D'intenses combats font rage mardi à Khan Younès, principale ville du sud de Ghaza, au moment où le chef de l'ONU s'active en coulisses pour tenter de convaincre des donateurs échaudés de maintenir en pleine crise leur soutien à l'agence pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Au cours de la nuit, des témoins ont fait état d'attaques sionistes dans plusieurs secteurs du sud et du centre de la bande de Ghaza, et le Croissant-Rouge palestinien de tirs d'artillerie autour de l'hôpital al-Amal de Khan Younès. Le ministère de la Santé du Hamas a dénombré de lundi soir à mardi matin au moins 128 morts, dont des «dizaines» à Khan Younès, où la situation demeure critique dans les principaux hôpitaux locaux. En parallèle, les craintes d'une plus importante extension du conflit ont ressurgi après la mort de trois soldats américains tués en Jordanie dans une attaque de drones, imputée par Washington à des groupes de résistance, sur fond de tensions au Yémen, en mer Rouge, en Irak, au Liban et en Syrie... Et selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) des missiles sionistes ont visé dans la nuit «une base du Hezbollah libanais et des Gardiens de la Révolution», faisant huit morts, dans la banlieue de Damas. Trois Palestiniens sont tombés en martyrs sous les balles de l'occupant sioniste lors de l'incursion, hier matin, d'éléments de l'armée sioniste déguisés en médecins à l'intérieur de l'hôpital Avicenne de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, a annoncé le ministère de la Santé palestinien.»Trois palestiniens sont tombés en martyrs après que des soldats sionistes leur eurent tiré dessus à l'intérieur de l'hôpital Avicenne», écrit le ministère. Ces incidents coïncident, sans lien direct, avec une crise à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dont 12 de ses 30.000 employés régionaux sont accusés par Israël d'être impliqués dans l'opération du Hamas le 7 octobre. L'entité sioniste poursuit contre Ghaza une agression barbare qui a fait 26.637 morts, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents. Et la Cour internationale de Justice (CIJ) a appelé l'entité sioniste à empêcher tout acte de «génocide» à Ghaza. Aussitôt, les accusations contre l'Unrwa, 12 pays donateurs, dont les Etats-Unis, le Canada, l'Allemagne, l'Autriche, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, ont suspendu leur financement à l'agence. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, dont le pays est le premier bailleur de l'Unrwa, a jugé lundi «impératif» que cette agence enquête sur ces accusations tout en qualifiant son travail «d'absolument nécessaire». Les suspensions ont été vivement critiquées par les Palestiniens et des ONG. Le SG de l'ONU Antonio Guterres a réuni, dès mardi à New York, les principaux donateurs de l'agence pour tenter de maintenir son financement d'autant que la situation humanitaire dans la bande de Ghaza est critique avec en filigrane le risque de famine.»Son message aux donateurs, notamment ceux qui ont suspendu leurs contributions, est d'au moins assurer la continuité des opérations de l'agence», a déclaré lundi soir son porte-parole Stéphane Dujarric. Sans ce financement, «les perspectives pour l'Unrwa et les millions de gens qu'elle aide (...) sont très sombres» a-t-il ajouté. «Nous vivons de l'aide que nous apporte l'Unrwa. Si elle s'arrêtait, nous mourrions de faim et personne ne viendrait à notre secours», confie Sabah Masabih, 50 ans, à Rafah, ville à la pointe sud de la bande de Gaza où se sont réfugiés environ 1,3 million de Gazaouis. En marge des combats à Ghaza et de la polémique sur l'Unrwa, des tractations se poursuiventen coulisses — sous l'égide du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis — en vue d'une nouvelle trêve, après celle de novembre. Un cadre pour une trêve accompagnée de nouvelles libérations d'otages va être transmis au Hamas, a annoncé lundi à Washington le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abderahmane Al-Thani, faisant état de «progrès notables» lors d'une réunion dimanche à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et de hauts responsables égyptiens, israéliens et qataris. Selon le New York Times, le projet d'accord impliquerait une trêve de deux mois et la libération de tous les otages contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël, selon le New York Times.»Un travail très important et productif a été accompli», a déclaré lundi soir le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en ajoutant: «Il y a un réel espoir pour l'avenir». Mais le Hamas a redit hier négocier un «cessez-le-feu complet» en préalable à tout accord, selon un haut responsable du mouvement palestinien.»Nous parlons avant tout d'un cessez-le-feu complet et total et non d'une trêve temporaire», a déclaré Taher al-Nounou, haut responsable du Hamas, après une rencontre à Paris entre responsables américains, israéliens, qataris et égyptiens pour faire taire les armes dans le territoire palestinien. Une fois que les combats auront cessé, «le reste des détails pourra être discuté», y compris la libération de la centaine d'otages israéliens encore détenus à Ghaza.