Après l'euphorie des premières heures, lors de l'entrée à Damas des groupes rebelles sous la conduite de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), la Syrie commence à mesurer l'ampleur des difficultés et des menaces qui pèsent sur son avenir immédiat. Le pays a besoin d'une «aide humanitaire accrue», a soutenu l'émissaire de l'ONU, Geir Pedersen, les Nations unies estimant que plus d'un million de personnes ont encore été déplacées depuis l'offensive rebelle ayant entraîné la chute de Bachar al-Assad. «Nous savons tous que la Syrie a traversé une énorme crise humanitaire. Nous devons veiller à ce que la Syrie reçoive une aide humanitaire immédiate accrue pour la population en Syrie, et pour tous les réfugiés qui souhaitent rentrer. C'est extrêmement important», a déclaré Pedersen, dès son arrivée à Damas. Il a, en outre, ajouté que la mise en place en Syrie d'une justice «crédible» est nécessaire pour éviter les actes de «vengeance». «Nous avons besoin de voir qu'il y a une justice et des responsabilités établies pour les crimes commis. Et nous devons nous assurer que cela passe par un système judiciaire crédible, et qu'il n'y ait pas de vengeance», a-t-il ainsi souligné à l'adresse des médias. Tandis que le Premier ministre libanais appelle au retour des réfugiés syriens dans leur pays, les «responsables» américain, européens et arabes, réunis à Aqaba, en Jordanie, mettent l'accent sur la nécessité pour les nouvelles autorités de mener une politique «crédible et inclusive», à même de permettre à toutes les composantes de la Syrie de participer à la reconstruction du pays. Dans la foulée, la France annonce l'envoi d'une mission diplomatique demain à Damas, la première depuis 12 ans, afin d'«établir de premiers contacts» avec les nouveaux dirigeants. Les agressions sionistes s'intensifient avec des bombardements répétés des sites militaires et des instituts de recherche scientifique, à l'instar de ce qui a été fait en Irak où les sommités scientifiques avaient toutes été assassinées. Comme à son habitude, le gouvernement sioniste accueille avec un mépris total les critiques et les «condamnations» de la communauté internationale et poursuit sa stratégie expansionniste dans la zone-tampon du Golan où son armée est sommée de s'installer pour «tout l'hiver». Mais de quelle année, nul mot n'est dit. Le Hezbollah, qui a pris acte de l'impasse syrienne pour son approvisionnement en armement lourd, s'interroge, à juste titre, sur l'agitation suspecte qui entoure les changements d'une Syrie apparemment condamnée à sombrer dans la normalisation avec une entité sioniste plus enhardie que jamais dans un Moyen-Orient mis au pas par les Etats-Unis. En témoigne le propos du secrétaire d'Etat, Antony Blinken, qui presse le gouvernement irakien de «neutraliser» les groupes armés du Hach al-Chaabi, hostile aux agressions sionistes dans toute la région. Pour sa part, le Parlement arabe appelle à une action internationale «immédiate et urgente» pour mettre fin aux incursions sionistes dans le territoire syrien, incapable désormais de s'y opposer, comme l'a souligné le chef de HTS, Abou Mouhammad al-Jolani, redevenu pour la circonstance Ahmed Hussein al-Chareh.