Il y a 20 ans disparaissait l'ancien président du Conseil de la nation, Mohamed Chérif Messaâdia à l'âge de 78 ans à l'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Patron incontestable du secrétariat permanent du FLN, «El Amana Eddaïma», le défunt Messaâdia a régné en maître sur l'appareil du parti. Il avait fait toute sa carrière au FLN depuis la guerre de libération à l'indépendance du pays en 1962. Il avait dirigé le FLN de 1980 à 1988 avant de quitter la scène politique. En janvier 2001, il avait été nommé sénateur dans le tiers présidentiel avant de prendre la tête de cette chambre haute du Parlement, le 12 avril suivant, après l'éviction de Bachir Boumaza. Mohamed Chérif Messaâdia avait à son actif plus d'un exploit réalisé et accompli, pour certains, dans l'anonymat et le secret total. Contrairement aux critiques qui le ciblaient et les récits qui tentaient de l'accabler, feu Messaâdia était un homme très communicant et sociable. Il était l'un des rares puissants responsables de l'époque, à recevoir les ministres, les ambassadeurs et les hauts responsables de l'Etat, comme il pouvait accorder des audiences à des syndicalistes, des étudiants et autres citoyens anonymes. Les étudiants, à une certaine époque où l'université foisonnait sous les luttes partisanes, idéologiques et syndicalistes revendiquant davantage de démocratie et de participation dans la vie politique nationale, avaient les portes grandes ouvertes chez ce grand monsieur. Messaâdia accordait plus d'une audience aux mêmes groupes d'étudiants durant lesquelles, il agréait par sa générosité et son sens de l'hospitalité. Les délégués étudiants, subjugués par son talent et ses histoires au sujet de certains ambassadeurs occidentaux et les tentatives d'influence sur l'Algérie, à l'époque, répercutaient ses histoires durant les assemblées générales estudiantines. Un hommage lui sera rendu, aujourd'hui, à l'université de Souk Ahras baptisée en son nom. Né en octobre 1924 à Souk Ahras, il sera enrôlé, très tôt, dans la lutte armée et dans l'activité politique au sein du Mouvement national. Au lendemain des événements traumatisants du 08 mai 1945, il rejoindra les maquis, et en deviendra l'un des plus grands moudjahidine et leaders du front Est de l'Algérie. Il intégrera les rangs du Parti du peuple algérien PPA, avant de rallier le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques MTLD. Ayant poursuivi ses études à la mosquée Zitouna, en Tunisie, il rejoindra les rangs de la lutte armée en intégrant la base de l'Est. À l'indépendance il occupera plusieurs postes de responsabilité dont celui de ministre des Moudjahidine, 1979-1980. Par la suite, il se consacrera à la gestion politique du FLN, en sa qualité de secrétaire général et ce, de 1980 à 1988. Plusieurs personnalités du monde universitaire et politique, dont le sénateur et ex-ministre, Kamel Bouchama, apporteront leurs témoignages sur ce que fut ce grand commis de l'Etat.