Il y a eu la route de la soie. Celle du sel. On peut désormais rajouter celle de la drogue. Elle débute au Maroc. Le trafic de stupéfiants a gangrené le sommet de l'Etat du royaume, premier producteur et exportateur mondial de cannabis. L'affaire dite «Escobar du désert», qui concerne un réseau tentaculaire de trafic de stupéfiants à partir du Maroc, vient de l'attester. 23 responsables du Makhzen y sont impliqués. L'enquête suit son cours. Ce qui n'est pas sans conséquence. Des témoins sont soit menacés ou carrément éliminés pour empêcher que toute la lumière soit faite, révèlent les médias locaux, pointant un réseau tentaculaire de trafic de stupéfiants dont le point de départ se situe au Maroc. Des dizaines de personnes, dont l'ancien président du club de football du Widad de Casablanca, Said Naciri, l'ancien parlementaire Abdel Nabi Baiwi, tous deux condamnés, le 22 décembre 2023, pour le trafic de plusieurs tonnes de cocaïne et d'héroïne, et pour avoir soudoyé de hauts responsables de l'Etat afin de s'assurer leur protection, sont poursuivies dans le cadre de cette affaire. Il ne s'agit pas seulement d'une affaire de trafic de drogue, mais d'une histoire de réseau de corruption géant, dont les tentacules s'étendaient jusqu'aux plus hauts sommets du pouvoir, menaçant de faire vaciller l'Etat tout entier. Les enquêtes sont toujours en cours, mais elles font face à d'énormes obstacles, affirme le média qui a fait éclater l'affaire dans un article intitulé «Escobar du désert : le cauchemar sans fin». Un véritable scénario de roman noir où s'entremêlent corruption, éliminations physiques, intimidations et chantages. Certains témoins ont disparu dans des circonstances «mystérieuses» et d'autres ont reçu des menaces de mort. Des rumeurs circulent sur l'existence d'une «main invisible» qui entrave les enquêtes, soulevant des questions sur l'étendue de la corruption dans l'Etat, ajoute la même source. Une mafia, une organisation criminelle qui frappe, assassine sauvagement pour faire disparaître les preuves de ses méfaits et de ses accointances avec de hautes personnalités marocaines. Dans un développement récent et terrifiant, le corps d'un des enquêteurs principaux de l'affaire a été retrouvé (après avoir été) assassiné de manière brutale. Le corps était enveloppé dans un drapeau marocain, avec un message écrit en sang : «Ce n'est que le début», affirme la même source. Certains journalistes ont reçu des avertissements pour arrêter de couvrir l'affaire, tandis que d'autres ont disparu dans des circonstances mystérieuses, note-t-elle. Et si l'enquête vient à aller à son terme, elle va faire grand bruit car pas moins de 23 autres noms, dont des officiers de sécurité de haut rang et des responsables gouvernementaux, sont soupçonnés d'être impliqués dans la protection du réseau de ce trafic. Certains de ces responsables étaient considérés comme des «héros» dans la guerre contre la drogue, mais ils se sont transformés en traîtres travaillant pour l'ennemi, écrit sous le sceau de l'anonymat le journaliste auteur de l'article. Mais la surprise choquante a été la découverte du «Dossier noir», un document secret contenant les noms de personnalités internationales impliquées dans l'affaire, y compris des responsables européens et des entreprises multinationales, poursuit-il. Il se peut que ce réseau utilisait le Maroc comme plaque tournante pour le trafic de drogue vers l'Europe et l'Afrique, se demande-t-il. L'affaire semble, en tous les cas, avoir un impact aussi bien sur la société marocaine que sur la classe politique du pays. «La rue marocaine est en colère. Les gens ne font plus confiance à leurs dirigeants, et des mouvements de protestation commencent à émerger, exigeant que tous les impliqués, y compris les hauts responsables, soient tenus pour responsables», constate la même source. Ce scandale a également révélé une faille profonde dans le système politique marocain. Certains partis politiques ont perdu leur crédibilité, conclut-elle. Le royaume est vraisemblablement sur une poudrière…