux à trois protagonistes. A noter que pas moins de quatre candidats ont préféré jeter l'éponge avant terme et retirer leur candidature. Il s'agit de Mohamed Hamdei, Mostepha Kamel Nabli, Noredine Hached et Abderrahim Zouari, l'ancien ministre de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali. Slim Chiboub sous mandat de dépôt Le juge s'instruction au pôle judiciaire a émis dans la soirée d'hier, un mandat de dépôt contre Slim Chiboub, gendre du président déchu dans une affaire d'abus de pouvoir. Le porte-parole officiel du tribunal de première instance de Tunis, Sofiène Sliti, a indiqué qu'une décision d'interdiction de voyage a été prise contre Slim Chiboub. Le gendre du président déchu pourrait passer 14 mois en état d'arrestation suite au mandat de dépôt émis par le juge d'instruction. Notons que Slim Chiboub a comparu devant le pôle judiciaire pour des poursuites dans deux affaires.
