Ce sont Alger et sa Casbah qui firent échec à la tentative de débarquement de Charles Quint en 1541. 93 bâtisses historiques, classées dans la case «rouge» et menaçant ruine, ont été recensées à la casbah d'Alger, a affirmé le directeur général de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés, Abdelwahab Zekagh. C'est là une information connue de tous les «amoureux» de la vieille citadelle qui n'a eu cesse de «pleurer» sur son devenir menacé par l'insouciance et l'inconscience, voire la négligence de différents responsables qui se sont succédé au chevet de la vieille ville classée par l'Unesco patrimoine universel de l'humanité. La rencontre de jeudi dernier entre le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh et les représentants de la société civile de la Casbah à l'issue d'une visite à travers les venelles de cette cité antique qui abrite 52.000 âmes, à l'occasion de sa Journée nationale, sera-t-elle l'ultime pour un vrai démarrage des travaux de restauration dans les règles de l'art qui ont superbement prévalu dans la «renaissance» du fameux Bastion 23 qui trône en bord de mer au nord de la médina, sur ce qui reste de la «basse Casbah»? Il faut admettre que la mission de restauration n'est guère une mince affaire. Il s'agit en effet, rappelle-t-on, de stopper d'abord et d'urgence leur détérioration en raison des infiltrations d'eau et de la dégradation des canalisations des eaux usées. Depuis le lancement de cette opération en 2014, il a été procédé aux travaux préliminaires de soutien de 717 bâtisses menaçant ruine sur un total de 1 861, dans le cadre du plan permanent de sauvegarde de la Casbah. La décision du transfert du dossier de la casbah d'Alger aux services de la wilaya d'Alger, est «positive» et revêt un vecteur réel pour la relance de ce dossier et d'accélérer l'opération de restauration de ce site historique, au regard des moyens de la wilaya d'Alger, notamment en matière de relogement, d'aménagement du territoire, d'hygiène et autres... Zekagh doit présenter l'aide technique, les études et les projets de restauration de la casbah d'Alger, élaborés par son équipe, composée de 20 architectes, aux services de la wilaya, en attendant les résultats de la nouvelle structuration de l'Office et de ses missions. Avant ce jour, il était prévu d'opérer des travaux de réfection d'urgence au niveau de 212 bâtisses, dont sept mosquées et neuf maisons historiques liées à la guerre de libération et 51 constructions inoccupées, précise-t-il. Une enveloppe financière avait également été allouée pour la réalisation de quatre projets de restauration de maisons historiques, notamment celle de Hassan Pacha, ainsi que Djamâa el Barani, (Bab Edjdid) a ajouté Zekagh. Le wali d'Alger, Zoukh, a encouragé les familles attachées à leurs anciennes demeures à s'impliquer dans le processus de restauration tout en s'exprimant contre l'idée de «vider la cité de ses habitants, ce qui s'apparenterait à la vider de son âme». Des membres d'associations, dont l'historien réputé Belkacem Babaci, ont appelé à l'application de la loi interdisant le retour dans leurs demeures fermées des familles relogées. Cette loi interdit du reste la vente des «douirates». D'aucuns ont appelé à réhabiliter la salle de cinéma «Nedjma», nichée au coeur de la citadelle au lieudit «Drouj Enna'oura», qui fut construite sur les lieux d'un ancien espace dédié à une fête foraine. Le siège des Scouts musulmans algériens (SMA), qui fut le creuset de nombre de révolutionnaires à l'image du moudjahid Bouras, fondateur du mouvement, est concerné par cet appel. Enfin, toutes les bâtisses sont retenues par cette oeuvre grandiose de restauration et plus de 2400 milliards de centimes ont été dégagés pour finaliser le plan de réfection de la cité antique, fondée au Xe siècle par les Berbères sous la dynastie des Zirides. La médina, bâtie par Bologhine Ibn Ziri en 960 sur les ruines de l'ancienne ville romaine d'Icosium, est située dans le territoire de la tribu berbère des Béni Mezghenna. Elle fut ensuite enrichie par les apports des autres dynasties berbères qui ont dominé successivement le Maghreb central. Le wali de la wilaya d'Alger a insisté sur la nécessité d'impliquer les artisans dans le plan de restauration et de rénovation de la Casbah. Il a ainsi exhorté le directeur de la formation professionnelle de la wilaya à l'application de la convention signée entre les secteurs de la formation professionnelle et du tourisme, qui assure au stagiaire une carte d'artisan et un local commercial au sein de la Casbah dans le cadre de la formule de l'Ansej.
