Suite à un avertissement lancé à Russia Today par le régulateur britannique des médias, la BBC fait l'objet d'une enquête russe. En effet,au lendemain d'une mise à pied de la chaîne anglophone du Kremlin par le régulateur britannique Ofcom (l'équivalent du CSA), le régulateur russe Roskomnadzor a riposté par l'ouverture d'une enquête contre le service russophone de la BBC, installé à Moscou. Une liste de 44 journalistes de la BBC basés à Moscou, presque tous russes, a été publiée par des médias nationalistes russes pro-Kremlin. Les journalistes sont présentés avec leurs photographies comme «des conteurs et des fabulistes». Une démarche similaire du Sunday Times, qui a publié dimanche dernier un article nommant huit employés (journalistes et personnel administratif) de l'agence d'Etat Sputnik (qui appartient au même holding que Russia Today) basés à Edimbourg. Le Sunday Times les présente comme des «agents du Kremlin» cherchant à «déstabiliser» le Royaume-Uni. Les autorités russes ont réagi avec colère à la publication britannique qui, selon eux, place les employés de Sputnik en danger. Russia Today, la chaîne du Kremlin, qui dispose depuis 2014 d'une rédaction à Londres, a subi deux ans plus tard un gel de ses comptes bancaires pendant plusieurs mois. L'Ofcom épingle aujourd'hui Russia Today pour «infraction aux règles d'impartialité» dans le traitement de l'affaire Skripal (empoisonnement d'un ancien espion russe) et celui des conflits en Ukraine et en Syrie. L'autorité britannique menace d'imposer des sanctions contre RT, qui pourraient déboucher sur le retrait de sa licence de diffusion. La ligne éditoriale de Russia Today diffère de celle de la BBC. Cette dernière est monolithique, épouse la vision du monde du Kremlin, promeut sa politique étrangère, réserve ses piques aux gouvernements occidentaux et se concentre sur les conflits existant au sein de ces démocraties. La BBC n'est pas le seul média étranger dans la ligne de mire des autorités russes. Fin juin, le Sénat russe a menacé de suspendre la licence de la Deutsche Welle, le service de diffusion international de l'Allemagne, pour «diffusion d'informations offensantes sur la Russie». À la même époque, Roskomnadzor a menacé son équivalent français, France 24, d'une sanction pour «infraction à la loi sur les médias». La menace intervenait au lendemain d'un avertissement en France du CSA à Russia Today pour «diffusion d'information à caractère propagandiste»... Cette concurrence entre la BBC et RT est la conséquence de la détérioration des relations politiques entre la Grande- Bretagne et la Russie, suite à l'affaire Skripal. [email protected]