Les experts de l'ICG ne disent évidemment pas qu'il est cent fois plus difficile de sortir de la pauvreté que d'y entrer. La situation de l'économie nationale n'intéresse pas que le FMI et la Banque mondiale. Le centre d'analyse International Crisis Group (ICG) dit voir dans l'état des lieux des finances publiques, une voie incontournable vers la crise économique. ICG ne donne aucune chance au pays et décrète que l'année 2019 sera celle de la dégringolade. Le rapport publié, hier, revient sur les «constantes» des faiblesses de l'Algérie qui tire ses recettes en devises, principalement, des hydrocarbures. De fait, ICG rappelle une évidence que nul ne rejette, à savoir qu'en 2014 et 2017, le coup pris par l'économie nationale était dur. Sans s'arrêter sur les quatre années de gestion de cette crise majeure, dont les résultats contredisent toues les analyses pessimistes du FMI et de la Banque mondiale, ICG force une autre porte ouverte en renouvelant la même litanie que servent les «experts» et que la réalité du terrain n'a de cesse de démentir. «Les nouvelles réalités financières ne permettent plus de maintenir le niveau élevé de dépenses publiques des dix dernières années», rapporte le document d'ICG, comme pour faire de l'écho à ce qui se radote depuis le contre-choc pétrolier de juin 2014. A l'image des commentaires qui pullulent, arguant que la politique sociale de l'Etat «vide rapidement les caisses de l'Etat», l'ICG semble visiblement regretter que le gouvernement n'ait pas pris le virage «à droite» souhaité par ses experts. Dans le document intitulé «Surmonter la paralysie économique de l'Algérie», l'ICG fait état de «promesses des gouvernements successifs de faire des réformes et de rééquilibrer les finances publiques» et accuse que «la paralysie politique a fait obstacle à toute mesure décisive», histoire d'expliquer un choix différent et souverain décidé par l'Algérie. Ce que ICG qualifie de «paralysie» n'est rien d'autre que la détermination du gouvernement algérien à poursuivre le plan de réalisation de logement et les recrutements dans la santé et l'Education nationale. Ce genre d'opération coûte beaucoup d'argent et ICG doute de sa rentabilité. Celle-ci n'est certes pas financière, mais éminemment sociale, en parfaite adéquation avec la philosophie de l'Etat algérien, quitte pour ce faire, à recourir au financement non conventionnel. Cela, les experts de l'ICG ne semblent pas le concevoir et estiment que malgré le «rétablissement du cours du pétrole, la crise économique pourrait frapper le pays dès 2019». Le rapport qui tente une politisation de l'économie en évoquant l'élection présidentielle croit savoir que «les autorités reconnaissent que le modèle actuel est à bout de souffle» et décrète l'absence de toute volonté de «le corriger», pour la simple raison que l'Etat algérien a choisi d'ignorer les solutions «traditionnelles» préconisées par le FMI et la Banque mondiale. Le rapport préfère parler de report des réformes économiques au lieu de s'attarder sur les efforts du gouvernement, dans la diversification de l'économie. De fait, l'ICG n'est pas dans l'écoute, mais dans une sorte de «forcing» pour «isoler» l'Algérie qui a pris un autre chemin pour sortir de la crise, au lieu et place d'apporter de la médication préconisée par les «experts» de la mondialisation. La diversion choisie par l'ICG pour brouiller toute lecture objective des indices macroéconomiques de l'Algérie, qui contredisent toutes les prévisions des «experts» consiste à évoquer la période 1992-2002 qui aurait accouché de «groupes d'intérêt» influents à l'origine d'un «statu quo» que l'ICG s'entête à voir. En réalité, le pays a réussi la prouesse de maintenir toutes ses chances d'émergence malgré un contexte financier difficile. L'ICG n'évoque ni le taux d'inflation actuel ni celui du chômage et encore moins la croissance du PIB. Le rapport se contente d'asséner qu'«à terme, l'Algérie ne pourra pas se contenter d'apporter de petits ajustements techniques à sa politique économique». Une manière de reconnaître les succès, sans leur faire de la publicité. Les «ajustements techniques» empêchent des millions de citoyens de basculer dans la grande misère, rien que pour afficher un bilan financier équilibré. Les experts de l'ICG ne disent évidemment pas qu'il est cent fois plus difficile de sortir de la pauvreté que d'y entrer.