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Le casse-tête des subventions
Un des défis du nouveau gouvernement
Publié dans L'Expression le 19 - 06 - 2021

Plusieurs dossiers sensibles attendent le nouveau gouvernement supposant un système d'information performant en temps réel par la maitrise des nouvelles technologies de l'information dont l'intelligence artificielle, qui s'est totalement écroulée, ne permettant pas des prévisions réalistes, dont celui d'une nouvelle organisation institutionnelle et territoriale posant le problème de la refondation de l'Etat et une réelle décentralisation afin de lutter contre le pouvoir bureaucratique sclérosant, celui de la réforme du système financier n'a pas fait sa mue, coeur des réformes et enjeu de pouvoir, dans toute sa composante-douane-fiscalité, domaine, banques, le dossier de la transition énergétique et celui des subventions ciblées supposant la maîtrise de la répartition du revenu national par couches sociales renvoyant à la maitrise de la sphère informelle et enfin, dans le cadre des valeurs internationales pour le développement des sections hors rente, la dynamisation du partenariat public-privé et du secteur privé productif supposant l'amélioration du climat des affaires et la levée de toutes les entraves bureaucratiques. Or, avec les tensions géostratégiques et socio-économiques, l'Algérie a besoin d'actions concrètes, évitant de reprendre les mêmes études et des propositions datant de plusieurs années, voire de plusieurs décennies sans innover.
Différentes formes de subventions
Sans être exhaustif, je recense les différentes formes de subventions les plus connues. Les subventions du prix du pain, de la semoule et du lait. Bon nombre d'Algériens vivent dans la pauvreté se nourrissant essentiellement de pain et de lait, reflet de la fracture sociale Les subventions octroyées coûtent au Trésor public un différentiel qui reste mobile en fonction des fluctuations du prix d'achat de la matière première sur les marchés mondiaux. Toutefois, le Trésor public paie ce différentiel, quel que soit son niveau. -Les subventions des carburants et de l'électricité. L'Algérie est classée parmi les pays où le prix du carburant est le moins cher au monde. Mais conserver cette politique coûte de plus en plus cher. La différence du prix à la pompe avec les pays voisins fait que de grandes quantités de carburants traversent quotidiennement les frontières vers le Maroc et la Tunisie, sans compter les pays riverains du Grand Sud. Il en est de même du prix de l'électricité/gaz, avec une différence entre le prix aux ménages et les clients industriels Le niveau du prix du gaz concédé aux centrales est de l'ordre de 10% de celui qui correspond aux transactions internationales du gaz, une différence qui grève considérablement le budget de Sonelgaz, en déficit structurel depuis des années et en plus ce prix plafonné qui couvre à peine les coûts, de quoi décourager tout investisseur local ou étranger dans ce domaine. Pour les différentes unités pétrochimiques, aciéries, matériaux de construction fortes consommatrices de gaz, se pose le prix de cession pour éviter un transfert de rente -Les subventions de l'eau. Le problème de la tarification de l'eau se pose à peu près dans les mêmes termes que les carburants. Son prix de cession demeure faible malgré des coûts croissants (investissement additionnel) plus important pour l'eau dessalée qui nécessite de lourds investissements, problème aggravé par les déperditions du réseau de distribution (45 à 50% de pertes, en moyenne nationale), le différentiel étant payé par l'Etat-Les subventions de la santé. Pour le système de santé, les subventions supportées par l'Etat sont importantes, se soignant gratuitement dans les hôpitaux et une forte réduction pour les médicaments grâce à la carte Chiffa délivrée même pour les milliardaires. En comparaison où une clinique privée le coût d'une hospitalisation, celui d'un accouchement oscille entre 50000 et 70000 DA, plus de 100000 DA pour une césarienne et le montant est largement supérieur
pour des interventions pointues fluctuant entre 500.000 et plus de 1.000.000 dinars et plus pour certains cas. Pour l'aide à l'emploi où l'entreprise qui recrute, bénéficie d'importantes facilités financières et fiscales, d'importants abattements sur la cotisation de sécurité sociale à leur charge, non supportés par l'employeur et pris en charge par le Trésor public. Nous avons les allocations familiales bien que le montant soit très faible financées totalement sur le budget de l'Etat Autres subventions. Nous avons la charge financière du transport des étudiants, de la restauration et de l'hébergement des étudiants internes sans distinction ce qui se répercute sur la gestion des oeuvres universitaires comme les frais de la carte d'abonnement annuel du transport universitaire où le prix de la restauration, date des années 1970. Qu'en sera-t-il avec plus de 3 millions d'étudiants sans rappeler également les subventions à travers les oeuvres sociales des CEM et des lycées.
Nouvelle gouvernance
Grâce à l'aisance financière générée par le passé, cours élevé des hydrocarbures, les différents gouvernements de 1970 à ce jour, au nom de la paix sociale, ont généralisé les subventions. Or les réserves de change ont clôturé à 42 milliards de dollars fin 2020 contre 194 au 1er janvier 2014, devant terminer à environ 20 milliards de dollars fin 2021 étant impossible de continuer dans cette trajectoire de continuer à dépenser sans compter. En Algérie, de celui qui gagne le Snmg au chef d'entreprise nationale ou étranger, bénéficient des prix subventionnés, n'existant pas de système ciblé de subventions. Dans plusieurs rapports entre 2010/2019 la Banque mondiale fait remarquer qu'en moyenne dans le monde, 20% des plus riches bénéficient six fois plus que 20% des plus pauvres des subventions recommandant que les programmes d'aide sociale doivent être ciblés de manière à aider les ménages pauvres et vulnérables à y faire face. Pour l'Algérie, la même institution note que pour 2017 que les montants des subventions sous forme de comptes spéciaux du Trésor,, allouées au soutien de services productifs, à l'accès à l'habitat et aux activités économiques représentaient 14% du total des dépenses de l'Etat en dehors des dépenses de fonctionnement. Qu'en est-il pour les bilans de 2020 et 2021 où aucune mesure de fond n'a été prise depuis cette date? Les assainissements répétés aux entreprises publiques qui sont des subventions, ont coûté au Trésor public des dizaines de milliards de dollars, dont plus de 70% sont revenues à la case de départ, le ministre délégué chargé de la Prospective auprès du PM, ayant révélé courant janvier 2021, que l' 'Etat a alloué près de 250 milliards de dollars au secteur public marchand au cours des 25 dernières années.
La vision stratégique
Ainsi, se pose le problème de l'efficacité de toutes ces subventions sur le producteur local et sur le consommateur final. La mise en place de subventions ciblées suppose à la fois une large concertation sociale et un système d'information fiable au temps réel mettant en relief la répartition du revenu national et du modèle de consommation par couches sociales posant la difficulté de l'intégration de la sphère informelle (revenus informels). Les subventions généralisées entraînent avec un gaspillage croissant des ressources financières du pays faussent l'allocation rationnelle des ressources rares et ne permettent pas d'avoir une transparence des comptes. Les prévisions tant au niveau micro que macroéconomique, aboutissent au niveau des agrégats globaux (PIB, revenu national) à une cacophonie additionnant des prix du marché et des prix administrés. Ils découragent la production locale avec un gaspillage croissant des ressources financières du pays.
Il ne faut pas se tromper de cibles pour paraphraser les stratèges militaires. Il ne faut pas se focaliser uniquement sur les subventions, mais revoir la gouvernance actuelle pour plus de cohérence et de visibilité de la politique économique et sociale, une lutte contre la corruption et les surcouts. Ces montants sont de loin supérieurs au montant des subventions, sans compter le facteur essentiel du développement, le retour de la confiance de la population en ses institutions. Aussi, se pose cette question stratégique pour l'Algérie avec la chute du cours des hydrocarbures, l'Etat pourrait ne pas avoir les moyens de continuer à subventionner certains produits alimentaires, comme se pose actuellement l'alimentation des caisses de retraite pour 3,2 millions de retraités, plus de 700 milliards de dinars de déficits fin 2020 qui risquent l'implosion rendant urgent son unification pour des raisons d'efficacité et de justice sociale.
Or, les hydrocarbures traditionnels pourraient s'épuiser à l'horizon 2030 au moment où la population algérienne sera d'environ 50 millions d'habitants. Un rapport du ministère de l'Energie montre clairement qu'à cette allure, la consommation intérieure en énergie classique risque de dépasser les exportations actuelles horizon 2030. Alors que parallèlement nous assistons à une baisse drastique en volume physique où, selon le rapport d'avril 2021 de l'Opep la production algérienne en mars 2021 s'élevait à 870.000 barils par jour, soit une baisse de 8000 barils par rapport à la production moyenne de février, estimée à 878.000 barils par jour contre 1,2 million de barils/j entre 2010-2014 en n'oubliant pas que 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz dont le cours sur le marché libre entre 2019-avril 2021 fluctue entre 2,5 et 2,7 dollars le Mbtu contre 10/12 dollars entre 2008-2014, devant tenir compte des coûts de production. Car on peut découvrir des milliers de gisements non rentables fonction du coût y compris le transport, du vecteur prix international et du nouveau modèle de consommation énergétique mondial axé sur l'efficacité et la transition énergétique. L'instauration d'une chambre nationale de compensation indépendante, devrait permettre des subventions ciblées, par un système de péréquation intra socioprofessionnelle et interrégionale.
Mais cela dépasse l'aspect technique et implique forcément un réaménagement profond de la logique du pouvoir algérien reposant sur les forces sociales réformistes, animées par le secteur productif et son soubassement l'économie de la connaissance, loin du pouvoir les couches rentières tissant des relations dialectiques avec la sphère informelle spéculative. L'Algérie n'a pas besoin d'une multitude de séminaires, qui s'assimilent à de l'activisme, mais des actions sur le terrain car les études existent; il suffit de les réactualiser.
En résumé, les tensions sociales, à court terme tant qu'il y a la rente, sont atténuées artificiellement grâce aux recettes des hydrocarbures qui permettent des subventions et transferts sociaux représentant 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l'exercice 2021, mais mal gérés et mal ciblés, qui ne profitent pas toujours aux plus démunis et par la crise du logement qui renforce la solidarité familiale. Le ciblage des subventions que je préconise depuis 1992 suppose une large concertation sociale, un système d'information fiable en temps réel et une enquête précise sur la répartition du revenu national et du modèle de consommation, pour déterminer les couches défavorisées, tout en ne pénalisant pas les couches moyennes par un nivellement par le bas. Tout cela renvoie à l'urgence d'une nouvelle gouvernance dont une nouvelle politique salariale qui privilégie les producteurs de richesses et non les rentes.
*Professeur des universités, Docteur d'Etat (1974) en sciences économiques, expert international


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