Quoi de mieux encore une fois que la poésie pour adoucir le monde et égayer les âmes, en guise de portes ouvertes sur l'indicible possible de la création! Elle s'appelle Ida Börjel et elle est poète et traductrice, suédoise. Ses poèmes ont été traduits dans 23 langues. Elle était jeudi l'hôte de Brokk'Art, chez Issue98, un espace de l'art de vivre à tout point de vue. Après le succès de la revue littéraire et de poésie «Critker» en Suède, cette dernière est venue le présenter à Alger et pour cause! Ce dernier met en avant pour la première fois des artistes algériens dans cette revue littérature suédoise, écrite en suédois. Pour en parler, Ida était l'invité de Samira Negrouche, elle-même poétesse qui a aidé à la traduction les textes des autres poètes algériens, soit de l'arabe ou du français. En effet, c'est la première fois qu'on traite dans cette revue du Maghreb et de l'Algérie. On y trouve des noms de poètes femmes connues au moins connues. Parmi elles Zineb Laoudj, Baya Mahiedine, Jasim Mohamed, Nassira Mohamedi, Samira Negrouche, Assia Djebar, Nina Bouraoui, aussi quelques pages des mémoires de Zohra Drif etc. Ce livre a comme illustration en photo couverture une des oeuvres de Hania Zazoua. D'autres visuels de cette dernière sont également discernables dans ce livre. Le travail de Hania a été découvert lors d'une exposition à Londres. Aussi, quoi de mieux que d'inviter cette poétesse Ida, une des artisanes de cette revue et qui a participé activement à l'élaboration et la concrétisation de cette belle aventure littérature? Sur invitation de Samira Negrouche, Ida est revenue cette fois en Algérie après un premier voyage, mais cette fois comme poétesse pour rencontrer son public et ainsi parler de ce passionnant projet littéraire qui a traversé la mer pour aller à la découverte d'autres poètes d'horizons nouveaux. A cette occasion Brokk'Art, qui associe l'art au design, a ainsi souligné cette démarche à nouveau en faisant faire un mobilier à l'effigie de l'oeuvre qui consacre la couverture de cette revue. Un mobilier très arty sur lequel étaient assises Ida et Samira Negrouche lors de cette sympathique rencontre jeudi dernier. Un après-midi tout en harmonie qui a consisté en la présentation, lecture d'extraits des deux livres références en poésie de l'invité d'honneur de Issue 98,à savoir, «Sonde», premier livre de Ida, écrit en 2004, et «Ma», son oeuvre majeure, pour lequel elle a été sélectionnée pour un grand prix en Suède, l'équivalent du Goncourt en France. Ce livre est en cours de traduction au Mexique, aussi des extraits de ce livre ont été traduits en russe mais également en français. «Ma» a été écrit suite à un traumatisme, celui de la douleur d'une perte d'un enfant. S'ensuivra chez Ida un silence qui a duré plus d'une année. Et puis le déclic grâce à un livre, intitulé «Alphabet» de Inger Christensen pour qu'elle se remette à écrire... Evoquant d'abord la démarche professionnelle de la revue «Critiker», Samira Negrouche expliquera: «Ce travail a été fait par des petites mains qui ont pris le temps de réfléchir l'Algérie, d'approcher l'Algérie, sans aucun préjugé, parce que c'est un pays avec lequel il n'y a pas d'histoire ou très peu ou pas d'histoire traumatique. C'est des poètes qui ont approché une littérature, des poètes qui ont approché des artistes. Pendant ce travail de recherches, elles ont trouvé les oeuvres de Brokk'Arts, Hania Zazoua. Ce fut un choix collégial.» Puis, Samira de prévenir l'assistance, un peu plus loin, avant l'entame de la lecture: «La voix d'un poète c'est toujours une voix nouvelle. Ne vous inquiétez pas, parfois des choses vous échappent.» Aussi, c'est dans une atmosphère solennelle que les deux poètes ont déroulé leurs mots... «C'est à l'intérieur de sa société suédoise occidentale qu'elle va aller chercher ce que le discours de pouvoir porte de violent, ce pouvoir peut être économique, politique, juridique etc.» confie Samira Negrouche à propos des textes, de Ida, restée stoïque et pudique tout au long de ce récital poétique, qui nous aura projeté dans un voyage au coeur d'une société que l'on ne connaît pas, dans des histoires de guerre, mais aussi de trouble et de désordre, celui de notre humanité tout compte fait. Ce fut enfin, une belle façon qu'a eu Brokk'Art pour entamer son année avec cette manifestation qui appelle aux mots pour dire l'émotion et le désir du vivre ensemble en réunissant cette belle brochette d'artistes qui, issus de deux pays différents ont su abolir les frontières et faire honneur à l'art en le fêtant dignement. Quoi de mieux encore une fois que la poésie pour adoucir le monde et égayer les âmes, en guise de portes ouvertes sur l'indicible possible de la création!