Bulletin vert pour le «oui», rouge pour le «non». Les Gabonais ont commencé à voter hier au Gabon sur la nouvelle Constitution, un peu plus d'un an après un putsch, sans effusion de sang, qui a mis fin aux 55 ans de règne de la dynastie Bongo. Venu voter dans une école de Libreville en tenue civile – veston marron sur jean clair –, le président de la transition, Brice Oligui Nguema, a déposé son bulletin puis apposé son index trempé d'encre rouge sur sa carte d'électeur. «Tous les Gabonais viennent voter dans la transparence (....) c'est une avancée énorme pour la transition», a-t-il dit à la presse après le vote. Pour que «le scrutin se déroule dans un climat de quiétude et de paix», les autorités ont renforcé le couvre-feu mis en place depuis le putsch qui l'a porté au pouvoir en août 2023. «Les horaires du couvre-feu sont réaménagés de 24h à 5h du matin durant toute la période du processus électoral» – soit deux heures plus tôt que le couvre-feu actuel qui commence à 2h –, selon le décret lu à la Télévision publique. Hier matin, les bureaux de vote ont ouvert à 7h, avec, dans certains centres, des retards liés à la distribution du matériel électoral. La Télévision d'Etat, Gabon 24, a, elle-même, décalé d'une heure son émission spéciale sur «le jour le plus attendu», en diffusant dans l'intervalle des reportages sur les activités du chef de l'Etat et des spots officiels sur le calendrier de la transition, devant aboutir, après l'adoption de la nouvelle Loi fondamentale, à la tenue d'une élection présidentielle en août 2025. Dans la matinée, des files de dizaines d'électeurs se sont formées devant les salles de classes accueillant les bureaux de vote du lycée Leon-Mba, sous l'œil des militaires et gendarmes chargés de la sécurité du scrutin. Au sortir des urnes, les premiers électeurs expriment leur satisfaction d'avoir «répondu à leur devoir civique pour valider un texte bien pour le pays», avec ses 173 articles. La campagne a été marquée par de vifs débats. Pour les médias locaux, le taux de participation est le principal enjeu de la consultation. Pour motiver les électeurs, le pouvoir a multiplié les appels au vote dans les médias, sur les réseaux sociaux et sur les panneaux d'affichage. À la dernière minute, deux jours de congés ont été accordés en amont du scrutin et des changements dérogatoires de bureau de vote autorisés pour «limiter les aléas liés aux transports et à la météo» en saison des pluies. Le projet de la nouvelle Loi fondamentale consacre, entre autres, un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel au pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre mais avec un vice-président nommé par le chef de l'Etat, et un pouvoir de dissolution de l'Assemblée nationale. Le projet de nouvelle Constitution impose au candidat à la présidentielle d'être exclusivement gabonais, né d'au moins un parent gabonais de naissance et marié à une personne gabonaise. Un alinéa non inscrit dans la liste des dispositions intangibles interdit au conjoint ou aux descendants du président de se porter candidat. Les 2 835 bureaux du pays doivent rester ouverts jusqu'à 18h (17h GMT), avant dépouillement et centralisation des résultats au ministère de l'Intérieur chargé, pour la première fois, de superviser le processus. Si la Constitution est adoptée, la prochaine étape sera la tenue d'une élection présidentielle, actuellement prévue en août 2025, pour mettre un terme définitif à la transition née du putsch du 30 août 2023.