La police est intervenue pour éviter les dérapages (Photo archives) Tout a commencé dimanche matin lorsqu'un groupe de lycéens a tenté un rassemblement devant le siège de la direction de l'éducation. La réduction de la durée des vacances scolaires d'hiver a fait encore parler d'elle hier à Béjaïa et cette fois-ci de manière encore plus musclée. Les collégiens et les lycéens et parfois les élèves du primaire sont revenus à la charge pour marquer leur désapprobation quant à la décision ministérielle réduisant de cinq jours leurs vacances d'hiver. Hier, les élèves frondeurs étaient plus nombreux et des escarmouches ont éclaté entre eux et les forces de l'ordre venues protéger le personnel de la direction de l'éducation et bien évidemment l'édifice qui jouxte celui de la wilaya de Béjaïa. Que s'est-il passé dimanche et lundi? Pourquoi en est-on arrivé là? Des questions auxquelles on ne peut répondre qu'en partie car il y a forcément une manipulation quelque part pour en arriver à cette fâcheuse situation, faite d'échanges d'hostilités qui rappellent à bien des égards les événement du printemps noir d'avril 2001. Tout a commencé dimanche matin lorsqu'un groupe de lycéens a tenté un rassemblement devant le siège de la direction de l'éducation pendant un peu plus d'une heure avant de se disperser dans le calme marquant ainsi son mécontentement sur fond d'une seule et unique revendication. «Nous voulons une période de vacances complète.» Comme cela se faisait depuis des années. Le soir-même la nouvelle s'est propagée dans toute la ville et les réseaux sociaux donnaient la réplique à une action sporadique, certes, mais que les observateurs voyaient déjà comme un prélude à un autre mauvais jour. Sur les réseaux sociaux le mot d'ordre est donné. Sur des pages Facebook le débat s'enflamme jetant de l'huile sur le feu. Rendez-vous est pris pour une autre manifestation hier, qui aura surpris plus d'un par son ampleur.Aux environs de 10 heures du matin, alors que la ville s'animait dans le calme, excepté le vacarme des véhicules, très vite des tonnerres de voix parvenaient de partout. Des lycéens, des collégiens et même des élèves du primaire affuraient à partir de leurs établissements respectifs sur le siège de la direction de l'éducation où la foule grossissait au fil du temps. Les renforts de police ont fait de même et stationnaient à l'intérieur et aux alentours des deux édifices publics, à savoir le siège de la DE et celui de la wilaya. Leur mission était de veiller sur les édifices et leur personnel. Le face-à-face fait monter la tension au fur et à mesure. Aux chants et autres slogans et grossièretés entonnés à tue-tête s'invitent d'autres gestes autrement plus violents. Les premiers jets de pierres ciblent en premier lieu l'édifice de la direction de l'éducation, construit en verre, qui vole en éclats pour la deuxième fois depuis son inauguration. A l'intérieur le personnel est pris de panique, le renfort de police se fait plus important. Dehors des milliers de jeunes ne dépassant pas parfois 16 ans se font menaçants. «L'intervention des services de sécurité est imminente», lance un adulte qui comme beaucoup d'autres observaient la scène de loin mais non sans commenter l'événement. «C'est parti pour des jours de troubles», souligne-t-il à son camarade qui au cours de la discussion condamnait cette manière de faire et s'interrogeait sur cette spécificité pour Béjaïa. D'autres personnes se sont interrogées aussi sur l'absence des parents, vu l'âge des jeunes qui ne tarderont pas à entrer en action pour faire face aux brigades antiémeute qui tentent de les repousser loin du siège. Ce seront alors des échanges d'hostilités qui dureront des heures. Lorsque la police avance, les émeutiers reculent pour revenir à la charge au moyen de pierres et de carreaux arrachés des trottoirs mal faits.Parfois des parents arrivent précipitamment et cherchent vainement leurs progénitures. Certains pères parviennent à retrouver leurs enfants. D'autres attendent la peur au ventre. «J'ai immédiatement quitté mon travail lorsque mon épouse m'a alerté sur l'absence de notre fils, libéré de l'école primaire voisine à 9 heures, raconte inquiet ce père, qui cherchait vainement à retrouver son bambin.Aux moments d'accalmie succèdent des échauffourées qui se soldent par des arrestations qu'il nous a été impossible de vérifier. A l'heure où nous mettons sous presse, la tension était encore de mise devant le siège de la DE. Ce mouvement spontané trouve sa raison d'être, pour rappel, dans la décision de réduire la durée de vacances d'hiver que la ministre de l'Education nationale a pourtant annoncée dès le début de l'année scolaire, la justifiant par la nécessité de s'aligner sur les critères internationaux. «La mesure a été prise sur la base d'une étude comparative entre l'Algérie et d'autres pays afin d'adapter les vacances scolaires aux critères internationaux», avait expliqué Mme Benghebrit au début du mois.