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La dignité s'écrit au féminin...
70E FESTIVAL DE CANNES: «LA BELLE ET LA MEUTE»
Publié dans L'Expression le 21 - 05 - 2017


Les principaux acteurs du film
Dans la réalité, Meriem, la jeune Tunisienne, qui a inspiré ce film, a gagné aussi au bout de deux ans son procès.
Tunis, 3 septembre, 2012 exactement, Meriem et son petit ami se croyaient à l'abri dans dans une petite voiture. Echangeant des propos d'avenir, échafaudant une vie de couple souhaité. Sauf qu'ils n'ont pas vu venir, par cette douce nuit d'un été tardif, trois individus qui forcent les portières pour se jeter sur eux.
Deux énergumènes violent la jeune fille, le troisième, ne perdant pas le nord, entraîne le jeune garçon, vers le distributeur de billets, le plus proche. Viol plus extorsion de fonds... En principe la main de la justice devrait-être lourde, face à pareille situation...
Sauf que les trois délinquants sont des policiers en civil, résidus de la police de Ben Ali, réputée pour sa prédilection favorite, l'atteinte à l'intégrité physique et morale des jeunes qui lui tombaient sous la main... Un secret aussi tu, dans l'absolu, que partagé par des générations de jeunes étudiantes et étudiants tunisiens qui ont été violentés, surtout dans les tristement célèbres sous-sol du ministère de l'Intérieur (Al Dakhilya) sis avenue Bourguiba, à Tunis...
La vox populi osera même dire que cette fille... «l'avait bien cherché!».L'opprobre le mieux partagé, en fait, à travers le monde, encore plus dans nos sociétés. D'ailleurs, la jeune victime, finira par s'exiler, sans soute pour ne pas être forcée de... demander «pardon d'avoir été violée»! Elle laissera, cependant, un témoignage qui sortira en récit sous le titre «Coupable d'avoir été violée» (éd. Michel Laffont). Ce fait divers (sic) a été au centre d'une grande mobilisation de la société civile, qui a fini par avoir gain de cause, au bout d'une longue lutte. Cannes, 19 mai 2017, dans la section «Un Certain Regard», Kaouther Ben Henia, présente «La Belle et la meute» (Ala Kaf Al Chitane), une paume du diable, bien calleuse...
Sur l'écran apparaît une jeune Tunisienne, Meriem, dans les toilettes d'une salle de danse, aux prises avec un accroc dans sa robe de soirée qu'elle finira par troquer pour une autre, décolletée, celle-ci qu'une amie a réussi à lui procurer... Elle hésite, à cause du côté «nuisette» de l'habit et puis se résout à la porter, après tout nous sommes entre étudiants dans le cadre d'une soirée de bienfaisance.
Quelques pas de danse et Meriem demande à son amie de lui présenter le jeune homme, posté à l'entrée...
Présentation faite, échange de banalités. Le jeune couple quitte la salle. Noir. Meriem surgit dans la nuit, défaite, claudiquant, suivie d'un pas pressé, par son nouveau boy friend de la soirée...
Meriem a été violée par trois policiers qui avaient surpris les deux jeunes gens marchant sur la plage, à proximité de la salle de danse. A la première clinique, privée, la dame de l'accueil leur fait comprendre que sans une pièce d'identité (perdue avec le sac) elle ne pouvait rien faire pour elle. A l'hôpital public, c'est presque la cour des miracles. Attente incertaine. Aucun interlocuteur. Une employée, un châle négligemment posé sur la tête finit par les conduire vers une gynécologue, apparemment dérangée dans son sommeil. Refus, encore, sous prétexte que seul le médecin légiste est habilité à procéder à ce genre d'examen. Le médecin légiste, se cachera, lui, derrière la loi, qui exige une réquisition, en l'espèce, de la police...
Au commissariat du coin, dès que l'identité présumée des coupables est révélée par Meriem et son copain, Youssef, les choses prennent une autre tournure... Tout mot, toute phrase de la victime est détournée, de la manière la plus graveleuse qui soit, par un des deux flics sur place...
Le ton monte, le jeune homme finit par découvrir que ce n'était qu'un simulacre de déposition, le micro-ordinateur était débranché.
Ce qui rend l'atmosphère plus qu'électrique, un des deux flics, demandant alors à son collègue, la permission de prendre l'air... Sentant sans doute que l'ère de Ben Ali est révolue et que la bastonnade caractérisée n'est plus si facile que cela...
«Pourquoi avons-nous fait la Révolution, si ce n'est pas pour défendre nos droits et notre dignité?» lancera excédé, Youssef qui rappellera au policier qu'ils s'étaient déjà rencontrés lors d'un fameux sit-in devant la Kasbah (la Primature) avant la fuite de Ben Ali...
Acculés, les gars de l'Intérieur leur disent, que finalement, seul le commissariat proche du lieu du délit (le viol n'est pas encore considéré comme un crime, dans nombre de pays, tout comme l'inceste d'ailleurs, cecidit, au passage).
Et dans ce dernier lieu, dernière étape (?) d'un véritable chemin du calvaire, Kafka et Machiavel vont les accueillir avec l' attention qu'ils méritent...
Kaouther Ben Henia, se joue de nos nerfs, de notre capacité à résister ou bien à capituler. Elle offre au spectateur une palette de personnages, autant de possibilités de résolution que de reddition. Une fausse piste, que l'on pensait bonne, se pointe là sous l'aspect d'une femme policière qui lui parlera avec douceur, mais pas pour longtemps, juste le temps pour les cerbères-mâles de se reprendre.
Un conseil est intimé à la victime de se désister, elle tient tête, veut s'en aller. Son seul souci, retrouver une tenue qui sied, à l'endroit. La policière lui filera un sefsari, moisi. Elle le portera en cape.
Dans la cour, où elle réussit à arriver, elle se fait rattraper juste au moment où elle reconnaissait la voiture de ses agresseurs. Son sac y traîne encore sous le siège du chauffeur. Les policiers retrouvent leur vigueur «benalienne», pour sauver leur mise. Ils renversent la table: le jeune homme est inculpé pour outrage à agent. Meriem est acculée. Elle est sommée de signer une déposition dans laquelle elle se trouve dans une situation... d'adultère! Chancelante, au bord du précipice, elle réussit à balancer un hasardeux uppercut verbal qui fait mouche. On change de tactique, en lui mettant le sort de sa famille, de la police, de la Tunisie même entre ses mains. En somme, la théorie de «c'est nous (comprendre l'Ordre) ou le chaos», les terroristes!
Kaouther Ben Henia, joue avec les nerfs de tout le monde. Même de ses personnages (un coup de chapeau posthume au regretté Mohamed Akkari, dans le rôle du flic retors). Et puis au moment ultime, le policier blanchi sous le harnais, a un sursaut de dignité, il fait comprendre à Meriem qu'ils ne peuvent pas l'arrêter sans un ordre du parquet et qu'elle a le droit de ne pas signer le procès-verbal proposé. Engueulades, noms d'oiseau, entre les policiers furieux que cette proie leur échappe...
Meriem en profite pour sortir avec son sefsari blanc, nouée autour du coup, volant au vent.
Kaouther Ben Henia, peut bien se permettre, ce clin d'oeil à une superwoman tunisienne. Elle a gagné son pari. Rappelant que la dignité s'écrit d'abord au féminin...
Dans la réalité, Meriem, la jeune Tunisienne, qui a inspiré ce film, a gagné aussi au bout de deux ans son procès.
Sur le générique on remarquera dans les remerciements le nom d'un ministère, celui de l'Intérieur...


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