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Le film qui intrigue
HEADBANG LULLABY DE HICHAM LASRI
Publié dans L'Expression le 12 - 09 - 2018

Perdre la tête à cause d'un jet de pierre dans un monde lui-même déboussolé, par un système totalitaire, voilà encore un film des plus puissants qui n'a pas laissé le public indifférent...
Dans le prolongement des 16es Rencontres cinématographiques de Béjaïa (01/06 septembre 2018) qui a vu naître cette année la première Fédération des ciné-clubs algérienne (Réseau national des ciné-clubs algériens) ou plutôt sa reconstitution après un arrêt de plusieurs années, la salle Atlas a accueilli du 8 au 10 septembre le Afac Film Week qui a réuni un ensemble de films entre courts, moyens et longs métrages arabes, que ce soit en documentaire ou en fiction. Des films qui ont tous la particularité d'avoir été soutenus par Afac (The Arab Fund for Art and Culture). Une fondation arabe basée à Beyrouth qui finance notamment les productions cinématographiques arabes et qui organise chaque année un festival dans un pays arabe et pour la première fois, en Algérie. De nombreux films en provenance de Tunisie, Palestine, Egypte entre autres, ont été projetés donc durant cette période, devant peu de monde faut-il le regretter. Néanmoins, toutes les séances étaient suivies de débats constructifs tels que le ciné-club Cinuvers nous a habitués, puisque, faut-il le rappeler, cette initiative, le Afac Film Week, a été organisée conjointement par cet actif ciné-club algérois et l'Association Project'heurs, l'organisatrice des RCB, avec le concours de l'Onci propriétaire de la salle de Bab El Oued. Et c'est le tout dernier long métrage fiction du cinéaste marocain Hicham lasri, Headbang Lullaby qui a clôturé en beauté lundi soir le Afac Film Week.
Un réalisateur des plus talentueux et engagés de sa génération que les RCB connaissent d'ailleurs très bien pour avoir programmé deux de ses films il y a deux ans, à savoir Strave your dog et La mer est derrière vous. Dans Headbang Lullaby, Hicham Lasri nous projette vers l'année 1986, Le 11 juin plus précisément, jour de la rencontre Maroc-Portugal à la Coupe du monde de football. Un policier prénomé Daoud est envoyé surveiller un pont sous lequel le roi Hassan II pourrait passer dans la journée. Soit cinq ans après les émeutes du pain auxquelles ce policier a participé et dont les images ouvrent le film. L'on ne peut s'empêcher de penser immédiatement au film «C'est eux les chiens» qui évoque la sortie de prison d'un homme qui avait déjà pris part à ces manifestations et fut mis en cellule durant 30 ans...L'injustice, la monstruosité humaine, mais aussi la compassion malgré tout sont les ingrédients de prédilection de tous les films de Hicham Lasri. Là encore, est-on allégrement servi.
Un cinéma engagé
Ou comment faut-il «épouser» el Makhzen pour sortir de la galère et rentrer dans le rang de la modernité? Hicham Lasri dépeint là encore une société dans la marge avec une succession de personnages qui vont défiler sur notre écran comme des apparitions divines, presque irréelles.
Dans ce no man's land qu'est ce village perdu quelque part au Maroc, les situations des plus ubuesques vont éclater. Le film, au fur et à mesure que le temps amène à narrer le chaos intérieur qui git dans ce corps malade du policier comme un régime en déliquescence qui a longtemps abandonné son peuple. Nous voila dans un univers surréaliste, avec des situations loufoques où le territoire délimité par un trait jaune sépare Pepsi de Coca-Cola et où un policier demande à ce qu'on l'assomme avec sa propre matraque pour faire taire ses maux de tête....dans cet espace temps qui perd pied, les teneurs du pouvoir eux -mêmes semblent perdre la tête tout comme ces nombreuses horloges qui ne fonctionnent plus sauf une seule entendons- nous dans le film..Daoud, tennisman, garde en lui aussi des séquelles de projectiles de pierre où il n'en sortira pas indemne. Ses idées sont floues. Lui -même ne sait plus s'il a tué sa femme ou pas. Les personnages déglingués autour de lui semblent pourtant reprendre du poil de la bête et de la force par moment. Mais la peur est constante. Les femmes sont plus fortes. Le film met à plat et sans fioriture la politique du Maroc qui tend à assujettir l'homme et l'écraser comme une fourmi. Hicham Lasri évoque ainsi également ces jeunes raflés par la police, témoigne cette femme amazighe qui n'a plus revu son mari alors que son fils, ironie du sort, tente de sympathiser avec Daoud. Ce dernier vient boire du café chez cette même femme, non sans avoir retiré son brassard de policier autour du bras. Film tragi-comique, Hicham Lasri se contente de relater des choses vraies qui ne sont pas belles à dire mais de façon si incroyablement belles qu'il intrigue! Il a intrigué d'ailleurs pas mal de monde dans la salle Atlas en ce 10 septembre 2018. La fausse vacuité des plans de Headbang Lullaby n'a d'égal que le temps mort qui tourne en boucle dans un esprit creux, renfrogné, fermé à tout dialogue, têtu, celui d'un pouvoir qui fut oppressif entraînant dans son sillage une certaine folie mi-douce mi-amère qui est bien rendue sous le prisme de l'absurde dans la plupart des films de Lasri. Un temps lacéré comme l'est la destinée de ces hommes. Un cinéma qui ne passe pas inaperçu tant il fait sauter les verroues du politiquement correct, que ce soit au niveau des dialogues, des plans ou le trait esthétique. Un cinéma radical qu'on aime ou qu'on n'aime pas, mais en tout cas qui ne laisse personne indifférent.
Réseau des ciné-clubs algériens
Une bonne idée qu'à eue le ciné-club Cinuvers de programmer ce film en fin de séance afin de laisser place à un débat enrichissant sur la liberté d'expression et l'industrie cinématographique au Maroc, qui, faut-il le reconnaître, est nettement plus avancée que nous en Algérie. Il est bon de rappeler que Cinuvers qui a entamé sa rentrée sous les chapeaux de roue avec ce cycle filmique spécial issu du catalogue Afac, venait de prendre part à Béjaïa à la rencontre maghrébines des ciné-clubs, mais pas que. Cinuvers a été à la rencontre en effet de nombreux ciné-clubs algériens qui activent sur le territoire, fera connaissance aussi avec la Confédération tunisienne des ciné-clubs dont l'action pluridisciplinaire en Tunisie n'est plus à prouver tant sa réputation l'a précédée. Nabil Aït Saïd, cofondateur du collectif Cinuvers d'Alger, nous confiait à Béjaïa son contentement, suite aux travaux menés durant les RCB, affirmant que c'était « très constructif pour nous et le fait de rencontrer d'autres ciné-clubs d'Algérie, d'échanger nos contacts et de commencer des projets en commun avec la création du Réseau des cinéclubs algériens» tout en indiquant aussi que ce Réseau national des ciné-clubs est une ossature pour aller vers la création d'une Fédération des ciné-clubs. Les premières démarches consisteront à l'échange de films, de conseils, d'entraide administrative et d'actions pratiques. Il nous fera savoir que la prochaine action sera de contacter d'autres ciné-clubs, «car grâce à cette rencontre dans le cadre des RCB, nous avons eu des pistes d'autres ciné-clubs que l'on ne connaissait pas. Cela permettra de passer à la seconde action qui est l'organisation d'une deuxième rencontre nationale autour d'ateliers de formation des animateurs de ciné-club. Sur invitation du doyen des ciné-clubs en Algérie, en l'occurrence le ciné-club de Mascara, qui existe depuis trente ans. Nous allons également ensemble oeuvrer à préparer le cadre légal et administratif pour la création de la Fédération des ciné-clubs algériens avec pour objectif de faire revivre les salles de cinéma à travers les ciné-clubs qui restent la meilleure alternative dans le contexte actuel.»


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