L'armée sioniste bombardait hier la bande de Ghaza, y compris Rafah, au lendemain d'une décision de la Cour internationale de justice (CIJ) lui ordonnant de suspendre ses opérations. La plus haute juridiction de l'ONU - dont les décisions sont juridiquement contraignantes mais qui manque de mécanismes pour les mettre en oeuvre - lui a aussi ordonné de maintenir ouvert le passage de Rafah, essentiel à l'entrée de l'aide humanitaire mais fermé après le lancement de son opération terrestre, début mai. L'armée sioniste a lancé le 7 mai des opérations meurtrières au sol à Rafah et elles les a poursuivies sans arrêt, comme hier soir. Le Hamas a salué la décision de la CIJ - qui a également ordonné la «libération immédiate et inconditionnelle» des otages à Ghaza - tout en déplorant qu'elle se limite «seulement à Rafah». Dans la foulée, les bombardements sionistes se sont poursuivis dans toute la bande de Ghaza, notamment dans plusieurs quartiers dans l'est et dans le centre de Rafah. Un homme y a été tué hier matin, selon l'hôpital koweïtien de la ville qui a recueilli le corps.»Nous espérons que la décision de la Cour va mettre la pression sur l'entité sioniste afin de mettre fin à cette guerre d'extermination», a déclaré Oum Mohammad Al-Ashqa, une Palestinienne de Ghaza-ville, déplacée comme bon nombre des 2,4 millions de Ghazaouis. Tôt hier, des Palestiniens ont aussi fait état de frappes aériennes et de tirs d'artillerie à Khan Younès (sud) et dans plusieurs quartiers de la ville de Ghaza (nord). Des avions de chasse et des hélicoptères ont frappé le camp de Jabalia (nord) et des obus ont atterri près d'une centrale électrique au nord du camp de Nousseirat (centre), selon des témoins. L'armée sioniste a annoncé hier des «combats rapprochés» à Jabalia et «des affrontements et tirs de chars d'assaut» dans le centre. Son agression dévastatrice a fait au moins 35.857 morts, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé. La situation sécuritaire et humanitaire dans la bande de Ghaza est alarmante avec un risque de famine, des hôpitaux hors service et environ 800.000 personnes qui ont fui Rafah ces deux dernières semaines, selon l'ONU. L'hôpital koweïtien à Rafah a affirmé hier qu'il est désormais le seul dans la ville à recevoir des patients, appelant l'Organisation mondiale de la santé à «fournir rapidement le carburant nécessaire (...) pour qu'il puisse continuer de fonctionner». Hier, Rome a annoncé la reprise des financements en faveur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui coordonne la quasi-totalité de l'aide à Ghaza. «Les ordonnances de la CIJ, y compris celle portant sur l'arrêt de l'offensive de (l'occupant sioniste) à Rafah, sont contraignantes. Nous exigeons leur application», a écrit hier le ministre espagnol des Affaires étrangères, sur le réseau social X. «Cela concerne également le cessez-le-feu, (...) et l'accès à l'aide humanitaire. La souffrance des habitants de Ghaza et la violence doivent cesser», a-t-il ajouté. L'entité sioniste poursuit son agression dévastatrice contre la bande de Ghaza depuis le 7 octobre 2023, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat dans l'enclave palestinienne. Les attaques de l'occupant sioniste contre la bande de Ghaza et sa population ont provoqué le déplacement forcé d'environ 1,9 million de Palestiniens à l'intérieur de l'enclave assiégée, dont 1,4 million se sont réfugiés à Rafah. Plus tôt cette semaine, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait demandé l'émission de mandats d'arrêt pour des crimes présumés commis dans la bande de Ghaza contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense. Si le gouvernement sioniste a fustigé cette annonce, il a néanmoins ordonné à ses négociateurs de «retourner à la table des négociations pour obtenir le retour des otages», selon un haut responsable. Début mai, des discussions indirectes entre Israël et le Hamas, par l'entremise du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, n'avaient pas abouti à un accord de trêve associée à la libération d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Le chef de la CIA, William Burns, est attendu à Paris pour tenter de relancer les pourparlers sur une trêve et le président français, Emmanuel Macron, a reçu vendredi le Premier ministre du Qatar et les ministres saoudien, égyptien et jordanien des Affaires étrangères. Selon la présidence française, les dirigeants ont examinés comment «augmenter et approfondir leur coopération en matière d'aide humanitaire» et de la mise en oeuvre de la «solution à deux Etats».