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La grande tare de la loi de finances 2020
Absence de vision stratégique sur l'avenir de l'économie algérienne
Publié dans L'Expression le 11 - 11 - 2019

Les prévisions de toutes les lois de finances en Algérie et notamment ses réserves de changes sont essentiellement fonction des recettes de Sonatrach, qui procurent directement et indirectement avec les dérivées, environ 98% des recettes en devises et dont les prix du pétrole/ gaz échappent totalement à l'Algérie, étant déterminés par des facteurs exogènes tant économiques que géostratégiques. Une analyse sommaire du PLF 2020 montre que les recettes prévisionnelles sont de l'ordre de 6 200,3 milliards de dinars en 2020 -52,54 milliards de dollars soit une baisse de 7% en raison du recul de la fiscalité pétrolière à 2 200,3 milliards (18,64 milliards de dollars) contre 2.714,5 milliards de dinars en 2019,(23,00 milliards de dollars), 500 milliards de dinars,(4,23 milliards de dollars) étant prévu un système fiscal spécial aux hydrocarbures séparé des lois de finances avec une hausse moyenne de la fiscalité ordinaire prévue devant passer à 300 mds de dinars (2,54 milliards de dollars) en 2020, et pas moins de 46 mesures fiscales sont contenues dans le projet de loi de finances 2020.
Pour les dépenses publiques, il est prévu pour le budget de fonctionnement 4 893 milliards de dinars- 41,46 milliards de dollars, et pour le budget d'équipement, le PLF a réservé une enveloppe de 1 619,88 mds de dinars -13,72 milliards de dollars - (37,7%) au budget d'autorisation de programmes de 2020, en sus d'un autre montant de 2 929,7 mds de dinars -24,83 milliards de dollars pour les crédits de paiement. Nous avons une coupe sévère dans les dépenses d'équipement (-18,7%) et une légère baisse des dépenses de fonctionnement (1,2%). Ainsi, le PLF 2020 prévoit un déficit du budget de -1 533,4 milliards de dinars -12,30 milliards de dollars (-7% du PIB) et un déficit du Trésor de -2 435,6 milliards de dinars -20,65 milliards de dollars (-11,4% du PIB), avec une dette publique de 8530 milliards de dinars -72,30 milliards de dollars- soit 41,4% du PIB. Le déficit de la balance des paiements devrait atteindre 8,5 milliards de dollars en 2020 contre 16,6 milliards de dollars en 2019, soit une baisse de 8,1 milliards de dollars.
Par ailleurs, le PLF 2020 prévoit afin d'améliorer le climat des affaires et de l'attractivité de l'économie d'assouplir la règle des 51/49% aux seuls secteurs stratégiques sans pourtant les définir avec précision et pour combler le déficit de financement de recourir de manière sélective, au financement extérieur auprès d'institutions financières internationales de développement pour financier les projets économiques structurels et rentables.
Ces mesures conjoncturelles ont, certes, un impact sur le niveau des réserves de changes, mais ce qui devrait ralentir la croissance qui est tirée essentiellement par la dépense publique, ne pouvant gérer un pays comme une épicerie, mais avoir une vision stratégique de transformation du capital -argent en accumulation des richesses.
Car bon nombre de pays développés ayant un niveau d'endettement public élevé par rapport au PIB et réserves de changes presque nul ont une économie productive: attention au mythe monétaire devant synchroniser la sphère réelle avec la sphère financière, la dynamique économique et la dynamique sociale. L'expérience de l'ex-Roumanie communiste qui avait une dette extérieure zéro, mais une économie en ruine et l'expérience récente vénézuélienne premier réservoir mondial de pétrole avant l'Arabie saoudite en misant uniquement sur la rente, jouant sur les mécanismes monétaires a conduit le pays à une hyperinflation et à la semi-faillite.
Dans la présentation de la loi de finances 2019, le ministre chargé du secteur annonce fin 2020 un niveau de réserves de changes de 51,6 milliards de dollars. Les recettes se basent sur une augmentation des revenus des exportations des hydrocarbures en 2020 de 2% par rapport à 2019 pour atteindre 35,2 milliards de dollars, contre 34,5 milliards de dollars en 2019. Ceci, en raison d'une augmentation de 2,06% des quantités d'hydrocarbures devant être exportées. Le cadrage économique repose sur un prix référentiel du baril de pétrole à 50 dollars et un prix de marché du baril à 60 dollars, le gouvernement reconnaissant un recul des quantités d'hydrocarbures exportées de 12% à fin juillet 2019 après une baisse de 7,3% en 2018, mais sans préciser que 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz naturel(GN-76% et GNL-24%) dont le cours a connu une baisse d'environ 40% ces dernières années fluctuant pour le cours du marché libre en 2019 entre 2-3 dollars le Mbtu. Ce niveau des réserves de changes a été calculé avec l'hypothèse d'un niveau des importations, de 38,6 milliards de dollars en 2020, comme rappelé précédemment avec un déficit de la balance des paiements de 8,5 milliards USD en 2020. Or, en référence aux données du déficit de la balance de paiements 2019 annoncé lors de la présentation du PLF 2020, nous devrions avoir un niveau de réserves de changes fin 2019 d'environ 63 milliards de dollars. Quitte à me répéter, le PLF 2020 manque de cohérence. Comment dès lors peut-on émettre des hypothèses, loin de la réalité économique et sociale, baisse sensible des importations de biens et services, sans nous expliquer comment combler l'écart entre la demande et l'offre globale, une légère augmentation des recettes d'hydrocarbures, contredit récemment par le dernier rapport pessimiste de l'Opep et de l'AIE, pour conclure à un niveau de réserves de changes de 51,6 milliards de dollars fin 2020.
Comme le gouvernement a décidé dans sa loi de finances 2020 de ne plus recourir au financement non conventionnel qui aura avec un impact inflationniste certain à terme, du fait que l'Algérie n'a pas une économie productive diversifiée, où ont été injectés 45 milliards de dollars (25% du PIB estimé en 2018 à 180 milliards de dollars) sur un total prévu de 55 milliards de dollars. S'offrent plusieurs solutions dont je recense six: à l'endettement extérieur ciblé pour les segments à valeur ajoutée tout en assouplissant la règle des 51/49% mais devant distinguer les segments stratégiques des segments non stratégiques historiquement datés; -b-l'augmentation de la fiscalité ordinaire, mais risquant d'amplifier la sphère informelle qui contrôle selon les dernières données de la banque d'Algérie, environ 33% de la masse monétaire en circulation, 35/40% de la population occupée servant de tampon social, et plus de 50% des activités hors hydrocarbures, amplifiée par la crise politique actuelle; -c-l'augmentation de la production des hydrocarbures pour augmenter la fiscalité pétrolière en baisse; -d- la lutte contre la corruption et les surfacturations; -d- puiser dans les réserves de changes, la relance de l'appareil productif, mais dont l'effet n'est pas immédiat, sous réserve d'une autre politique économique; -e- le PLF2020 prévoit le dérapage du dinar, comme un des leviers pour ne pas recourir au financement non conventionnel avec un taux de change de 123 dinars pour un dollar pour 2020, 128 DA/dollar pour 2021 et 133 DA/dollar pour 2022. Cela signifie accroire artificiellement la fiscalité pétrolière calculée en dollars et les importations d'équipements, de biens intermédiaires aux entreprises et de biens finaux destinés à la consommation des ménages fonction du cours euro/dollar, accélérant le processus inflationniste, la taxe à la douane s'appliquant à un dinar dévalué, qui jouera comme un impôt indirect.
L'ensemble de ces données monétaires et financières doivent pour être bien interprétées s'insérer dans le cadre macro-économique et macro-social et toujours en dynamique. En effet, l'Algérie a besoin d'une vision stratégique qui fait cruellement défaut où selon les rapports internationaux, le pays risque de connaître une profonde crise économique avec des répercussions sociales, voire politiques. Comme en témoigne le taux de croissance lié au climat des affaires où l'Algérie selon le dernier rapport de la Banque mondiale 2019 est classée 157ème sur 190 pays, renvoyant à la mauvaise gouvernance, bureaucratie, corruption, système financier et système socio-éducatif non adapté, étant classée parmi les derniers pour l'innovation. Selon le FMI, le taux de croissance serait de 2,9% en 2019, 2,4% en 2020 et moins de 1% entre 2021-2024 en cas de paralysie de l'appareil productif dont la relance est fonction de profondes réformes structurelles, la Banque mondiale étant plus pessimiste dans son rapport du 9 octobre 2019 avec 1,3% en 2019 et 1,5% pour 2020, (le PLF 2020 prévoyant 1,8%,).
Le FMI prévoit un déficit budgétaire de 12,1% du PIB alors que le PLF 2020 prévoit un déficit du budget de -1.533,4 milliards de dinars (12,99 milliards de dollars) (environ -7% du PIB) et un déficit du Trésor de -2.435,6 milliards de dinars - 20,6 milliards de dollars (-11,4% du PIB). donc de vives tensions budgétaires.
Comment dès lors créer entre 350 000/400 000 emplois par an qui s'ajoutent au taux de chômage actuel nécessitant un taux de croissance de 8-9% par an sur 5-10 ans pour éviter de vives tensions sociales? Cela a un impact négatif sur le taux de chômage avec une population de 43 millions d'habitants au 1er janvier 2019, une population active d'environ 12,5 millions où selon le FMI,en raison du ralentissement du taux de croissance, dominée par l'impact de la dépense publique via la rente Sonatrach.
En conclusion, il est fort probable que le montant du niveau des réserves de changes annoncé par le ministre des Finances ne soit pas réalisé du fait tant des contraintes internes et externes, quitte à aller vers de vives tensions économiques et sociales, sauf miracle d'un cours du baril de plus de 85-90 dollars, l'économie algérienne en 2019, fonctionnant à un cours supérieur à 100 dollars selon les institutions internationales. Le futur président de la République et son gouvernement qui auront la légitimité populaire devront revoir évidemment cette loi qui ne colle pas avec la réalité économique, le modèle de consommation énergétique, par exemple pour l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, l'insérer dans le cadre d'une loi organique de la transition énergétique et de revoir la future politique économique dans le cadre d'une planification stratégique liant l'efficacité économique et la cohésion sociale et surtout résoudre la crise politique, grâce au dialogue productif, sans laquelle aucun investisseur sérieux ne viendra.


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