Des commerçants avides de bonnes affaires se sont reconvertis en opticiens et cela sans aucune qualification Profitant de l'anarchie qui règne dans le marché de l'optique, des commerçants avides de bonnes affaires se sont reconvertis en opticiens et cela sans aucune qualification. Un désordre qui permet la prolifération des lunettes de contrefaçon en toute légalité... Ils ont de belles devantures, les grands noms des lunetiers du monde inscrits dessus, de belles paires de lunettes déposées soigneusement? mais ils ne sont pas...opticiens! Profitant de l'anarchie qui règne sur le marché de l'optique, des commerçants avides de bonnes affaires se sont reconvertis en opticiens et cela sans aucune qualification. Selon les spécialistes, «30%% des vendeurs de lunettes ne seraient pas des professionnels diplômés!». Comment cela peut-il être possible? Eh bien tout simplement à cause de la confusion juridique qui laisse la porte ouverte à tous les dépassements... En fait, il faut comprendre qu'il y a une différence entre les vendeurs de lunettes non médicales qui ne peuvent pas vendre des lunettes avec correction et les opticiens qui eux sont habilités à le faire. Une nuance qui n'est pas forcément connue par tout le monde et qui n'est surtout pas respectée par tous! Il suffit de faire un petit tour dans les grandes artères du pays pour le constater. Quand vous poussez la poignée de la porte de l'un de ces magasins à la mode, rien ne vous indique que vous n'entrez pas chez un opticien. Vous ne le saurez que lorsque vous choisirez une belle paire de lunettes de vue, et qu'il vous annoncera d'un air désolé: «Je ne peux que vous vendre la monture, je ne suis pas opticien, je n'ai pas le droit de vous placer des verres de correction.» Néanmoins, certains d'entre eux ne feront jamais preuve de cette honnêteté. Comme c'est le cas de cette belle boutique des hauteurs de la capitale qui se fait un plaisir de nous proposer des lunettes de vue sorties au milieu des centaines de lunettes de soleil qu'il expose fièrement. «Voilà, j'ai quelques paires de lunettes de vue. Ne vous inquiétez pas pour la correction, je m'en occupe...», nous dit-il sans sourcilier! Il va même jusqu'à nous proposer des lunettes de soleil avec des verres adaptés à notre correction. A une demoiselle qui venait d'arriver, il lui tire en même temps qu'il nous parlait des lentilles de couleurs... «Voilà votre commande», lui lance-t-il fièrement. Or, après renseignements ce commerçant n'a jamais suivi un cours d'optique dans sa vie! Mais il y a pire avec ce bureau de tabac du centre d'Alger, qui, au milieu de ses cigarettes, parfums et lunettes de soleil d'imitations, nous sort des lunettes de vue qu'il se propose de les adapter à notre correction avec un ami à lui opticien avec qui il sous-traite. Nous lui demandons s'il avait des lentilles de contact. «Non, pas dans le magasin, mais je peux vous en procurer. De couleurs, avec ou sans corrections? Passez la commande, dans quelques jours elles seront là», répond-il avec un sang-froid déconcertant. Ces exemples ne sont pas des cas isolés. On en trouve même bien pire. Avec ces coiffeuses et esthéticiennes qui vendent des lentilles de contact comme des accessoires de mode, ou encore ces vendeurs anonymes sur Internet qui proposent lentilles et lunettes dont la provenance est inconnue. D'ailleurs, en parlant de problèmes de traçabilité, les spécialistes du domaine estiment que ce «souk» permet la prolifération des lunettes de contrefaçon en toute légalité... Ils critiquent dans ce sens violemment la qualité des montures, verres ou lentilles de fabrication chinoise. «Les produits d'optique made in China sont conçus à base de déchets plastiques ou ferreux recyclés», dénoncent-ils. «Les clients achètent certes des produits pas cher, mais ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'ils achètent avec des maladies...», poursuivent-ils. «En Europe, il a été prouvé que certains produits chinois tuent» affirment-ils, avant de demander aux services concernés d'ouvrir une enquête pour établir «les statistiques officielles sur les victimes des lunettes chinoises». On est donc devant un grave problème de santé publique. Mais que font les services sanitaires du pays? Les agents de contrôle du ministère du Commerce? En fait, c'est là où les choses se compliquent. La frontière entre les deux métiers est très légère, mais ils ne dépendent pas des mêmes services de contrôle, c'est le ministère de la Santé pour les opticiens et le ministère du Commerce pour tous les autres. «Si on essaye d'intervenir, ils nous sortent leur registre du commerce pour nous expliquer clairement que l'on n'a aucun pouvoir contre eux. Or, les services du ministère du Commerce ne sont pas formés pour contrôler et constater les dépassements qui surviennent», nous confie une source des services sanitaires qui a requis l'anonymat. Voilà donc un petit résumé du marché de l'optique en Algérie: de vrais faux -opticiens, un marché inondé de contrefaçons de lunettes et l'importation massive de produits d'optique de mauvaise qualité. La sonnette d'alarme doit donc être tirée car il s'agit là des yeux des Algériens...