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"Il s'agit de démanteler méthodiquement ce système"
ABDESLAME ALI RACHEDI, ANCIEN MINISTRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 30 - 03 - 2019

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Homme politique convaincu, ancien ministre de l'Enseignement supérieur et ancien premier secrétaire du FFS, Abdeslame Ali Rachedi explique dans cette interview qu'«il
n'y a qu'un seul moyen de faire comprendre à ce système que ses jours sont comptés: poursuivre et intensifier la mobilisation». Aussi, précise-t-il, «au lieu de perdre du temps dans les fausses solutions, il faut sans tarder commencer à démanteler l'autoritarisme populiste, islamo-nationaliste».
L'Expression: Quelle est votre analyse sur cette offre du général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah qui propose d'engager l'application de l'article 102 de la Constitution?
Abdeslame Ali Rachedi: La réaction de l'armée était attendue. Le plan concocté par les décideurs et lu à la télévision au nom de Bouteflika, comportait une soi-disant période de transition avec un «gouvernement inclusif» et une conférence nationale. Ce plan a été massivement rejeté par le peuple. En conséquence, Nouredine Bedoui a totalement échoué dans sa mission de constituer un gouvernement. De même d'ailleurs que Lakhdar Brahimi, même si sa mission exploratoire n'était qu'officieuse. La raison principale de cet échec vient du fait que l'Algérie a déjà connu une période de transition entre 1992 et 1997 qui n'a servi au final qu'à consolider une normalisation autoritaire.
Instruit par cette expérience, le peuple a su déjouer une nouvelle ruse du pouvoir. La transition voulue par le pouvoir consistait à créer délibérément un vide juridique et institutionnel, créer ensuite des institutions factices non élues pour remplir le vide et revenir ensuite à la situation antérieure pour restaurer l'autoritarisme.
Or ce que réclame le peuple est le départ définitif du système et non son replâtrage. Autrement dit, il exige une transition vers la démocratie, c'est-à-dire le démantèlement du système en place, dans tous ses aspects et l'édification à la place d'un régime démocratique. Mais pour comprendre les motivations de la sortie de Gaïd Salah, il faut prendre en considération la question qui a été à l'origine directe de la révolte: le 5ème mandat.
La sortie de Gaïd Salah à propos de l'application de l'article 102 ne lève pas le voile sur la question principale à l'origine de cette situation: l'échec des clans à se mettre d'accord sur un candidat à même de leur garantir le statu quo. Ont-ils enfin trouvé ce fameux candidat? Rien n'est moins sûr. Cela fait deux ans que les décideurs s'entre-déchirent sans avoir pu dénicher un candidat capable d'assurer la continuité du système. Et c'est parce qu'ils n'avaient pas trouvé l'oiseau rare qu'ils s'étaient rabattus, faute de mieux, sur un 5ème mandat de Bouteflika. L'idée était de gagner du temps dans l'espoir de trouver ce fameux candidat. Peine perdue, car ce candidat n'existe probablement pas.
Pourquoi? Parce que nous vivons la fin de la légitimité dite historique ou révolutionnaire. Tous les dirigeants, issus de la guerre de libération, sont tous très âgés. Bouteflika, à 82 ans, est le plus jeune de cette génération.
A l'avenir donc, la seule légitimité dont on pourra se prévaloir sera la légitimité démocratique...
En effet, mais on n'y parviendra pas sans une révision déchirante de la part des tenants actuels du pouvoir. Car il s'agit de démanteler méthodiquement tout l'arsenal sur lequel repose le populisme islamo-nationaliste autoritaire, construit durant 57 ans et édifier pas à pas, à la place, un régime démocratique, respectueux des droits de la personne humaine et de la diversité.L'invocation tardive de l'article 102 ne répond pas du tout à la question et peut être considérée comme une diversion: sacrifier un Bouteflika, déjà hors-jeu depuis plusieurs années, pour tenter de sauver le système. D'ailleurs, une opinion très largement partagée dit que cet article est inapplicable pour diverses raisons. Il ne reste que 30 jours pour la fin du mandat et le délai minimum de mise en oeuvre de l'empêchement est de 45 jours. Paradoxalement, cet article ne peut être appliqué qu'en violant une nouvelle fois la Constitution. Et puis quel crédit accorder à un Conseil constitutionnel qui a accepté un dossier par procuration (interdite par le règlement du Conseil constitutionnel) d'un homme qu'il savait malade et incapable d'exercer ses fonctions? Un Conseil constitutionnel qui a accepté l'annulation de l'élection alors que la Constitution l'interdit.
Pour la suite des événements, quel scénario imaginez-vous sachant que le peuple demande le départ de pas seulement Bouteflika?
La réponse du peuple sera donnée le vendredi 29 mars(hier,ndlr). Il est fort à parier qu'il y aura une mobilisation massive. L'idée que la présidence par intérim puisse être confiée à Bensalah est unanimement rejetée. Et ce n'est pas un Bedoui qui a déjà eu à exercer ses «talents» en tant que ministre de l'Intérieur et qui a échoué à constituer un gouvernement d'ouverture qui sera l'homme de la situation. Idem pour le président du Conseil constitutionnel, homme lige du clan présidentiel. Sans compter qu'un délai de 90 jours est très largement insuffisant pour une élection aussi cruciale. Alors, pourquoi s'attacher au respect formel d'une Constitution en lambeaux?
Tous ces experts, politiciens et personnalités qui redoublent d'ingéniosité pour proposer leur propre plan de sortie de crise et autres feuilles de route, dans le but de revenir rapidement à la légalité constitutionnelle, n'ont tout simplement pas compris ou feignent de ne pas comprendre ce que veut le peuple. Consciemment ou pas, ils s'agrippent, sans trop y croire, à la sécurité du statu quo voulu par le pouvoir et redoutent le changement sur lequel planent plusieurs inconnues. En définitive, le peuple finira bien par imposer sa propre feuille de route.
Plus que jamais, la question est: préserver à tout prix le statu quo au risque d'une implosion du pays ou changement en vue de mettre en place, pas à pas, un vrai régime démocratique
Quelle solution préconisez-vous?
Les solutions ne peuvent venir que d'une lecture lucide des aspirations du peuple. Nous sommes face à une véritable révolution démocratique et pacifique qui réclame un changement complet du système, de ses méthodes et de ses hommes. Au lieu de perdre du temps dans les fausses solutions, il faut sans tarder commencer à démanteler l'autoritarisme populiste, islamo-nationaliste, au plan juridique par l'abrogation de toutes les lois liberticides, au plan idéologique par la dissolution du FLN et de ses organisations satellites, au plan institutionnel, par supprimer les ministères de l'Information, des Moudjahidine et des Affaires religieuses. Entre autres mesures destinées à permettre aux citoyens et citoyennes de s'organiser librement pour tracer les contours de leur avenir. Il n'y a qu'un seul moyen de faire comprendre à ce système que ses jours sont comptés: poursuivre et intensifier la mobilisation.
Au plan international, les réactions semblent plutôt timides, pour ne pas dire mitigées. Comment expliquer ces postures?
Pour le moment, les réactions sont relativement sereines. Mais les pays environnants s'inquiètent de la tournure que pourrait prendre la confrontation entre la rue et le pouvoir. La raison d'Etat fait que ces pays soutiennent plutôt le régime en place, non seulement pour préserver leurs intérêts, mais surtout parce qu'ils pensent qu'il n'y a pas d'alternative. Ils craignent surtout un risque de récupération par les islamistes.
La position des USA est au contraire favorable à un changement de régime. La raison principale en est que les USA sont le promoteur et le principal bénéficiaire de la mondialisation et cherchent tout naturellement à imposer la mondialisation partout où ils le peuvent. Au besoin en forçant les pays récalcitrants à s'ouvrir, quitte à recourir à la force. Les autocrates nationalistes et populistes, qui constituent un obstacle objectif à l'expansion du marché mondial, sont des cibles toutes désignées. Les Américains ont en effet, une conception minimaliste de la démocratie, réduite à l'Etat de droit et à l'économie libérale. Dans ce cadre, il est évident que l'Algérie est ciblée. Pour s'en prémunir, le mieux serait de dégager au plus vite le régime en place et de s'engager dans une transition vers la démocratie au bénéfice du peuple algérien.


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