Nicolas Maduro a été réélu président avec 51,20% des suffrages, selon le Conseil national électoral. Successeur désigné d'Hugo Chavez en 2013, le président du Venezuela Nicolas Maduro, considéré comme un syndicaliste sans envergure par ses détracteurs, a su se maintenir au pouvoir en dirigeant le pays pétrolier, remportant dimanche un troisième mandat de six ans. Grand, la moustache fière, l'ancien chauffeur de bus, 61 ans, rappelle fréquemment ses origines et aime cultiver cette image d'homme du peuple, simple et terre-à-terre. Il se plaît à évoquer le bon sens,, à parler de base-ball ou de ses soirées télé avec sa femme Cilia Flores, la «première combattante», ancienne procureure omniprésente sur la scène politique vénézuélienne. En le désignant en 2012 comme son héritier, un an avant sa mort, Hugo Chavez (1999-2013) avait loué «l'un des jeunes dirigeants ayant les meilleures capacités» pour prendre la tête du pays. Beaucoup l'ont sous-estimé. Il a su s'imposer face à ses rivaux au sein du Parti socialiste unifié (PSUV) dont il est le président. Il a également réussi à survivre à une crise économique sans précédent, les sanctions économiques, la pandémie. La propagande lui a consacré un dessin animé, où il est présenté en «Super-Bigote» (Super-moustache), super-héros «indestructible!» qui, tel Superman, défend le Venezuela contre les monstres et les méchants que sont les Etats-Unis ou des «opposants-saboteurs». Pour cette campagne électorale, Maduro s'est fait appeler «Gallo Pinto» (coq de combat), mettant en avant sa bonne forme physique en comparaison à celle de son adversaire Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans. Alliant discours politique pur et dur, blagues parfois lourdes et parenthèses personnelles, il sait tenir une foule en haleine. Intransigeant dans son discours anti-américain, M. Maduro sait aussi négocier. Il est ainsi parvenu à faire lever de novembre à avril des sanctions américaines alors que l'inéligibilité de la principale opposante Maria Corina Machado se confirmait. Il a aussi su obtenir la libération de deux neveux de Cilia Flores condamnés pour trafic de drogue aux Etats-Unis, et surtout en décembre d'Alex Saab, considéré comme un des principaux intermédiaires du Venezuela, incarcéré aux Etats-Unis pour blanchiment. S'il se dit toujours marxiste, il a soutenu la béatification par l'Eglise catholique de José Gregorio, le «médecin des pauvres», en 2021. M. Maduro se résume d'ailleurs ainsi: «Bolivarien (de Simon Bolivar, né au Venezuela et figure emblématique de l'émancipation des colonies espagnoles en Amérique du Sud), marxiste et chrétien». A titre de rappel, Le résultat est «irréversible», a annoncé le président du CNE, Elvis Amoroso, qui avait notamment déclaré inéligibles plusieurs dirigeants de l'opposition quand il était contrôleur des comptes avant de devenir président du CNE. Il fait partie des personnes sanctionnées par les Etats-Unis. Nicolas Maduro a reçu le soutien de ses alliés habituels: Cuba, Nicaragua, Bolivie et Honduras. Le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel, a notamment indiqué avoir appelé son «frère» Maduro pour le féliciter chaleureusement de son «triomphe électoral historique». La Chine qui entretient des liens étroits avec le Venezuela a félicité Maduro et s'est dite «prête à enrichir le partenariat stratégique habituel et à en faire bénéficier les peuples des deux pays», selon le porte-parole de la diplomatie chinoise Lin Jian.