Et Kim Jong Un suit les pas de Kim Il Sung à Dong Dang Les moindres gestes seront alors épiés par les médias présents et, parmi eux, les Américains qui gardent à l'esprit l'exigence sans cesse répétée par le Pentagone et le Département d'Etat d'une «dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible». C'est hier soir que le président américain Donald Trump est arrivé à Hanoï où il doit rencontrer aujourd'hui, pour la seconde fois en quelques mois, le leader nord-coréen Kim Jong Un dans le cadre d'un nouveau sommet «historique» consacré à la dénucléarisation de la Corée du Nord. L'avion présidentiel Air Force One s'est posé peu avant 21h00 locales à l'aéroport international de Hanoï, cerclé de mesures de sécurité draconiennes, et vers lequel les regards du monde entier seront désormais tournés pendant quarante-huit heures. C'est en effet le temps prévu pour permettre aux discussions - on ne parle pas encore de négociations - entre les deux dirigeants qui rivalisent de superlatifs au sujet de leur relation «amicale», faisant l'impasse sur des mois d'échanges acrimonieux et parfois même à la limite de l'injure lorsque Pyongyang multipliait les défis avec ses essais nucléaire et balistiques. L'objectif avoué de ce second rendez-vous vise à donner une certaine consistance à la déclaration qui a sanctionné le sommet de Singapour dont il est apparu que les «engagements» étaient avant tout symboliques. Critiqué pour ce «manque de résultat» par ses adversaires démocrates et une partie du clan républicain, Donald Trump se dit déterminé à obtenir davantage de concessions de la part de son interlocuteur nord-coréen qui exige, de son côté, une levée conséquente des sanctions internationales pesant sur son pays. Le temps de la vindicte étant passé, ainsi que celui de la suspicion, il semble bien que les chances d'un accord amiable de nature à contenter Américains et Nord-Coréens soit venu, surtout que l'allié de Kim Jong Un, à savoir la Chine de Xi Jinping, souhaite progresser dans cette voie pour des raisons aussi particulières que pressantes. Les Vietnamiens n'ont pas lésiné depuis plusieurs semaines, sur les préparatifs pour que Hanoï accueille dignement un événement aussi important pour la région du sud-est asiatique. Durant deux jours, Trump va y jouer son va-tout afin de parvenir à arracher une dénucléarisation «complète et vérifiable» à Kim Jong Un auquel il a présenté un tableau idyllique de l'avenir socio-économique dont pourrait alors bénéficier la Corée du Nord. Tout en se disant «prêt à prendre tout son temps», le président américain sait pertinemment que le temps presse et qu'il se trouve, contrairement à Kim Jong Un, sous une haute pression des instances américaines à l'affût de son échec éventuel. Quant à Kim Jong Un, l'Odyssée de 4000 km à bord du fameux train blindé jusqu'à Dong Dang aura retenti comme un appel à la sérénité des lieux et du moment, lui conférant une latitude plus portée à la patience qu'à la recherche du fleuret moucheté antérieur. Il aura donc l'avantage de l'équipe alignée en match retour et bénéficiaire d'un résultat quasiment nul au match aller. Sans en avoir été un témoin direct, il aura également une pensée émue pour cette ville de Dong Dang où son grand-père Kim Il Sung avait débarqué du même train, voici 55 ans! Signe des temps nouveaux, le président américain et le leader nord-coréen affichent tous deux un optimisme de circonstance, Donald Trump ayant déjà qualifié, sur Twitter, le sommet de «très productif». On sera édifié ce soir-même, un dîner étant prévu entre les deux hommes et leurs proches collaborateurs, selon la porte-parole de la Maison- Blanche Sarah Sanders. Les moindres gestes seront alors épiés par les médias présents et, parmi eux, les Américains qui gardent à l'esprit l'exigence sans cesse répétée par le Pentagone et le Département d'Etat d'une «dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible». De quoi plomber l'ambiance du côté nord-coréen où on attend la liste également concrète des gestes attendus des Etats-Unis, en particulier la proclamation de la fin des hostilités entre les deux pays, jamais scellée depuis la guerre de Corée (1950 à 1953).