Al Jazeera est sans doute la seule télévision arabe à avoir un bureau en Israël. Pour cela, la chaîne qatarie avait recruté des journalistes palestiniens ou jordaniens possédant une citoyenneté israélienne. C'était la seule solution pour travailler en Israël et dans les territoires occupés. Selon certaines sources, même les techniciens de la chaîne Al Jazeera étaient israéliens, d'où l'impossibilité pour l'armée de l'occupation israélienne de les arrêter ou de les empêcher de travailler. Parmi les journalistes vedettes de la chaîne Al Jazeera en Israël, Elias Karram, 40 ans, citoyen arabe israélien originaire de Nazareth, qui réalise d'excellents reportages sur les nombreuses exactions commises par l'armée d'occupation israélienne dans les Territoires palestiniens. Lors d'une interview, l'année dernière, à la télévision Dar al-Iman, il avait déclaré que son travail journalistique faisait partie de sa «résistance contre Israël» et qu'il participait activement à la cause palestinienne. Des déclarations qui n'ont pas été du goût du gouvernement israélien qui lui avait accordé la fameuse carte de presse qui lui permettrait de faire son travail en Israël en toute tranquillité. Du coup Ayoub Kara, ministre des Communications, (d'origine arabe druze) lui a retiré sa carte de presse. Lors de l'interview sur la chaîne de télévision Dar al-Iman, Elias Karram a déclaré que malgré sa citoyenneté israélienne, il avait expliqué que son travail sur Al Jazeera était «une partie intégrante de sa résistance» contre Israël. Ce qui a poussé Hen Nitzan chef du GPO (Organisation de presse du gouvernement) à confisquer mercredi dernier la carte de presse d'Elias Karam sur ordre du ministre des Communications, Ayoub Kara. Pour s'expliquer, Hen Nitzan recevait Elias Karram pour une audition concernant la sanction. Au cours de celle-ci, Karram aurait déclaré que la résistance dont il parlait n'était pas violente, ajoutant qu'il dénonçait, en ce qui le concerne, toute forme ou tout usage de la violence. Le journaliste d'Al Jazeera à Jérusalem a demandé à Hen Nitzan de reconsidérer sa décision en expliquant qu'il lui serait à présent difficile de faire son travail sans carte de presse, mais le chef de l'OGP n'a pas encore donné de réponse. Visiblement, après plusieurs années de guerre et de conflits dans la région qui a conduit la chaîne qatarie à couvrir avec une grande virulence la victoire des Palestiniens du Hamas et des Libanais du Hizbollah sur l'armée israélienne, l'Etat hébreu a décidé de réduire au silence la seule chaîne panarabe qui lui avait ouvert les vannes de la communication dans le Monde arabe. [email protected]