Le Hezbollah a tiré des roquettes hier, vers Israël en représailles à d'intenses bombardements de l'armée sioniste sur des cibles du mouvement islamiste libanais, dont le chef a promis une «terrible» riposte à l'attaque spectaculaire qui a visé ses appareils de transmission. L'armée israélienne a annoncé, hier, qu'une soixantaine de roquettes avaient été tirées du Liban vers Israël. Le Hezbollah, de son côté, a revendiqué des tirs de roquettes sur six sites militaires israéliens. Dans le sud du Liban, des habitants de localités frontalières ont décrit des bombardements, la veille au soir, «d'une intensité jamais vue» au cours de l'année écoulée. Après la vague d'explosions mardi et mercredi, de bipeurs et de talkies-walkies à travers le Liban, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a assuré, jeudi, qu'Israël allait recevoir «un terrible châtiment». Le chef du Hezbollah a accusé Israël d'avoir «franchi toutes les lignes rouges», dénonçant un «massacre» pouvant constituer un «acte de guerre» ou même une «déclaration de guerre». L'attaque, survenue dans des places fortes du Hezbollah, en banlieue sud de Beyrouth, ainsi que dans le sud et l'est du Liban, a fait, en deux jours, 37 morts et 2 931 blessés. L'ONU et Washington ont mis en garde contre une «escalade» après cette opération sans précédent qui a encore ravivé les craintes d'un embrasement du Proche-Orient. Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir en urgence, hier, après cette attaque, qualifiée, par des experts en droits de l'homme mandatés par l'ONU, de «terrifiante» violation du droit humanitaire pouvant constituer des «crimes de guerre». Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait affirmé, mer- credi, que les «objets» civils ne devaient pas être «transformés en armes». Le président français Emmanuel Macron a adressé, jeudi, un message vidéo aux Libanais, leur assurant qu'un «chemin diplomatique existe». Mais jeudi soir, Israël a multiplié les raids aériens dans le sud du Liban, disant avoir visé notamment des systèmes lance-roquettes du Hezbollah et frappé «environ 100 lanceurs» et d'autres infrastructures «représentant environ 1 000 canons». Selon l'agence de presse libanaise Ani, l'aviation israélienne a frappé la région au moins 52 fois. «J'ai compté plus de 50 raids», a témoigné Elie Rmeih, un commerçant de la localité de Marjayoun âgé de 45 ans, dont la maison est située dans une zone exposée. «J'ai pris mes enfants et je suis allé chez un ami» pour les mettre à l'abri, a-t-il raconté, en décrivant «une scène terrifiante qui n'avait rien à voir avec ce que nous avons vu» depuis le début des échanges de tirs transfrontaliers entre le Hezbollah et l'armée israélienne, en octobre 2023. «Les bombardements d'hier soir étaient très étranges, par leur densité, les couleurs et la fumée qu'ils dégageaient», se souvient Zeina Harb, enseignante à Zawatar El Sharqiya. Elle raconte la «panique» qui s'est emparée des habitants depuis l'explosion des bipeurs, mais veut encore espérer «que la guerre ne s'étendra pas». La première vague d'explosions de bipeurs est survenue, mardi, peu après l'annonce par Israël qu'il étendait ses objectifs de guerre jusqu'au front Nord, c'est-à-dire la frontière avec le Liban, pour permettre le retour chez eux de dizaines de milliers d'habitants déplacés par les violences. «Vous ne pourrez pas ramener les habitants du Nord» chez eux, a rétorqué Hassan Nasrallah. «Le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu'à la fin de l'agression à Ghaza», a-t-il affirmé.