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Les ciseaux de la fortune
LE METIER DE COIFFEUR POUR HOMMES RETROUVE UNE SECONDE VIE
Publié dans L'Expression le 15 - 02 - 2018


«Les ciseaux sont passés par là...»
Les salons «new look» à la belle peinture satinée et aux confortables fauteuils poussent comme des champignons à travers les quatre coins du pays. Ils proposent toutes sortes de lissage de cheveux, les soins de la peau, les massages, les épilations... Enfin, tout ce que l'on peut trouver dans un salon de beauté féminin! C'est un vrai succès...
Hakim avait un travail stable et confortable dans un bureau, jusqu'à ce qu'il décide de tout plaquer pour devenir... coiffeur! Mais pourquoi une telle reconversion osée et difficile, surtout que l'on disait que ce métier était mort? «La kératine est passée par là...», souligne tout sourire ce diplômé de l'EHC Alger. «Il est vrai qu'au prix où était la coiffure, il y a quelques années, 150 dinars, il y a à peine 3 ans, c'était un métier qui ne faisait pas rêver, pour ne pas dire précaire. Mais voilà que d'un seul coup tout a changé...», affirme ce jeune qui ne regrette pas une seconde son nouveau choix de carrière. «Le tournant a été l'apparition de la kératine en Algérie, d'abord dans les salons de coiffure pour dames avant que certains coiffeurs pour hommes ne prennent le risque de s'y mettre. Et ça a été vite un succès fou!», atteste-t-il.
«Alors moi qui était toujours passionné de coiffure, j'ai senti le bon filon et j'ai décidé de sauter le pas en ouvrant un véritable centre de beauté sur les hauteurs d'Alger! La réussite a été au bout», assure-t-il. Alors Hakim a décidé de suivre une formation dans une école privée spécialisée agréée par l'Etat pour obtenir le diplôme qui lui permet d'ouvrir un salon. Mais il ne s'est pas contenté de cela, puisqu'il s'offre un petit stage en France dans une école où il se perfectionne et apprend, notamment l'utilisation de la kératine. «Comme la majorité de mes confrères, j'utilise également YouTube pour être à jour continuellement», précise celui qui se dit comme faisant partie des révolutionnaires du métier. L'aventure commence donc en 2013, où il ouvre un petit salon, mais à la décoration très moderne et surtout aux matériels des plus sophistiqués, avec notamment le fameux stérilisateur qui garantit une hygiène parfaite. Il propose aussi de nouvelles coupes de cheveux, comme celles que les jeunes pouvaient voir chez les stars du football. Une véritable révolution au moment où les salons pour hommes étaient des endroits lugubres, à l'hygiène douteuse et où le choix des coiffures se limitait entre «à ras ou dégradé»...
«El Khalta»: la kératine Low- Cost
Mais le luxe a un prix. Alors que la moyenne nationale était de 150 dinars, c'était carrément le double chez lui (elle est actuellement à 500 dinars, Ndlr). «Mais ce ne sont pas les 300 dinars de la coupe qui allaient m'enrichir, surtout que le choix du quartier fait que j'ai un loyer plutôt élevé», indique-t-il. Les «options» comme il les appelle, étaient donc indispensables. Ces «options» sont: toutes sortes de lissage de cheveux, les soins de la peau, les massages, les épilations... Enfin, tout ce que l'on peut trouver dans un salon de beauté féminin! «En plus, on travaille jusqu'à 23 h et les clients peuvent prendre rendez-vous», précise-t-il. Un passage chez Hakim peut donc dépasser les 10.000 dinars.
Des salons qui «poussent» aussi vite que la barbe...
Le lissage qui est le défrisage coûte entre 2000 et 3000 dinars, le lissage brésilien(*) (kératine) est à 6000 dinars, le lissage japonais(*) à 7500 dinars, le soin du visage à 2000 dinars, le massage au même prix... Si l'on compte le minimum de 10 clients par jour, on comprend donc vite pourquoi il ne regrette pas son nouveau choix de carrière...
Hakim et les autres pionniers ont ainsi lancé une mode, donnant à réfléchir aux jeunes qui ont vu d'un nouvel oeil ce métier.
Les salons «new look» à la belle peinture satinée et aux confortables fauteuils poussent comme des champignons à travers les quatre coins du pays. Et le phénomène ne ferait que commencer! Certains, «anciens» se sont vite adaptés, alors que d'autres sont restés sur la touche.
Les ravages de cette nouvelle tendance
Ceux qui ont suivi le «train» ont été confortés dans leur choix par un autre coup du destin, à savoir: le retour de la barbe à la mode. Ils sont aussi devenus «barbiers» et proposent, dans leurs salons, des soins affûtés pour se trouver un style qui le soit tout autant. Il faut dire qu'après des décennies de visages glabres, la barbe est devenue l'accessoire préféré des jeunes. Même certaines entreprises l'acceptent désormais à condition qu'elle soit bien taillée. «Cette condition fait que les barbiers ont le vent en poupe. On a des clients qui viennent une à deux fois par semaine pour se faire tailler leur barbe. Cela sans parler des jeunes qui viennent régulièrement pour avoir une barbe qui sort de l'ordinaire. Une fréquence qui fait nos affaires, surtout que la barbe demande beaucoup moins de temps qu'une coupe de cheveux», révèle Samir, coiffeur qui s'est spécialisé dans l'entretien de la barbe. D'ailleurs, dans son salon, il propose même des soins à l'huile de ricin. «Cela l'entretient et stimule sa pousse pour obtenir une barbe magnifique», garantit-il. Ces soins sont applicables chez lui à raison de 200 dinars la dose où il vend un petit flacon à 2000 dinars à utiliser à domicile pour plusieurs utilisations.
Cheveux bien lisses et barbe bien taillée sont ainsi devenus la règle chez les jeunes. L'effet de mode est devenu un besoin. Même les salons des quartiers populaires se sont «kératinisés». Ils proposent ce genre de services à des jeunes de toutes catégories sociales et professionnelles qui rêvent d'une chevelure à faire jalouser même les femmes. C'est dans ces salons qu'une «kératine» «Low- Cost» a vu le jour. Elle porte le nom d' «El Khalta» (le mélange). Elle est jaune et gélatineuse. Elle est vendue dans de grands bidons en plastique à très bas prix pour des grosses quantités (une petite boîte de 2000 dinars pour aller jusqu'à 40 applications qui sont facturées dans les salons entre 500 et 1000 dinars, Ndlr). Il n'y a aucun étiquetage ni sur le grand bidon ni sur la boîte dans laquelle elle est vendue. Les vendeurs et les coiffeurs disent qu'elle est composée de mélange de produits naturels, d'où son nom «El Khalta». Néanmoins, personne ne pourra vous dire ce qu'elle contient vraiment. Elle est toutefois d'une efficacité des plus incroyables... Enfin, au début avant que le cuir chevelu ne soit brûlé et que les cheveux ne commencent à tomber. «On dit qu'elle a été créée par les Egyptiens. Elle était importée de ce pays, avant qu'un Marocain ne vienne la fabriquer en Algérie et ne vende sa recette à des Algériens qui la fabriquent localement. Enfin, c'est ce qui est dit...», rapporte Mohamed, un coiffeur de la banlieue algéroise qui avoue ne pas connaître réellement son origine. Même s'il affirme que lui, n'a jamais eu de problème avec ce produit, il indique que certains en abusent ce qui provoque des maladies dermatologiques. «Ils ne savent pas l'utiliser, ils ne contrôlent pas la quantité et surtout ne respectent pas les délais de 3 à 4 mois entre une application et une autre. D'où ces accidents!», estime-t-il
Malgré les assurances de Mohamed, les dermatologues mettent en garde contre les dangers de cette nouvelle tendance. Des brûlures au troisième degré, des pelades...ils en reçoivent tous les jours. «Il y a un abus des produits défrisants et une mauvaise formation qui fait que l'on est en train d'assister à un véritable massacre», dénonce le docteur Zohir. B., dermatologue à Alger. «Certains jouent sur l'ambiguïté entre lissage et défrisage pour faire croire qu'ils appliquent de la kératine. Or, ce sont des produits défrisants qui souvent ne sont pas adaptés à la chevelure des clients. Il faut savoir qu'il y a des degrés, selon le type de cheveux, mais eux utilisent une boîte pour tout le monde, souvent celle-ci est destinée à la chevelure africaine qui, au début, permet d'avoir un bon résultat. Mais quelques jours après, ces cheveux brûlent et tombent...», met en garde ce spécialiste, tout en dénonçant que cette tendance touche beaucoup les adolescents.
Il rappelle également un article publié dans l'American Journal of Epidemiology qui alerte depuis le mois de janvier 2012 que le défrisant provoquerait des fibromes utérins chez les femmes. Il provoquerait également une puberté précoce et des problèmes urinaires (hommes et femmes). Cela serait dû aux composants oestrogéniques contenus dans les défrisants, interférant avec le système hormonal. D'où la recommandation des médecins d'attendre le plus tard possible pour procéder au premier défrisage, ou carrément l'éviter. Des résultats d'autant plus inquiétants que, selon ces mêmes sources, les industriels ne sont pas tenus d'indiquer tous les produits qu'ils utilisent sur les étiquettes des défrisants, car ces ingrédients sont considérés comme secrets de fabrication. Cela ne fait cependant pas reculer les jeunes dont l'apparence physique est devenue une obsession.
En effet, avec la mutation qu'a connue la société algérienne ces dernières années, mais aussi l'effet parabole, Internet et l'influence des stars de football, les Algériens prennent soin de leur petite personne sans complexe. Et ils sont prêts à dépenser des millions de centimes pour ressembler à leurs stars préférées. «J'ai toujours rêvé d'avoir une coupe originale, ma coiffure n'a jamais pu réussir autre chose qu'une coupe classique. Avec ces nouvelles coiffures, c'est nous les rois. On choisit la coupe que l'on veut et ils arrivent à nous la faire sans aucun souci. Donc, ça vaut le coup...», soutient Zaki, trentenaire, mais qui n'a pas pu succomber aux sirènes de cette nouvelle tendance. Tout comme Faycel, que nous rencontrons alors qu'il est encore sur le fauteuil à attendre que le lissage fasse son effet. Faycel que ses amis appellent «El Kebch» (le mouton, Ndlr) à cause de sa chevelure frisée n'en croit pas ses yeux.
Paraboles, Internet et influence des stars de football
Il a désormais des cheveux aussi lisses que ceux de sa copine. «Je n'aurais jamais cru avoir un jour d'aussi beaux cheveux», nous lance-t-il, les larmes aux yeux. «Ça va me changer la vie...», se réjouit-il sans complexe. Une image qui résume parfaitement une nouvelle réalité où les hommes se soucient désormais de leur image autant que le font leurs femmes. «Pourquoi la beauté et la propreté seraient-elles réservées uniquement aux femmes?», se demande Danil, jeune cadre dans une multinationale. «On peut être homme, hétéro, pas obsédé par son image et apprécié pour se faire du bien, non? Je travaille toute la semaine. Le week-end, j'aime bien prendre soin de moi», indique-t-il en insistant sur le fait que cela ne touche en rien sa masculinité. Le machisme et les tabous sont tombés, les Algériens assument ce côté précieux. Au grand bonheur des instituts de beauté qui se conjuguent désormais au...masculin!
Ils exposent leurs «oeuvres» sur les réseaux sociaux
Des salons qui marchent avec leur temps...
Les salons de coiffure ont bien compris la force des réseaux sociaux. Ils ont entrepris de développer un site Internet ou d'être présents sur les réseaux sociaux où ils exposent leurs «oeuvres», affichent leurs prestations et leurs prix et permettent une prise de rendez-vous rapide. En se construisant une visibilité sur le Web, les salons de coiffure peuvent acquérir de nouveaux clients. Blog, réseaux sociaux, site vitrine, page Web... autant d'opportunités pour les commerces d'apparaître lorsque le futur client demande à son moteur de recherche de lui trouver un «salon de coiffure à Chéraga», par exemple. C'est d'ailleurs ce qui fait le succès des salons les plus tendances du moment, à l'instar de l'Oasis à Hydra, l'Oscar à Sidi Yahia, In la maison de l'homme à El Mouradia...Il y en a même comme «Barber Shop» qui n'a pas de salon mais se déplace chez les clients qui le contactent via sa page Facebook. Bref, des salons qui marchent vraiment avec leur temps...


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