La salle de lecture publique de Béjaïa a repris ses activités culturelles, après des travaux de restauration, suite au dernier tremblement de terre qui a secoué la région. Quoi de mieux pour se relancer dans les activités que d'accueillir deux manifestations dans la journée de samedi. Consécutivement, l'institution a été, dans la matinée, le théâtre d'activités du centre de documentation de l'histoire de Béjaïa, implanté de manière permanente au 1er étage de l'immeuble. Organisé à l'initiative de l'association Gehimab et sous la conduite du professeur Aissani Djamil, une très riche exposition sur l'histoire des mathématiques de Béjaïa a été ouverte au grand public. Elle comprend des pièces, des écrits et des manuscrits reflétant le caractère scientifique ayant marqué l'histoire de la ville de Béjaïa. Dans l'après-midi, l'espace conférence de la bibliothèque a été l'occasion pour l'auteur Allaoua Mouhoubi de présenter son deuxième ouvrage intitulé La lettre anonyme. Devant un public nombreux et très attentif, l'auteur a commencé, après les remerciements d'usage, par rendre un hommage très appuyé à Karim Younès, son préfacier. Il a, par la suite, exposé de façon limpide les différentes saynètes de son roman, qui se déroulent sur une terrasse de café baptisé au nom d'un arbre légendaire de la ville, le Jaboncillo ou l'arbre à savon, et autour d'un panel de politiciens locaux appelés, sous un néologisme «les idéologres» qui passent leur temps à déconstruire le monde, le pays et qui fabulent sur l'organisation d'un festival de la corruption locale, et ce, après avoir exorcisé le Diable qui rédige la lettre anonyme présenté comme un individu sans courage qui se méprise, dans un effet miroir, comme il est méprisé. L'auteur finit par déclamer un hymne à la probité, qui s'achève avec une note d'espoir pour une nouvelle Algérie en liesse et allégresse... Une première intervention qui s'est interrogée sur la nature du livre présenté et le lecteur visé a suscité un débat animé pour qualifier le style littéraire qui serait partagé entre le romanesque et l'essai pamphlétaire. Il faut relever aussi cette phrase d'un autre intervenant, spécialiste en droit, qui a qualifié la lettre anonyme comme une arme de destruction massive, laquelle est définitivement neutralisée par la décision emblématique du président de la République de faire du broyeur à papier sa seule destination finale. Interrogé sur les dysfonctionnements de la gestion locale dans une commune ayant accumulé une très longue expérience, l'auteur a résumé la situation par une inversion des rôles qui cause tous les dérèglements, à savoir que l'administration s'occupe de la politique et le politique devient l'administration. Une observation qui a suscité une approbation acclamée par l'ensemble des participants qui ont montré une sensibilité à la gestion des affaires de la commune. Un autre intervenant n'a pas manqué de suggérer la mise en scène du roman sous la forme d'une pièce théâtrale. La rencontre, fructueuse selon les présents interrogés, a été clôturée par une vente-dédicace dans une ambiance bon enfant. Il faut espérer voir renouveler ce genre de manifestations littéraires dans une ville d'histoire et de culture comme Béjaïa.