Une chute et des craintes L'hémorragie semblait vouloir se résorber, les prix du Brent se sont stabilisés autour des 77 dollars, hier en cours d'échanges européens. L'affaire «Jamal Khashoggi», journaliste saoudien assassiné dans le consulat saoudien d'Istanbul, s'est transformée en bras de fer entre Riyadh et Washington. Donald Trump qui n'est pas resté de marbre avait déclaré le 13 octobre à la chaîne CBS que les Etats-Unis infligeraient un «châtiment sévère» à l'Arabie saoudite s'il est confirmé que Jamal Khashoggi a été assassiné. Riyadh a brandi l'arme du pétrole par le biais de sa chaîne de télévision Al Arabiya et avertit que les cours de l'or noir pourraient flamber et atteindre des records jusque-là insoupçonnés. «Si la hausse du prix du pétrole à 80 dollars déplaisait au président Trump, il ne faudrait pas s'étonner de voir le cours s'envoler à 100, ou même 200 dollars» en cas de sanctions, a laissé entrevoir le média saoudien. Les cours de l'or noir se sont retrouvés pris en tenailles de cette prise de becs qui a apparemment tourné en faveur du locataire de la Maison-Blanche qui a souhaité voir les prix du pétrole baisser. Sous pression, les dirigeants saoudiens ont dû faire profil bas et se montrer plutôt coopératifs. Ils ont tendu la perche à la requête américaine pour faire baisser les prix du brut en assurant qu'ils se tenaient prêts à augmenter leur production pour pallier la baisse de l'offre iranienne affectée par les sanctions américaines. Le fusil saoudien a changé d'épaule. Il s'est même enrayé. L'Arabie s'est dite prête à augmentation de un à deux millions de barils par jour. Le baril a réagi instantanément à cette déclaration. Il a plongé de plus de trois dollars mardi à Londres et de 2,93 dollars à New York. «Ce repli significatif a été précipité par des commentaires du ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh qui a assuré que son pays était prêt à accroître sa production d'un à deux millions de barils, ce qui permettrait de compenser les pertes liées aux sanctions américaines contre l'Iran», a indiqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Autre mauvais signe qui a contribué à enfoncer les cours de l'or noir: Les stocks américains annoncés en nette hausse. «Les prix du Brent sont passés sous la barre des 77 dollars mardi après la publication de l'API, qui a fait état d'une hausse très marquée de 9,88 millions de barils des réserves de brut des Etats-Unis», a commenté Michael van Dulken, analyste chez Accendo Markets. Par ailleurs, «en dépit des sanctions contre l'Iran, qui commenceraient dans 10 jours à peine, les marchés ont été rassurés par l'Arabie saoudite», a résumé Carlo Alberto De Casa, analyste chez ActivTrades. En attendant la confirmation de la baisse des réserves US par le Département américain de l'Energie, le baril a pris tous les analystes à contrepied. L'hémorragie semblait vouloir se résorber, les prix du Brent se sont stabilisés autour des 77 dollars hier en cours d'échanges européens. Vers15 heures10, à Alger, le baril de Brent de la mer du nord s'affichait à l'équilibre à 76,44 dollars. A New York il se négociait à 66,83 dollars soit une hausse de 40 cents par rapport à la séance de la veille. Le suspense persiste...