Premier soutien du gouvernement birman, Pékin prétend que la crise est une affaire bilatérale entre la Birmanie et le Bangladesh où plus de 700.000 Rohingyas se sont réfugiés après avoir fui une répression militaire terrible dans l'Etat Rakhine. Neuf pays du Conseil de sécurité ont réclamé, mardi, dans une lettre, d'entendre la Mission d'établissement des faits de l'ONU sur la Birmanie, auteure d'un rapport explosif en septembre sur les exactions contre la minorité musulmane Rohingya. Cette missive a été envoyée à la Bolivie, présidente en exercice du Conseil de sécurité en octobre. Les neuf signataires sont la Côte d'Ivoire, la France, le Koweït, les Pays-Bas, le Pérou, la Pologne, la Suède, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Une majorité de neuf pays sur les quinze membres du Conseil est nécessaire pour éviter tout vote de procédure (le droit de veto est inopérant dans ce cas) conduisant à l'échec de la démarche. Depuis le déclenchement de la crise des Rohingya à l'été 2017, la Chine a multiplié les pressions pour empêcher toute action du Conseil de sécurité. Ce dernier a mené une poignée de réunions, produit quelques déclarations mais sans réelle conséquence. Premier soutien du gouvernement birman, Pékin considère que la crise est une affaire bilatérale entre la Birmanie et le Bangladesh où plus de 700.000 Rohingyas se sont réfugiés après avoir fui une répression militaire féroce dans l'Etat Rakhine (ouest). Il revient au président du Conseil de fixer une date pour la réunion demandée. Créée et basée à Genève, la Mission d'établissement des faits de l'ONU sur la Birmanie doit présenter son rapport le 23 octobre devant l'Assemblée générale des Nations unies. Selon des diplomates, une session avec le Conseil de sécurité pourrait intervenir le lendemain, le 24 octobre. Mi-septembre, cette mission onusienne -non autorisée à se rendre sur place mais qui a recueilli de nombreux témoignages d'exilés Rohingyas- avait présenté devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU un rapport dénonçant un «génocide» et appelant à la poursuite devant la justice internationale des généraux birmans. Dans une lettre au président du Conseil de sécurité, diffusée aux médias et datant du 16 octobre, la mission birmane à l'ONU s'inquiète d'une réunion sur le génocide des Rohingyas. Elle rappelle que le gouvernement birman a rejeté les conclusions de la Mission de l'ONU, mis en cause son indépendance et sa composition. «Une présentation du rapport devant le Conseil de sécurité n'aidera pas à bâtir la paix, l'harmonie, la réconciliation nationale dans l'Etat Rakhine. Elle ne servira qu'à exacerber l'incompréhension entre l'ONU et la Birmanie», avertit la mission birmane qui tente l l'intimidation.