Le président de ce club fait montre d'une farouche volonté malgré les difficultés de la tâche. C'est un président plein de la volonté de bien faire et de fougue qui s'est confié à notre journal au moment où son club égrène les victoires. En même temps, Mohamed Arezki Sebti refuse, par modestie sans doute, de tracer des objectifs prétentieux pour son club. L'Expression: Depuis plusieurs semaines, votre club enregistre une série de victoires inédites. Pouvez-vous nous dire quel est le secret de ce succès? Mohamed Arezki Sebti: Je pense qu'en première position, on peut parler de la discipline qui prévaut au sein de nos rangs. Mais il y a aussi le fait que nous jouons pour l'honneur. Une victoire est pour nous synonyme de beaucoup de choses. C'est maintenant ma quatrième année à la tête du club et nous avons de tout temps joué de cette manière. Il n' y a pas de recette miracle. Il y a juste la volonté et le sérieux. Pourtant, votre club est totalement dépourvu de moyens... Effectivement, nous fonctionnons vraiment avec les moyens du bord. Nous n'avons ni stade ni aire de jeu. Nous nous entraînons sur une piste agricole qui a toutefois été bitumée dernièrement, fort heureusement. Mais l'absence de moyens n'a pas constitué un énorme blocage pour nous parce que nous avons jugé et apprécié les autres clubs évoluant dans la même division que nous. Nous avons conclu que nous pouvions être à la hauteur. Ces clubs ne nous dépassent en rien. Il n'y a pas lieu donc d'avoir de complexe. Qu'en est-il sur le plan des effectifs? Concernant ce point au juste, nous n'avons absolument rien à envier aux autres clubs. Cette année, notre équipe a été renforcée par trois joueurs qui sont de la région mais qui évoluaient dans d'autres clubs. Je dois toutefois déplorer un problème à ce sujet: beaucoup de nos joueurs sont des étudiants et il leur arrive de ne pas pouvoir être disponibles pour participer à tous les matchs, particulièrement ceux disputés les lundis. Peut-on connaître vos objectifs pour la saison en cours? Franchement, notre unique but consiste à créer de l'animation dans nos villages souvent rongés par la morosité. Nos objectifs sont de permettre aux jeunes de sortir, de leur offrir des loisirs, des échanges, se connaître...Depuis l'existence de Multisports d'Aït Abdelmoumen, l'objectif recherché, c'est d'assurer une animation saine et permanente à nos jeunes. C'est un vrai bonheur pour nous. Peut-on savoir d'où provient le peu de moyens dont dispose votre club? Nous avons juste l'apport de l'Assemblée communale de Tizi N'Tleta dont je suis élu. Nous essayons difficilement de mettre de côté entre 10 et 15 millions par an au profit du club. Nous dépensons annuellement entre 30 et quarante millions. Cette somme minime est juste utilisée pour couvrir les frais vraiment indispensables. Fort heureusement, nous ne contractons jamais de dettes. Nous dépensons en fonction de nos moyens. L'Assemblée populaire de wilaya nous octroie de son côté entre 5 à 6 millions par année. En plus des aides que nous recevons de quelques particuliers qui nous achètent de temps à autre des tenues, des ballons et des baskets. A cause du manque de moyens, quand nous sommes en déplacement, nos jeunes des petites catégories prennent des repas froids. Malgré cela, les résultats sont souvent positifs. Quand nous jouons localement, les jeunes prennent le déjeuner chez eux. Que pensez-vous de la nouvelle circulaire ministérielle exigeant le niveau secondaire aux présidents de club? Notre souhait est que le ministère surseoit à l'application de cette circulaire car la saison est entamée depuis des mois. Des présidents ont travaillé et ont dépensé de l'argent. Il faut donc les laisser terminer leur tâche. Par ailleurs, on s'interroge pourquoi cette mesure n'est applicable que pour nous. Il y a des présidents de club de première division qui n'ont pas de niveau. Il y a même des ministres et des députés auxquels aucun niveau minimal n'est imposé. Pourquoi spécialement nous? En tout cas, notre souhait reste que cette mesure soit annulée. Nous avons tenu une réunion avec le directeur de wilaya la jeunesse et des sports et le premier vice- président de l'Assemblée populaire de wilaya à ce sujet. A l'issue de cette réunion, l'espoir est permis.
