C'est un sacré pari que le ministre du Commerce vient de lancer. Quadrupler pratiquement les exportations hors hydrocarbures en l'espace de moins de six ans. S'il parvient à le relever, la performance restera incontestablement dans les annales. Ce qui ne sera pas une sinécure, tout en demeurant toutefois du domaine du possible. Les ventes à l'étranger ne concernant pas le secteur pétro-gazier ayant, en effet, réalisé un boom remarquable depuis que le président de la République a lancé son appel pour les faire fructifier de façon significative. Il est impératif d'augmenter les «exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars, d'ici fin 2021», contre les 2 milliards de dollars actuels, avait déclaré Abdelmadjid Tebboune lors de la Conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle, qui s'est tenue en août 2020, soulignant que la dépendance quasi totale de l'économie nationale à la rente pétrolière «est fatale pour l'intelligence et l'esprit d'initiative». L'appel a été entendu. Une onde de choc qui a permis à l'Algérie, adossée à son secteur pétro-gazier qui assure au pays l'essentiel de ses revenus de dépasser le seuil fixé par le chef de l'Etat. L'Algérie a ainsi réussi à augmenter le volume de ses exportations hors hydrocarbures, depuis 2021, les portant à 7 milliards de dollars en 2022, contre 1,3 et 1,8 milliard de dollars contre moins de 2 milliards de dollars les précédentes décennies. « Ce chiffre est un miracle si on le compare au passé, puisque nous avons réussi, pour la première fois, à augmenter le volume des exportations de 1,7 milliard de dollars en 2019 à 5 milliards de dollars en 2021, puis à 7 milliards de dollars en 2022, soit une progression annuelle de 30% », avait fait remarquer le président de la République, il y a une année à peine lors de sa récente visite en Russie. Le pays ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. La barre est placée haut. Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations vise les 29 milliards de dollars d'ici 2030. Les premiers résultats de la politique nationale de promotion des exportations dans le cadre de la vision 2020-2030 ont démontré que plusieurs filières industrielles avaient obtenu des résultats très positifs dans la production et l'exportation, avec des prévisions que les exportations hors hydrocarbures atteignent 29 milliards de dollars à l'horizon 2030, a déclaré, lundi, Tayeb Zitouni lors d'un exposé présenté au chef de l'Etat qui a présidé la cérémonie d'ouverture de la 55e édition de la Foire internationale d'Alger. Joignant l'acte à la parole, le successeur de Kamel Rezig se lancera dans un argumentaire tenant la route pour convaincre que son annonce ne relève pas d'une simple vue de l'esprit. Il passera au crible les résultats obtenus en matière d'exportation de produits industriels. Ces derniers ont enregistré leur valeur la plus élevée en 2022, avec 6,2 milliards de dollars (+ 55 %). Il citera aussi les produits agricoles et les industries agroalimentaires, dont les exportations ont enregistré la valeur la plus élevée en 2023, avec 397 millions de dollars (+ 11 %), et les exportations des productions halieutiques ont réalisé leur valeur la plus élevée en 2023, avec 34,36 millions de dollars (+ 66 %). L'Algérie a cependant plus d'une corde à son arc. Elle peut en effet compter sur son industrie cimentière. Les chiffres sont éloquents. Les exportations algériennes de ciment qui ne dépassaient pas 60 millions de dollars en 2019, ont bondi pour atteindre 747 millions de dollars en 2023. Il faut rappeler que le boom des exportations dans le secteur du ciment s'est fait dans le sillage de la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d'interdire, en 2020, l'importation de matériaux produits localement. Ce qui a eu pour impact de dynamiser le secteur des matériaux de construction en général. L'Algérie a, à ce propos, exporté des matériaux de construction d'une valeur de 1,2 milliard de dollars vers différents pays du monde en 2023. Le meilleur est à venir…