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«On pensait que c'était le jugement dernier!»
HAMID AHMED EL HADJ, RESCAPE DES ESSAIS NUCLEAIRES FRANÇAIS
Publié dans L'Expression le 28 - 02 - 2009

Ce témoin de 72 ans, revient sur ce drame, «un crime contre l'humanité» qui a fait trembler la terre ce jour-là...
L'Expression: Pourriez-vous nous raconter ce qui s'est passé en ce jour du 13 février 1960?
Hamid Ahmed El Hadj: Le 13 février 1960, lors de la première explosion, j'avais 23 ou 24 ans. Les autres explosions n'étaient pas aussi fortes! J'étais secrétaire du capitaine chef dans la région d'Aoulef. Si je ne me trompe pas, Aoulef, c'est à l'ouest de Reggane, qui se trouve à vol d'oiseau, à 140 kilomètres des points de tirs. Dans la commune d'Aoulef, on a obligé toute la population à s'enfermer dans des pièces tellement bien fermées, colmatées avec de l'argile pour éviter que la lumière, tellement forte, ne vienne nous aveugler. Quand l'explosion a eu lieu, la dimension d'un chas d'une aiguille a laissé passer assez de lumière pour pouvoir ramasser une épingle par terre! C'était si fort! Quoi penser des nomades, des gens qui étaient dehors, qui regardaient? On m'a rapporté que beaucoup parmi eux sont devenus aveugles. Il y en a eu après, mais celle-là nous a vraiment affolés. Après cette explosion, comme le bruit ne va pas aussi vite que la lumière, quelques minutes après, le souffle arriva, évidemment on pensait que c'était la tempête, le jugement dernier, la fin du monde. C'était quelque chose d'effroyable, je ne peux vous exprimer la chose, la force que cela avait. Beaucoup de femmes ont eu peur, certaines ont fait des fausses couches à cause du choc. Le lendemain, le capitaine m'avait dit que les gardiens avec leur matériel de détection qui étaient à cinq kilomètres de l'explosion avaient péri. Le lendemain matin, il est revenu, pour me dire que c'était une fausse nouvelle. Que si jamais je racontais cela, je ne sais ce qui pourrait m'arriver. On m'a interdit de dire qu'il y avait des morts. Et pourtant c'était des militaires français. Depuis, c'est le silence. Les militaires veulent nous faire croire qu'ils étaient pacifiques et que rien ne s'est passé. La vérité reste à connaître.
Doutiez-vous un peu de ce qui allait arriver?
Nous avions peur, car nous avions une dizaine de camions militaires postés à côté, prêts à évacuer les populations. On s'est dit puisque rien ne devait se passer, pourquoi tous ces camions? Il se sont fiés à la météo, selon laquelle le nuage n'allait pas passer à côté de nous. Donc, ils n'ont évacué personne. Pourtant, il y a un village qui se trouve à 40 kilomètres, au sud d'Aoulef. Il paraît que ce nuage s'est même déposé en Libye.
Aujourd'hui, 40 ans après, vous vivez toujours à Aoulef...
Oui, je vis jusqu'à présent à Aoulef. Je suis à la retraite depuis 1997. Quand les militaires avaient fait leur essai nucléaire, ils nous avaient certifié qu'il n'y aurait pas de radioactivité, et qu'elle disparaîtrait même. Mais maintenant, on commence à remarquer des séquelles parmi la population, les jeunes, et beaucoup plus de cancers. Mais cela n'est pas de mon ressort, plutôt des médecins et techniciens qui peuvent mieux en parler. Je n'ai rien attrapé jusqu'à présent, mais qui sait...
Combien d'Algériens ont travaillé sur ces chantiers?
Des milliers d'Algériens, venus d'Adrar, d'In Salah, d'Aoulef, de Reggane. Ils travaillaient sur le chantier depuis 1958. Le jour de l'explosion, on ne les a pas laissé s'approcher du chantier. On les a emmenés beaucoup plus loin. Sur la zone de tir, il ne restait que les techniciens et militaires français. Maintenant, tout le monde dit que la radioactivité a touché pas mal de jeunes car elle libère des particules qui couvent pendant longtemps dans le corps. La population étant pauvre, elle s'est servie des morceaux de tôle contaminés utilisés dans la construction des toits des maisons. Certains ont emporté des chaises, des armoires chez eux. On ne peut pas dire qu'on n'a pas été touchés.
On ne mesure pas encore l'ampleur des dégâts à Aoulef..
Tout le monde dit que notre agriculture n'est plus aussi productive qu'avant, à cause de la bombe atomique. Mais on ne connaît pas vraiment les raisons. Reste aux journalistes, aux spécialistes d'aller sur place. Je ne comprends pas pourquoi, M. El Baradaï qui dirige l'Agence internationale de l'énergie atomique, passe son temps à se rendre en Iran et ailleurs, pourquoi ne vient-il pas à Reggane pour analyser la chose? C'est tellement politisé qu'on n'attache pas beaucoup d'importance à cette pauvre population qui n'a aucun pouvoir pour faire quoi que ce soit...C'est à vous de faire le maximum, de faire en sorte que cette histoire soit connue sur la scène mondiale, c'est pourquoi je remercie monsieur Benchiha. Ça, je crois que c'est le premier pas. Faites ce que vous pouvez faire pour montrer que cette population n'est pas délaissée, qu'elle n'est pas seule, qu'il y a des gens derrière..


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