L'Algérien Rabah Hachichi, qui occupe actuellement le poste de directeur technique et stratégie à ACG Cybersecurity, revient, dans cet entretien, sur l'importance de l'application de la loi 18-07 du 10 juin 2018 relative à la protection des personnes physiques dans le traitement des données à caractère personnel, qui sera exigible aux entreprises et institutions traitant des données personnelles, à compter du mois d'août prochain. Une démarche non seulement louable, mais qui demeure une nécessité impérieuse. L'expert en la matière considère, dans ce sens, que «l'enjeu de la conformité est double, puisqu'il concerne les aspects juridiques et légaux, ainsi que la cybersécurité». L'entretien a été réalisé en marge de la première édition du CTO Forum, qui s'est tenue du 8 au 10 mai dernier, au CIC Abdelatif Rahal, à Alger. L'Expression: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs? Rabah Hachichi: Je suis consultant, auditeur et formateur en cybersécurité, de la résilience et de la protection des données. Pendant 15 ans, j'ai été responsable de la Sécurité des systèmes d'information (Rssi) au sein d'un groupe bancaire international à Alger. J'occupe actuellement le poste de directeur technique et stratégie chez ACG Cybersecurity à Paris en France, un cabinet français d'audit, de conseil et de gouvernance spécialisé en matière de cybersécurité. Mon expertise, acquise tout au long de ma carrière et depuis ma reconversion dans le domaine du conseil, me permet d'accompagner, avec mes collègues du cabinet, des entreprises françaises, européennes et africaines dans la sécurisation de leurs systèmes d'information, lors de leur transformation digitale. En plus de mes états de service, je suis également formateur en cybersécurité, cyber-résilience et protection de données au sein de notre centre de formation ACG Cyber Academy, situé sur le Campus Cyber, à la Défense, un lieu qui regroupe l'écosystème de la cybersécurité français, ainsi que dans diverses écoles et centres de formation en France et en Europe. Quel est le but de votre participation au Forum CTO d'Alger? Ce forum, à sa première édition, a été une belle opportunité pour les Algériens de la diaspora de renouer le contact avec l'écosystème informatique et cybersécurité algérien. Accompagnés de nos collègues, nous avons pu présenter aux entreprises et au public algérien, nos produits, nos services ainsi que nos disponibilités à apporter à l'entreprise locale une nouvelle vision, ainsi que l'expérience acquise outre- mer, dans le domaine de la cybersécurité et la protection de données à caractère personnel. Les rencontres ont été très riche en échanges d'expérience, de connaissances et d'opportunités de collaboration, espérant voir ce genre d'initiatives se multiplier à l'avenir, en Algérie ou ailleurs. J'ajouterai aussi que les organisateurs ont effectué un travail de qualité pour faciliter aux exposants et aux visiteurs la participation, que ce soit en termes de disponibilité de personnel qualifié et agréable ou sur les aspects logistiques où tout a été très bien planifié avant et durant l'événement. Pouvez-vous, justement, nous éclairer sur l'objectif assigné à la conférence que vous avez animée lors de ce rendez-vous ayant regroupé de nombreux acteurs des TIC? Nous avons jugé utile de présenter un point de vue externe et global sur la cybersécurité en Algérie. J'ai proposé le sujet: «Préparer les entreprises algériennes à se conformer aux exigences de cybersécurité et de protection de données du marché international», afin de souligner la nécessité de préparer les entreprises à se conformer aux exigences applicables sur les marchés qu'elles visent. Cette conformité doit être mise en oeuvre en même temps que celle applicable en Algérie. Nous avons également présenté les normes internationales de cybersécurité ainsi que la conformité aux exigences de protection des données personnelles, indispensables pour pénétrer les marchés étrangers. Lors de ce forum, l'actualité s'est également concentrée sur la conformité à la réglementation algérienne 18-07 sur la protection des données, exigible pour les entreprises et les institutions traitant des données personnelles en Algérie, dès cet été. L'enjeu de la conformité est double puisqu'il concerne les aspects juridiques et légaux, ainsi que la cybersécurité. Des mécanismes et des processus de protection de l'information doivent être mis en place. Chez ACG Cybersecurity, nous avons une expérience avérée dans l'accompagnement des entreprises européennes pour se conformer au Rgpd. Combinée à notre parfaite connaissance de l'écosystème légal et de la cybersécurité en Algérie, nous sommes ravis de contribuer à l'effort de conformité attendu par les entreprises locales. Quel avenir présagez-vous pour notre pays dans le domaine du numérique et de la cybersécurité? La première édition de ce forum a été une excellente occasion pour les Algériens de l'étranger de renouer le contact avec l'écosystème informatique et de cybersécurité algérien. Accompagnés de nos collègues, nous avons pu présenter nos produits, nos services et notre expérience acquise à l'étranger dans le domaine de la cybersécurité et de la protection des données personnelles aux entreprises et au public algériens. Les rencontres ont été enrichissantes en termes d'échange d'expériences, de connaissances et d'opportunités de collaboration. Nous espérons voir ce genre d'initiatives se multiplier à l'avenir, en Algérie ou ailleurs. Les organisateurs ont réalisé un travail de qualité pour faciliter la participation des exposants et des visiteurs. L'événement a été bien planifié, que ce soit en termes de disponibilité de personnel qualifié ou sur les aspects logistiques, avant et pendant l'événement. En somme, cette première édition a été une expérience positive pour nous et nous sommes convaincus que ce genre d'initiative peut apporter une grande valeur ajoutée à l'écosystème de la cybersécurité en Algérie et au-delà. Quel est le rôle de la diaspora en tant que matière grise algérienne pour accompagner l'économie du savoir et de la connaissance? La diaspora algérienne, à travers le monde, est très attentive aux besoins du pays et l'Algérie peut compter sur ses enfants afin de développer des expertises acquises sur d'autres marchés et pour ouvrir des opportunités sur les places internationales. En offrant des facilités en termes de déplacements, d'investissements et de souplesse dans les activités, le pays peut créer la confiance et donner un nouvel élan à une économie du numérique prospère pour tous. Nous sommes convaincus que la transposition de l'exemple du football, où l'Algérie a réussi à mobiliser ses enfants de la diaspora, peut s'appliquer avec autant de succès à des domaines stratégiques, tels que l'économie numérique. En effet, il est important de reconnaître le potentiel et les compétences de la diaspora (algérienne) dans le développement économique et numérique du pays. En encourageant la coopération et l'échange de connaissances, les Algériens de la diaspora peuvent contribuer au renforcement de l'écosystème numérique en Algérie, tout en bénéficiant de nouvelles opportunités d'affaires. Il est donc crucial que les décideurs et les entreprises créent un environnement favorable aux investissements et à l'innovation, tout en offrant des conditions attractives afin d'attirer les compétences et les talents de la communauté nationale à l'étranger. En travaillant ensemble, nous pouvons atteindre un avenir prospère pour tous. Un dernier mot peut-être? Pour conclure, je dirai que je suis convaincu que l'économie numérique en Algérie est sur le point de connaître un essor fulgurant, à l'instar d'autres technologies qui ont mis du temps à décoller dans le pays. Nous avons déjà vu cela se produire avec la téléphonie et les applications Web et je suis persuadé que l'économie numérique suivra cette même trajectoire. Il est temps pour l'Algérie de saisir cette opportunité en s'appuyant sur les compétences et l'expérience de sa diaspora, ainsi que sur les talents et les ressources locaux. Il faut mettre en place des politiques favorisant les investissements et la création d'entreprises innovantes, ainsi que des mesures de soutien à la formation et au développement des compétences dans les métiers du numérique. L'économie numérique est un secteur stratégique qui peut stimuler la croissance économique, créer des emplois et favoriser l'inclusion sociale. L'Algérie ne peut pas se permettre de rater cette opportunité. Il est temps de travailler ensemble pour faire de l'économie numérique un moteur de développement et de progrès pour tous les Algériens.