Il a tenté de donner une touche au mouvement qu'il préside. Mahfoud Nahnah, aujourd'hui, est l'une des figures les plus en vue de l'islamisme politique en Algérie. Né le 23 janvier 1942 à Blida, Nahnah, détenteur d'une licence en lettres arabes et en psychologie industrielle, a toujours tenté de s'adapter aux conjonctures présentes en leur présentant le profil idoine. Nahnah, depuis les années 70, était membre de l'Internationale islamiste, le mouvement des Frères musulmans. Il a même été interpellé en 76 et condamné à 15 ans de prison pour avoir scié des poteaux électriques. Octobre 88 le rattrapera en prison et ne le ratera donc pas, puisqu'il sera libéré à la faveur des nouvelles donnes politiques apparues à la faveur de ces événements. Partisan, depuis, d'une mouvance islamiste unifiée et non partisane, Nahnah était l'un des membres les plus influents de l'association El-Irchad Ou El-Islah où étaient présents Abassi Madani, Mohamed Bouslimani, Mohamed Saïd et Ahmed Sahnoune. Mais, en février 89, il sera pris de vitesse avec la naissance du FIS. Son dépit ira même en s'accentuant avec la victoire écrasante de ce parti aux locales de 90. Nahanh se résout, donc, à créer son propre parti, le mouvement Hamas. Afin de se distinguer de l'extrémisme religieux et autre du FIS, il donne un cachet tout particulier à son parti, oeuvrant à briser des tabous et à démystifier l'islamisme politique. Il a, par exemple, attaqué les tristes accoutrements des militants du FIS en affirmant que si le Prophète (QSSL) vivait encore, il s'habillerait en alpaga. Cela ne l'a pas empêché d'échouer lors des législatives avortées de 91 même s'il n'a jamais caché sa répulsion pour le FIS par le fait que ce parti a fait voler en éclats des dizaines d'années de travail de proximité et de «daâwa» pratiqué par le mouvement des Frères musulmans. Nahnah, développant une vision propre à lui, a résolument opté pour l'entrisme politique depuis la fin de la phase de transition et l'élection du Parlement de 97 où il a, enfin, pu s'imposer en y décrochant la bagatelle de 60 sièges. La fin de la traversée du désert ne s'est, toutefois, pas arrêtée. Même si le MSP a accepté de jouer le jeu jusqu'au bout, et même si sa candidature à la présidentielle de 95 avait beaucoup fait pour crédibiliser la légitimation du Président Liamine Zeroual, Nahnah a été empêché de se représenter en 99 pour une raison pour le moins humiliante, celle de sa non-participation à la Guerre de libération nationale. Il n'en a pas moins accepté, après une très éphémère protesta, de reprendre sa place dans la coalition gouvernementale et même, quand il était invité tout récemment de notre rédaction, de confirmer officiellement le soutien de son parti à un second mandat du Président Abdelaziz Bouteflika. En attendant, Le MSP de Nahnah a mis le paquet dans cette campagne et espère en décrocher le gros lot. Il ne s'en cache pas et juge même que ce ne serait que justice que ses dizaines d'années de combat soient enfin récompensées comme il se doit...