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«Ce qui s'est passé en Algérie est effrayant»
FLORENCE BEAUGE PRESENTE SON LIVRE
Publié dans L'Expression le 26 - 04 - 2006

Ce qui devait être une enquête sur la torture durant la guerre d'Algérie aboutit à une série de témoignages exceptionnels et poignants.
Venue en Algérie pour présenter son livre Algérie, une guerre sans gloire, Florence Beaugé se montre émue, effacée, presque éblouie par son propre travail. Vêtue d'une ample jupe à fleurs rétro et d'une chemise blanche, la mine sereine mais légèrement tendue, elle résume le travail harassant, éprouvant et finalement dangereux qu'elle a dû accomplir à son corps défendant, par cet ultime aveu: «C'est trop douloureux, trop dur, je ne souhaite pas aller plus loin et écrire un second livre sur la guerre d'Algérie. On ne sort pas totalement indemne de ces histoires. Il faut que d'autres prennent la relève».
Tout commence pour la journaliste par une quête anodine sur l'Algérie, et la guerre d'Algérie : Nous sommes à Alger en février 2000. Mme Beaugé, journaliste au Monde et spécialiste du Maghreb et du Proche-Orient, effectue ses premiers reportages pour le compte de son journal. Le destin la met sur les traces de Louisette Ighilahriz, une ancienne militante de la guerre d'Algérie.
Cette dernière tente, depuis 43 ans, de retrouver la trace de celui qu'elle appelle son «sauveur», le docteur Richaud. En cette terrible année 1957, l'activiste est entre les griffes de l'armée française qui lui fait subir une torture sauvage ponctuée de sévices sexuels. La question du viol est d'ailleurs tellement taboue dans la société algérienne que les victimes ont du mal, encore aujourd'hui, à l'évoquer. Surgit alors un certain Richaud, qui ordonne son transfert à l'hôpital et sauve ainsi la vie de celle qui a baigné pendant des jours dans ses propres excréments, son urine et son sang.
Le travail complémentaire de Beaugé la mène sur les traces de Le Pen, Massu, Aussaresses et Schmitt. De longs articles pour le compte du Monde font surgir le général Schmitt, qui l'attaque en justice pour diffamation. La journaliste se sent seule : on n'écrit pas en France pour accuser les anciens généraux de torture. Ses articles coïncident avec le premier passage de Bouteflika en France, et on fait vite de l'accuser d'être manipulée par les services spéciaux algériens. De guerre lasse, elle préfère même démissionner de son poste. Et c'est paradoxalement le général Massu qui la sauvera en reconnaissant aussitôt les faits qu'elle décrit. Le nom de Beaugé commençant à trop ressortir sur les pages de la presse, son beau-père Henri Beaugé perd, les uns après les autres, ses anciens compagnons de la guerre d'Algérie. Heureusement que j'étais alors au Monde, un journal de gauche modéré, sinon... J'étais sur le fil du rasoir avec de nouveaux procès contre le journal, mais j'avais l'appui de Plenel, qui continuait à me faire confiance et à publier mes articles et tout ce que je proposais sur le sujet de la guerre d'Algérie.
Beaugé commente un des passages les plus déroutants de son récit: le «poignard de Le Pen»: «En fait, c'était une gageure de me confier ce poignard détenu par la famille Bahriz. C'était une pièce de musée que son détenteur devait remettre au Musée de la Guerre, mais c'était aussi une pièce pour mon dossier contre Le Pen. J'ai hésité une année, et à trois semaines du procès, je me décidais à le faire entrer en France. J'utilisais une ancienne méthode des barbouzes et le mit entre deux livres bien enveloppé dans une feuille de plomb.
Manque de chance la supercherie fut découverte, mais après explication, les responsables de l'aéroport m'ont fait cet ultime geste de sympathie en me permettant de le prendre avec moi. Aujourd'hui, le poignard est dans le coffre-fort du journal Le Monde». Concernant son combat contre Le Pen, elle dit: «Dès que je me suis attaquée à lui, j'ai senti que je jouais gros, j'ai senti tout de suite le danger qu'il y avait à prendre pareil risque, et mon entourage a cherché tout de suite à me protéger».
Commentant les derniers développements de la guerre des mots entre Paris et Alger, Beaugé trouve carrément «navrants», «humiliants» et «déshonorants» les propos de Douste- Blazy.
«La France a construit des hôpitaux en Algérie, des routes et a fait des aménagements, mais elle a fait cela pour elle, pour ses ressortissants, pas pour les Algériens. On confond souvent entre protectorat et colonisation. Ce qui s'est passé en Algérie n'a aucune commune mesure avec ce qui s'est passé en Tunisie ou au Maroc. L'Algérie a souffert beaucoup plus». Mais enfin, les choses évoluent. «On assiste a des hauts et des bas, on avance et on recule, et je pense qu'aujourd'hui on est en phase de fermeture. Mais les choses évolueront certainement dans le sens d'au moins une reconnaissance des crimes commis en Algérie. Je lis sur les visages que c'est le minimum qu'exige le peuple algérien. Ce ne sera pas encore une repentance, mais cela viendra par la suite». Cinq années de recherches, d'enquêtes difficiles, de procès et d'allers-retours entre l'Algérie et la France. Au bout: non pas un livre, mais un authentique coup de gueule d'une journaliste en colère!


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