Désormais, seul un miracle pourrait encore sauver cet opérateur du Krash définitif. A en croire des sources proches de l'opérateur algérien de la téléphonie mobile, une décision vient d'être prise au plus haut niveau pour bloquer à partir de lundi dernier les comptes de Djezzy en Algérie. Cette procédure, parfaitement normale en cas de faillite financière, d'insolvabilité ou de plaintes d'un créancier, a concerné tous les comptes détenus par la filière algérienne d'Orascom au niveau de la Badr et de la Bcia. Cette banque étrangère, qui a des succursales en Algérie, s'occupe surtout de gérer le transit et le transfert des devises. Cette décision, qui vient annoncer officiellement la faillite de Djezzy, confirme également que seul un miracle peut encore redresser la balance. Les entreprises et les banques publiques ont toutes refusé de renflouer les caisses vides de Djezzy après avoir constaté l'insolvabilité chronique de cet opérateur. Ce dernier a atteint le goulot d'étranglement financier une fois intervenue l'échéance pour le paiement à l'Etat algérien de la seconde tranche des redevances, due en contrepartie de l'utilisation de la licence GSM en Algérie. Cette somme, rappelons-le, s'élève à la bagatelle de 500 millions de dollars. Le P-DG d'Orascom, M.Sawiris, apprend-on de mêmes sources, se trouvait hier à Paris. Il y a finalisé le contrat de vente de 70 % des parts de Djezzy à l'opérateur de téléphonie mobile espagnol Telefonica. Cette démarche constitue, estiment les observateurs, l'ultime chance de Djezzy d'éviter de mettre la clé sous le paillasson, et même de subir des poursuites judiciaires lourdes de conséquences publicitaires et financières pour non-satisfaction d'un cahier des charges clairement détaillé dans l'avis d'appel d'offres lancé par le ministère des P&T en 2000. Outre le paiement de cette seconde tranche, les opérateurs espagnols, qui devraient prendre incessamment le contrôle de Djezzy, vont, sans doute, oeuvrer à améliorer le réseau plus que défaillant de cet opérateur, un réseau qui est loin de répondre aux nombreuses promesses faites par les dirigeants de cette entreprise sans pouvoir être honorées. L'on croit même savoir que le système des facturations, tant décriées par les abonnés de Djezzy, sera, lui aussi, révisé afin de répondre aux besoins des citoyens qui ont opté pour cet opérateur une fois bloquées toutes les voies de recours en vue d'obtenir une puce d'Algérie Telecoms. Orascom, pour sa part, nous a adressé, hier, un démenti dans lequel il affirme qu'aucune opération de vente n'a été conclue. Un démenti qui prête à penser que les négociations n'ont pas encore abouti et que les dirigeants d'Orascom craignent de voir foirer ces négociations de la dernière chance. Djezzy, qui est loin d'avoir subi tous ses déboires, peut fort bien voir échouer son programme de lancement des cartes dites Preped, comme il en existe un peu partout dans le monde et qui fixent à l'avance la durée de la communication accordé, à chaque client. Cette opération, rappelons-le, est prévue pour l'été prochain. Or, les cinq fournisseurs d'Orascom, jugeant leurs commissions trop faibles, mais aussi craignant pour la solvabilité de leur client, auraient tous émis l'option de se retirer avant même le lancement de cette opération. En tout état de cause, il devient de plus en plus certain que le sort de Djezzy, et peut-être celui de la téléphonie mobile en Algérie, est en train de se jouer en ce moment même.
