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"Les préalables pour placer nos produits"
BRAHIM GUENDOUZI, ECONOMISTE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 04 - 02 - 2018

Le sujet fait l'actualité depuis bien des années. Son importance s'est accrue plus encore depuis que les prix du pétrole ont drastiquement baissé. Sortir du tout-import pour passer à l'export est devenu une nécessité. Bien que beaucoup d'économistes préconisent d'atteindre d'abord l'autosuffisance avant de passer à l'exportation, il n'en demeure pas moins que l'urgence de la situation causée par la dépendance aux exportations des hydrocarbures a rendu ce segment vital.
Cependant, parler d'exportation ne suffit pas. Certains préalables sont nécessaires afin de pouvoir placer nos produits sur les places marchandes internationales. C'est justement ces conditions que Brahim Guendouzi, économiste, consultant et enseignant à l'université de Tizi Ouzou nous explique. Nous l'avons rencontré à l'Insim (Institut international de management) où il donne des cours aussi.
L'Expression: Quelle lecture faites-vous de l'évolution du commerce extérieur de l'Algérie?
Brahim Guendouzi: Le retournement de conjoncture à la suite de la chute brutale des cours du pétrole brut depuis l'été 2014 entraînant une baisse drastique des revenus extérieurs ainsi que la crise budgétaire à laquelle fait face l'Algérie, ont fait ressortir l'un des maillons faibles du tissu économique, celui du commerce extérieur, et à travers lequel les pouvoirs publics semblent vouloir amortir les chocs. Depuis maintenant 2015, la balance commerciale est déficitaire. Le déficit est même lourd puisqu'il a atteint 9,5 milliards de dollars pour les dix premiers mois de l'année 2017 d'après les statistiques de la douane. Le taux de couverture qui est le ratio qui montre si nos exportations couvrent nos importations s'est inversé, passant de 103% en 2014 à 75% en 2017.
D'où l'inquiétude des pouvoirs publics sur cette tendance du commerce extérieur, dont des mesures conservatoires sont prises (liste de 850 produits interdits à l'importation ainsi que les licences d'importations) pour éviter des effets pervers, surtout sur le niveau des réserves de changes. C'est vrai qu'en situation de crise économique, les tendances protectionnistes s'affirment. Mais la réciprocité est aussi une règle dans les relations internationales. Vouloir verrouiller ses importations c'est en quelque sorte porter préjudice à son potentiel à l'exportation. D'autant plus que l'Algérie a un besoin crucial en matière de diversification des produits à placer sur les marchés extérieurs. Que faire?
Comment expliquer la difficulté d'exporter en Algérie en dehors des hydrocarbures?
Il est de notoriété que les opérations d'exportations nécessitent un savoir - faire, des frais spécifiques lourds, une confrontation à de nombreux intermédiaires et une prise de risques élevée, dont on sait que les entreprises algériennes, en majorité des PME, ne sont pas toujours à même d'accepter. Il y a précisément le fait de la taille de ces entreprises en termes de moyens matériels, humains, financiers, organisationnels et technologiques pouvant les handicaper à l'approche des marchés étrangers. Ces raisons avancées ne doivent aucunement occulter la dimension micro-économique où il est reconnu et démontré par des analyses que les entreprises, quelle que soit leur taille, celles dont le chiffre d'affaires comporte un pourcentage élevé de produits exportés enregistrent un taux de croissance largement supérieur à celui de leurs concurrentes dont les activités à l'exportation sont modestes, voire nulles. Ainsi, une entreprise qui réussit à vendre à l'étranger est donc mieux armée pour affronter ses concurrents nationaux qu'étrangers, car elle est capable de s'adapter à l'évolution des situations.
Il y a également la dimension gouvernance qui pose problème au niveau de l'entreprise algérienne qu'elle soit publique ou privée, nonobstant l'impact de l'environnement. Les différentes fonctions de l'entreprise telles qu'on les enseigne en management restent le plus souvent appréhendées de façon approximative. La dimension marketing est par exemple négligée dans la plupart de nos entreprises. D'où le manque de performance et donc de compétitivité par rapport aux concurrents étrangers. La spécificité des PME, particulièrement celles familiales, se caractérise à juste titre par la prédominance du rôle du patron. Il arrive que certains patrons innovent et font de leurs entreprises des affaires à la «success story», mais dans la plupart des cas, l'absence d'une organisation au sens managérial du terme, limite dans le temps les résultats escomptés, notamment en matière d'exportation.
Existe-t-il un potentiel de production à valoriser à l'exportation?
Il est reconnu qu'en Algérie, existe un potentiel latent de diversification des exportations du fait même de la présence de nombreuses PME publiques et privées. Mais l'activité d'exportation elle-même n'arrive pas à décoller malgré la mise en place d'un dispositif de promotion des ventes à l'étranger, qui, d'ailleurs, gagnerait à être amélioré compte tenu des limites rencontrées par les exportateurs eux-mêmes. Les entreprises algériennes exportent de façon sporadique. Rares sont celles qui perdurent dans l'acte d'exporter. La question de l'adaptation des produits aux marchés étrangers, l'assistance du secteur bancaire et de la douane, l'assurance - qualité, les normes techniques, la logistique, etc., sont autant de paramètres à prendre en considération pour espérer réussir à l'exportation. Le mode de gouvernance des entreprises ainsi que la faiblesse manifeste de la productivité constituent aussi des handicaps à l'exportation.
En quoi consiste ce dispositif de promotion des exportations hors hydrocarbures?
Pour pallier cette faiblesse de niveau des exportations hors hydrocarbures les pouvoirs publics ont créé des organismes d'appui à l'exportation comme Algex, la Safex, la Cagex et la Caci, ainsi qu'un Fonds de Soutien et de promotion des exportations ((Fspe) qui a pour objectifs de couvrir les dépenses effectuées par les PME dans le cadre des participations aux foires commerciales et expositions à l'étranger, la couverture (de 10% à 50%) des frais de transport international et de manutention dans les ports algériens, des dépenses liées à l'étude des marchés extérieurs, à l'information des exportateurs et à l'étude de l'amélioration de la qualité des produits et services destinés à l'exportation. Il y a enfin des incitations fiscales et des facilitations douanières conséquentes. Avec tout ce dispositif, les résultats sont très en deçà des objectifs souhaités. D'où la réflexion actuelle au niveau du ministère du Commerce en vue d'arriver à mettre en oeuvre une stratégie nationale d'exportation.
Les opérateurs qui exportent avancent souvent la contrainte de la réglementation des changes comme entrave. Qu'en est-il?
Sur le plan de la réglementation des changes par exemple, la domiciliation bancaire est un préalable à tout transfert et / ou engagement. Les exportations de marchandises en vente ferme ou en consignation ainsi que les exportations de services à destination de l'étranger, sont soumises à la domiciliation préalable. Dès le rapatriement des recettes d'exportations, la banque met à la disposition de l'exportateur la partie devise qui lui revient (50%) du montant rapatrié. L'inobservation des obligations de déclaration et de rapatriement constituent des infractions au regard du contrôle de changes prévues par l'ordonnance n° 03-01 du 19 février 2003 relative à la répression de l'infraction à la législation et à la réglementation des changes.
La politique commerciale extérieure de l'Algérie est-elle en adéquation avec les objectifs du recadrage du commerce extérieur?
Les pouvoirs publics se doivent d'ouvrir la voie aux entreprises vers l'exportation en leur facilitant l'accès aux différents marchés. Le commerce mondial est certes régi par les règles de l'OMC, dont l'Algérie est encore en dehors, mais cela ne doit pas l'empêcher de déployer une diplomatie sur les plans économique et commercial en faveur de ses entreprises. La signature d'un Accord d'association avec l'Union européenne et l'adhésion à la Grande Zone Arabe de libre-échange n'ont pas eu les effets escomptés en matière d'exportations hors hydrocarbures. La prospection de nouveaux marchés (Afrique, Moyen- Orient, Asie, Amérique latine) doit être continuelle. Par ailleurs, il y a lieu de reprendre le dossier de l'accession à l'OMC pour pouvoir s'inscrire dans un espace plus large, mais avec plus de cohérence dans la politique commerciale extérieure, que ce qui se fait actuellement. Il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit de préparer l'économie nationale à intégrer le système commercial multilatéral à moyen et long terme.


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