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Le rossignol chantant son quotidien
Allaoua Zerouki
Publié dans L'Expression le 05 - 07 - 2023

Connu pour sa célébrité malgré son bref passage dans le monde de la chanson, Allaoua Zerouki est né au village Akourma, commune d'Amalou (tribu d'Aït Aïdel située sur la rive sud de l'oued Soummam) le 05 juillet 1915 à onze heures du matin. Fils de Seghir Ben Rezki et de Azzoug Ouardia, son origine est du village d'Izarouken (Ath Ouaghlis), descendants du savant soufi Ahmad Zarrouk El Bernoussi qui était l'un des élèves de Sidi Yahia El Aïdli fondateur de la zaouïa de Tamokra. Son père était imam du village Akourma, il épouse Azzoug Ouardia et s'installe au village.
Eléments biographiques
À l'âge de cinq ans (1920-1922), il se rend à l'école coranique située à la zaouïa de Sidi Ahmed Ouyahia ou il apprend les rudiments de la langue arabe qui lui servent plus tard à transcrire ses poèmes et textes.
Ayant vécu son enfance au village, il accompagne et aide ses parents dans les travaux d'exploitation des terres. Il assure également la fonction de berger qui lui permettra de découvrir son penchant vers la musique. À 12 ans (vers 1927), il commence à confectionner lui-même des flutes avec des tiges de roseaux. Vers 1930, il quitte le village pour se rendre à Akbou, puis la ville de Béjaïa où il exerce le métier de coiffeur. Le hasard a fait que son lieu de travail est situé à proximité de celui de l'orchestre de Sadek Abdjaoui. Ce qui lui a permis de faire connaissance du maître de la chanson andalouse et de son orchestre qu'il suit régulièrement pendant les moments de répétition. Certains témoignages disent qu'il lui arrive d'abandonner son client pour se rendre à la salle de répétition. Tout en vouant une remarquable passion pour la musique, Zerrouki Allaoua continue son travail de coiffeur jusqu'aux années 40.
En 1942 et à l'âge de 27 ans, ses parents décèdent, il décide alors d'émigrer en France. Durant ces années de Seconde Guerre mondiale, il est embauché dans les mines au département du Gard, mais pour une courte durée. Ne pouvant supporter ce dur travail aux mines, il se rend à Paris où il exerce d'autres activités moins pénibles. À la fin de la guerre il effectue un séjour au village, puis il se rend de nouveau en France où il est recruté en compagnie de plusieurs jeunes du village à Péchiney (une entreprise d'aluminium, des métaux ferreux, de la métallurgie et de la chimie) qu'il quitte au bout de trois jours seulement pour rejoindre Paris et exercer son métier préféré de coiffeur jumelé avec sa passion pour la musique.
Natif d'une région rude et montagneuse Allaoua Zerouki a toujours aspiré à une vie citadine où il pourra vivre avec «brillance et élégance». Ses habits de luxe qu'il portait lors de ses fréquents retours au village et sa préférence pour le métier de coiffeur en sont la parfaite illustration de ce train de vie totalement différent de celui mené par les jeunes de sa génération. En 1950 il rentre au pays et demande au mariage une jeune fille (Nouara Azzoug) de la famille maternelle. Confronté au refus catégorique du père de la fille, «il avait fallu l'intervention appuyée du caïd Ben Ali Cherif...pour que le paternel consentit à la demande». Les noces sont célébrées vers 1951, le jeune couple déménage à Sidi Aïch après avoir vendu tout ce qu'il possédait. En 1953, il retourne en France avec son épouse et son fils Mohand Seghir. Nouara qui découvre l'existence d'une autre femme dans la vie de son mari rentre au pays en 1954 et demande le divorce qu'elle obtient à Akbou. En 1955 Allaoua Zerouki rentre également au pays et redemande la main de Nouara. La vie conjugale reprend le 26 décembre 1955 et donne naissance à leur fille Akila en 1956. Durant ces années de la Guerre de Libération nationale et après les quelques mois passés ensemble sans que son époux change de ses habitudes, Nouara décide de rentrer définitivement au pays et rejoint les rangs de l'ALN comme infirmière. À partir de la fin de l'année 1956 comme le souligne Rachid Mokhtari dans son ouvrage «Slimane AZEM, Allaoua ZEREOUKI chantent Si Mohand U Mhand», Allaoua Zerouki mène une vie de militant au sein de la Fédération de France du FLN et participe à plusieurs concerts en compagnie de Farid Ali, Megari Slimane, Arab Awzeleg et Amraoui Missoum au profit de la cause nationale.
Allaoua Zerouki a vécu douloureusement cette déchirure qui a marqué son répertoire. Il continue quand même son parcours artistique jusqu'au 17 novembre 1968 date à laquelle il s'éteint à l'âge de 53 ans à l'hôpital St André des arts à Paris des suites de séquelles de l'accident de voiture survenu sur l'autoroute de Marseille en compagnie de Dahmane
El Harachi. Les deux artistes se rendaient à Montpellier pour un gala artistique. Enterré au cimetière Thiais près d'Orly en banlieue parisienne, sa dépouille aurait été incinérée et ses cendres éparpillées dans «le jardin des souvenirs» selon le témoignage de la chanteuse Malika Domrane publié en 2012 et cité par l'écrivain Rachid Oulebsir dans une évocation consacrée à Allaoua Zerouki. D'après ce témoignage, «en 2002 le corps de l'artiste a été exhumé pour être incinéré...parce que personne n'a payé la concession pour une sépulture à vie». L'information a suscité beaucoup de réactions, notamment des artistes qui l'ont côtoyé et qui regrettent ce triste sort réservé à ce grand artiste nationaliste qui a porté haut et bien son identité et sa culture.
Parcours artistique
Bien que son premier disque est enregistré chez Pathé Marconi en 1948 (Tilifun Ssonni Ssonni, Lahbab El Youm kif Naamel), l'artiste a entamé son parcours artistique bien avant au village natal qui a vu la naissance d'une doyenne de la chanson féminine kabyle à savoir Lla Ounissa. De son vrai nom Kadim Hlima, elle constitue avec Lla Yamina le premier groupe de femmes introduites par madame Lafarge à la radio d'Alger (rue Berthezène) en 1938. Allaoua Zerouki a grandit dans ce berceau de rythmes de la flute du berger et du Bendir des chorales féminines «Urar lkhalath» ainsi que des instruments à cordes auxquels il a été initié par les musiciens Larbi Abdelouahab (violoniste) et Kadim Boudjemaâ (dit Bouhou). Sa première apparition sur scène a eu lieu au village Ikherchouchen en 1938 à l'occasion de la fête de mariage de l'un de ses amis musiciens. Plusieurs concerts ont été organisés également à Akbou, Béjaïa et Jijel ou à chaque fois, il fait preuve des qualités de sa voix et sa parfaite maîtrise de la guitare. Le chercheur Mehenna Mahfoufi (Docteur en ethnomusicologie de l'Université de Paris X-Nanterre) cité par Sadek Bala dans une étude intitulée «Le sujet de la séparation dans le répertoire chanté de Zerrouki Allaoua», présente Allaoua Zerouki comme un artiste qui a marqué son temps. Ce même chercheur énumère les qualités artistiques de Allaoua Zerouki en disant «Doté d'une voix remarquablement timbrée, juste et souple, et d'une technique de jeu de guitare incomparable, Zerrouki Allaoua a tenu une place à part dans le milieu de la chanson arabe et kabyle de Paris. Il a été l'ami et le compagnon d'un grand nombre d'artistes musulmans et juifs, Lili Labassi, Blond Blond et José de Suza notamment, avec lesquels il avait effectué maintes tournées artistiques (France, Allemagne, Algérie). Comme d'autres chanteurs kabyles, Zerrouki Allaoua, joue du mandole et de la guitare avec une parfaite maîtrise».
Rachid Mokhtari en se basant sur certains témoignages affirme également que «Allaoua Zerouki a introduit en pionnier la batterie et la guitare électrique dans son orchestre. Ce qui était encore inhabituel dans le genre musical kabyle de cette époque». Malgré qu'il soit illettré en français -Il notait les paroles de ses chansons en lettres arabes dont il aurait acquis les rudiments à la zaouïa Sidi Ahmed Ouyahia d'Amalou-. Ses fréquentations avec les grands artistes de l'époque tels que Mohamed El Kamal, Amraoui Missoum -considéré comme fondateur de la variété moderne algérienne kabyle, arabe et arabo-orientale des années 50 et 60-, l'ont utilement aidé à forger son genre musical propre à lui. Parallèlement à ces deux maitres de la scène artistique, il entretient de bonnes relations et d'échanges avec tant d'autres vedettes telles que Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Dahmane El Harrachi, Akli Yahiaten, Youcef Abjaoui, Sadaoui Salah, Farid Ali, Arab Awzeleg, Kamal Hamadi...etc. Certains de cette pléiade d'artistes ont participé avec lui dans l'animation de plusieurs tournées artistiques ainsi que des spectacles organisés dans des cafés appartenant à des compatriotes, notamment celui de Lahlou Oumessaoud situé dans le 12eme arrondissement, et appelé «café des Aït Oumalou».
En plus de ses tournées en France et en Belgique, Allaoua Zerouki a fait quelques apparitions en Algérie dont le gala animé à la salle Ibn Kheldoun (Alger) en 1966 clôturant ainsi une tournée organisée par l'Amicale des Algériens en France (organisation regroupant les émigrés algériens) à l'occasion du quatrième anniversaire de l'Indépendance nationale. Selon un témoignage de Kamal Hamadi, (10) ce gala auquel a participé Dahmane El Harrachi, Sadaoui Salah et Nora a été d'une réussite remarquable. Rachid Mokhtari dans son ouvrage «Slimane AZEM, Allaoua ZEREOUKI chantent Si Mohand U Mhand» parle également d'un spectacle animé à Alger 3 ans avant sa mort et qui a été filmé par l'ex-RTA, mais qui n'est jamais diffusé.

Mohamed Bedreddine


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